Regard: principes moraux et le chemin de la transformation personnelle

Un des aspects de l’adhyatma yoga les plus difficiles à bien comprendre est son rejet des critères moraux et sociaux et de la distinction du bien et du mal en soi. Il n’y a que des cas particuliers. La question n’est pas « Est-ce bien ou mal ? » mais : « Est- ce juste ou faux ? »

La réponse n’est jamais donnée par l’application de principes ou de prescriptions mais par la situation elle-même. Si l’on voit tous les aspects d’une situation et si l’on tient compte de tous les faits, appréhendés de façon neutre, la justice propre à chaque situation apparaît d’elle-même, comme une réponse qui s’impose.

Pour devenir adultes, responsables, conscients, pour trouver notre dépendance en nous-mêmes et non au dehors, nous devons éliminer les règles morales et les jugements de valeur qui nous ont été imposés du dehors et que nous avons enregistrés dans notre mental. Ces conceptions nous sont étrangères et, par conséquent, créent forcément la division en nous.

Bien sûr, le rejet des principes moraux peut paraître ouvrir le champ libre à la licence et à toutes les satisfactions égoïstes incontrôlées : « Je fais ce qui me plaît et merde pour les autres » — ce qui serait effectivement le contraire de la voie, exactement le contraire.

(...)

Pour pouvoir croître, il faut être soi même et unifié.

Si la vérité est que je suis un démon, il n’y a que ce démon qui puisse évoluer, se transformer, devenir de moins en moins égoïste — et pas l’image idéale que mes parents ou éducateurs m’ont appris à surimposer à la vérité. Dire « Tu ne mentiras pas » à un menteur, ou « Tu resteras immobile » à un enfant qui bouge tout le temps, crée immédiatement « un autre ». Une double personnalité (split personality) divise l’enfant entre « Je mens » et « Je ne dois pas mentir », « Je remue » et «Je ne dois pas remuer ». Rien ne sert d’ordonner quand l’ordre ne peut pas être exécuté. C’est au contraire, très grave. Il faut trouver et supprimer la cause du mensonge ou la cause de l’agitation motrice. Inutile d’humilier et désoler un enfant en lui reprochant sans arrêt d’être bavard si c’est seulement à quarante ans et après des semaines épiques de lutte avec lui-même qu’il comprendra à quelle profondeur et dans quelle souffrance prenait racine ce besoin de parler et d’être écouté.

Il ne suffit pas de dire ce qu’il faut faire et ne pas faire; il faut montrer le chemin qui y conduit, le chemin qui m’y conduit moi tel que je suis et non pas tel que je devrais être.

Les commandements religieux et la loi, dont découlent toutes les morales même laïques, donnent une description de l’homme parfait. Le sage, en effet, ne ment pas, ne commet pas l’adultère, ne convoite pas. Il honore son père et sa mère car il est libre de toute réaction infantile inconsciente à l’égard de l’image du père et de l’image de la mère, accomplissement extrêmement rare.

La vraie religion, la seule vraie, c’est la voie vers cette perfection et les moyens d’y parvenir, c’est l’enseignement de la transformation personnelle.

Parmi ceux qui se disent chrétiens, qui peut mettre en pratique les commandements, tous les commandements, et d’ailleurs qui les met en pratique? Il ne suffit pas de se cramponner à l’un d’entre eux au détriment des autres. Si je ne commets pas l’adultère mais que je compense ma répression en convoitant le bien d’autrui ou en jugeant les autres, je ne suis pas dans la vérité.
La morale imposée du dehors et qui n’est pas l’expression de notre niveau d’être nous maintient dans la dualité et le conflit avec nous- mêmes, dans l’aveuglement et le mensonge. Le vrai combat en nous est entre le désir de satisfaire la dépendance, l’infantilisme et l’égoïsme, et le désir de devenir adulte, libre, éveillé. Il y a des mères qui se dévouent à leur mari et leurs enfants, des hommes qui se consacrent à des activités sociales désintéressées et qui sont complètement égoïstes, imposant partout leurs préjugés et leurs préférences. Aujourd’hui la vie sexuelle et sentimentale oscille entre l’anarchie et la répression, les impulsions et les mensonges. L’abîme est de plus en plus profond entre les vestiges de la morale et la pratique quotidienne. Non seulement l’amour n’est plus une voie mais il est le plus souvent une prison, une bataille de réactions.

Seule la vérité peut apporter un peu de lumière dans ces ténèbres et, surtout, cette souffrance. Jamais le
mensonge.

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Range le livre, la description, la tradition, l'autorité, et prend la route pour découvrir toi-même. 
Jiddu Krishnamurti

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Commentaire de Laëtitia Ludivine le 17 Avril 2012 à 10:44

Nathetoile, c'est un ressenti (intuition), un discernement de finesse, une conscience de chaque seconde qui accompagnent nos pas pour faire la part des choses entre conditionnement et "douce" manipulation de certains principes quels qu'ils soient. Parfois ces derniers essaient de "produire" des "moutons" ou des "codes-barres" pour un contrôle simplifié. (globalisation de la pensée unique)

Prendre la route pour se découvrir soi-même pour aller à la rencontre du Soi en laissant place aux égarements, aux erreurs c'est une belle aventure.

Je finirai avec ces mots de Platon: 

"Le beau, c'est la splendeur du vrai." Platon, Gorgias, 475 a.

Belle journée

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