Voilà déjà 7 longues années que la pire des catastrophes nucléaire s’est produite, le 11 mars 2011, à Fukushima, au Japon... Tepco tentant tout d’abord, pendant de longues semaines, de cacher la triste vérité.
Sans doute porté par une prémonition, j’écrivais, dans un article intitulé « Tchernobyl, drôle d’anniversaire, : « Si les manœuvres désespérées pour refroidir le réacteur échouent, on aura comme à Tchernobyl fusion du cœur, explosion, et dissémination dans l’atmosphère de particules radioactives, qui, portées par les vents, viendront polluer nos poumons et le sol, au gré des pluies »... une demi-heure après avoir écrit ces lignes, la fusion des réacteurs était devenue réalité.
Il est intéressant de relire les commentaires de quelques nucléocrates, qui, jusqu’au bout, tenteront de minimiser la situation, et j’attends encore leurs plus plates excuses...
Mais où en sommes-nous aujourd’hui ?
De multiples problèmes ne sont toujours pas résolus... l’eau contaminée s’accumule, une partie à rejoint l’océan, avec les dommages que l’on peut imaginer, car, selon la règle du plus gros mangeant le plus petit, les premiers ont accumulé des doses radioactives posant un vrai problème de santé à ceux qui vont s’aventurer à les consommer.
Cette image montre la quantité de déversements déjà effectués.
La contamination de la chaine alimentaire ne cesse de causer des dommages, et on trouve 40% d’espèces impropres à la consommation, selon les normes japonaises qui ont déjà été baissées. lien
Le consommateur a pris conscience du danger, et malgré les propos rassurant des laboratoires japonais, lesquels affirment que la contamination des poissons ne dépasse pas les normes, les poissons ne se vendent pas très bien, c’est le moins qu’on puisse dire. lien
D’ailleurs d’autres constats sont encore moins rassurants.
Ainsi, des scientifiques ont constaté, dès le mois de juin 2015, une élévation de la radioactivité sur la Côte Ouest des Etats-Unis, notamment en Césium 137, et en Strontium 90, ce dernier capable de provoquer des cancers des os, et du sang.
Extrait : « les radiations dans le poisson sont si terribles que le poisson sauvage pêché en Alaska, le Hareng du Pacifique, et le poisson blanc Canadien ont été trouvé en sang, avec des tumeurs cancéreuses tout au long du corps ». lien
Un groupe d’étude s’est occupé de la question, et Nicolas Fisher, de l’Université Stony Brooks (état de New York) confirme la présence de césium 134 et de césium 137.
Daniel Madigan, l’écologiste qui a dirigé l’étude affirme : « le thon emmagasine le maximum de radiation et l’apporte à travers le plus grand océan du monde. Nous étions vraiment surpris de voir cela dans son ensemble et encore plus surpris de voir le taux mesuré dans chacun des poissons ».
Pas étonnant dès lors que les japonais, et pas seulement eux, éprouvent quelque appréhension à consommer du thon, ce qui on s’en doute est dommageable au commerce japonais, et la situation ne risque pas de s’améliorer, vu que le césium 137 à une période (demi-vie) de 30 ans, c’est dire qu’il va poser un problème pendant au moins un siècle... lien
Or les techniciens de Fukushima, au-delà de ce qui déjà été rejeté dans l’Océan, se trouvent devant un stock d’un million de tonnes d’eau radioactive, et ils ont le projet de le rejeter progressivement dans l’Océan, en assurant qu’ils pouvaient traiter cette eau, à part le Tritium. lien
Encore faut-il que ce soit possible, car jusqu’à présent les tentatives de traitement de cette eau ont toutes échoué...
Areva avait en 2014 proposé un dispositif de décontamination, que Tepco a finalement décidé d’abandonner, vu le peu de résultats. lien
Quant aux robots divers et variés qui ont tenté d’intervenir pour au moins savoir l’état des fonds de cuve dévastés, le taux de radiation est si élevé qu’il empêche toute mission de longue durée, et a part les quelques images glanées récemment par l’un d’eux, avant de tomber en panne, on ne peut pas dire que les opérations aient été couronnées de succès. lien
Sur le chapitre des finances et des milliards déjà dépensés, tout comme ceux à venir, on atteint des sommets.
En octobre 2016, une estimation très optimiste du démantèlement faite par les autorités japonaises dépassait 17 milliards d’euros, contredisant celle de 2014. lien
En effet, le gouvernement japonais l’avait déjà estimé à 42 milliards d’euros, alors que Kenichi Oshima, professeur d’économie environnementale à l’Université Ritsumeikanavait multiplié par 2 le chiffre initial, soit 80 milliards d’euros. lien
Depuis, les milliards ont fait des petits, car en ajoutant au prix du démantèlement celui du dédommagement des riverains et de la décontamination de l’environnement, la facture grimpe à 170 milliards. lien
Et encore faudrait-il que la décontamination soit possible...
Pas étonnant dès lors que, contre l’avis du premier ministre japonais, la très grande majorité des citoyens nippons ne veulent plus entendre parler du nucléaire.
La sortie du nucléaire n’est pas seulement demandée par le peuple, mais aussi par le prince Akishino, son épouse Kiko, appelant à manifester pour s’opposer à l’atome, soutenus par les anciens premiers ministres Junichiro Koizumi, Mohiriro Hosokawa, et même Naoto Kan, celui-là même qui dirigeait le pays au moment de la catastrophe. lien
Et où en sommes-nous en France ?...
Les promesses du grenelle de l’environnement censées promouvoir le remplacement du nucléaire par les énergies propres ont fait long feu... lien
Des EPR sont prévus pour remplacer les vieilles centrales, alors qu’ils ont couté au moins 3 fois plus cher que prévu... celui de Flamanville est doté d’une cuve dont l’acier pose quelques problèmes, ce qui n’a pas empêché l’autorité de sécurité de le valider. lien
Récemment, l’ASN (autorité de sureté nucléaire) a validé un générateur de vapeur défectueux à Fessenheim... alors que la centrale doit être bientôt fermée. lien
Ne parlons pas des autres vieilles centrales qui subissent des pannes à répétition, des fuites, équipées de tuyauteries rouillées... lien
A Bugey, à 30 km de Lyon, Une nouvelle fuite a été signalée le 7 mars. lien
Ce qui fait dire à d’honorables responsables, qu’un accident nucléaire grave n’est plus à écarter en France, le président de l’ANCCLI (association nationales des comités et commission locales d’information), Jean Claude Delalonde en l’occurrence, ayant déclaré : « en France, les conséquences d’un accident nucléaire pourraient être pires qu’à Tchernobyl ou Fukushima ». lien
Alors que Hulot a reculé sur l’objectif de la transition énergétique (lien), Macron va aux Indes pour vendre des EPR... mais il ne communique que sur le photovoltaïque. lien
Comme dit mon vieil ami africain : « le feu qui te brûlera c’est celui qui te chauffe ».
Olivier Cabanel
https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/fukushima-...
Commentaires bienvenus
Vidéo : Le nucléaire japonais Naoto Kan
http://epanews.fr/video/le-nucl-aire-japonais-naoto-kan#.WqqZXWa0ZE4
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