Pour plusieurs parents, guérir leur enfant lorsqu’il est malade consiste à chercher à le débarrasser d’un symptôme.
Certains ont déjà beaucoup lu sur les différentes approches douces, alternatives, intégratives et complémentaires que sont par exemple l’ostéopathie, l’homéopathie, l’herboristerie, l’acupuncture, la kinésiologie, etc. Selon une étude, 50% de la population québécoise a essayé au moins l’une de ces approches et constaté la qualité des soins qu’elles proposent de même que les résultats surprenants qu’elles permettent.
En arrivant dans mon bureau, des parents ont parfois en tête un but très précis, par exemple dénicher le bon élixir floral pour le faire dormir, pour apaiser ses coliques ou faciliter sa poussée dentaire. Certains viennent pour des raisons plus graves comme un cancer, de l’hyperactivité ou de l’autisme. Bien sûr, voir souffrir son enfant est atroce, et si l’on y ajoute le sentiment d’impuissance que vivent les parents jour après jour, cela devient carrément insupportable. Suite à une consultation avec moi, je suis tellement heureuse lorsque les parents me téléphonent pour me dire que les symptômes sont disparus. Mais…
Mais… je crois qu’il ne faut pas chercher à faire disparaître un symptôme coûte que coûte, justement parce qu’il en coûte quelque chose. Oui, je veux moi aussi que la souffrance du bébé disparaisse, mais pas avant qu‘elle n‘ait livré son message. Parce que celui-ci est crucial et qu’il peut jouer un rôle très important pour le présent de votre enfant, pour vous et votre famille dans le futur. Ou, un message livré par un symptôme peut vous apporter tant que cela!
Si ce symptôme est la voie qu’a privilégié l’Être pour s’exprimer ou parler d’un besoin essentiel non comblé, c’est que jusqu’à ce moment-là, votre enfant n’a pu le faire autrement. Je ne propose pas ici que l’on s’incline devant la maladie, mais plutôt qu’on l’utilise. Eh oui, on peut travailler en collaboration avec elle! Un enfant ne se fait pas souffrir pour rien ni par hasard. Donner la parole au symptôme revient à honorer cet effort de l’Être. Sa souffrance n’aura pas été vaine si on l’a écoutée et si on est passé à l’action. Bien sûr, j’espère que vous aurez compris qu’il n’est pas question ici de laisser souffrir un enfant sans rien faire.
Honorer la voix de l’enfant, c’est respecter le symptôme qui, pour l’instant, est sa seule façon de se faire entendre. Bien souvent, à ce si jeune âge, les maux remplacent les mots qu’il n’a pas. Respecter le nourrisson ne signifie aucunement ne pas toucher au bobo, mais plutôt s’en occuper de la bonne façon. Ce que le symptôme dit est important à accueillir et à comprendre. Le signal peut même être parfois très tenace, et il a sa raison pour s’accrocher ainsi. Je comprends la souffrance d’un bébé et de ses parents, et je veux faire tout mon possible pour y mettre fin, mais pas en ayant en tête de se débarrasser du symptôme. Ce serait jeter à la poubelle un outil essentiel à la guérison. Cela équivaudrait ni plus ni moins à affronter un ennemi les deux mains attachées dans le dos, un bandeau sur les yeux!
Bien sûr, lorsqu’il s’agit d’un symptôme qui met en jeu la vie ou la santé de l’enfant ou s’il est douloureux, on agit rapidement. Les médecins et les urgences des hôpitaux sont là pour ça. Ils savent si bien intervenir sur le symptôme lui-même, surtout s‘il est en phase aiguë. Ils sont experts pour travailler au premier niveau de la personne, sur l’expression extérieure physique du mal-être, sur la surface du corps. Mais on peut laisser intervenir le système médical de cette façon sur le symptôme tout en gardant à l’esprit simultanément l’importance de comprendre ce qui se passe vraiment, dans les profondeurs de l‘Être et s’y pencher un peu plus tard, l’urgence passée. Il ne faut pas perdre de vue que la PAB® (La Parole Au Bébé) est une approche qui se veut être complémentaire et intégrée dans un ensemble d’autres soins et non les remplacer.
« Le point aveugle de notre médecine, c’est qu’elle est d’une redoutable efficacité au niveau de la réduction des symptômes. Elle sait traiter, et parfois supprimer les causes, sans entendre que les symptômes, les manifestations d’une maladie, sont des langages. »1 Est-ce vraiment notre souhait de ne soigner le tout-petit qu’en traitant sa surface? Est-ce notre désir de ne voir en ses symptômes que des défauts à éliminer et des erreurs à corriger?
Jacques Salomé parle d’une « redoutable efficacité ». En effet, il faut redouter certaines efficacités qui ont pour conséquence de bâillonner l’Être. Et lorsqu’il s’agit d’un bébé, d’un enfant prénatal ou d’un jeune bambin, cette conséquence peut être encore plus redoutable, car il peut conclure que c’est lui, tout entier, qui doit se taire. Lui qui n’a pas encore les mots pour plaider son besoin, apprend qu’il vaut mieux taire qui il est. Il peut conclure que son expression n’est pas la bienvenue, qu’il n’a pas voix au chapitre de sa propre vie. Il peut recevoir ce non-accueil comme une violence qui ne sera pas sans effets à court, moyen et même à long terme.
En début de vie, l’enfant en est au stade de construire sa propre estime personnelle en même temps que la relation de confiance avec ses parents. En s’acharnant à faire disparaître un symptôme sans prendre conscience du message sous-jacent, on sape les bases saines de ces deux assises. On bâillonne littéralement l’expression du bébé. Il peut alors se sentir incompris de ces personnes qui devraient être les plus proches de lui, ses accompagnateurs privilégiés : ses parents qui sont ses guides et ses tout premiers enseignants. Combien d’adultes traînent encore de leur petite-enfance un pénible sentiment de ne pas se sentir compris… même s’ils ont les mots pour se dire maintenant. J’en ai rencontré tant dans mon bureau.
Du côté des parents, la compréhension de tous les enjeux présents à la racine du symptôme peut faire toute la différence pour eux. Cette conscience lucide peut les aider à accompagner consciemment leur enfant pas à pas durant une maladie, quelle soit petite ou plus grosse. Grâce à l’altitude qu’ils parviendront à prendre au-dessus du symptôme, ils se tiendront tous par la main, lucidement, parents et enfant, dans cette épreuve qui finit par prendre la couleur d’un défi au lieu d’une catastrophe et qui les fera tous grandir…
Sources : Brigitte Denis Consultante en périnatalité, conférencière, animatrice et auteure
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