(17) Entre Subconscient qui contient notre passé, et Supraconscient, notre avenir.

Pendant deux semaines, confia-t-il, j'eus la vision de toutes sortes de tortures et de souffrances; or, dans ces mondes, vision est synonyme d'expérience, si l'on comprend ce que cela veut dire. Au moment même où Sri Aurobindo faisait son ascension vers le surmental, sa conscience descendait donc, simultanément, dans ce qu'il est convenu d'appeler les enfers.

C'est aussi l'une des premières choses que le chercheur découvre, à des degrés variables. Ce n'est pas un yoga pour les faibles, dit la Mère, et c'est vrai. Car si le premier résultat tangible du yoga de Sri Aurobindo est de faire apparaître des facultés poétiques et artistiques nouvelles, le deuxième résultat, peut-être même la conséquence immédiate, est de faire émerger dans une lumière impitoyable, tous les dessous de la conscience, personnelle d'abord, puis universelle. Cette étroite - et étrange - connexité entre le supraconscient et le subconscient est sans doute le point de départ de la découverte de Sri Aurobindo.

Les degrés subconscients:

Le subconscient dont parle la psychologie moderne n'est que la frange extérieure d'un monde presque aussi vaste que le supraconscient, avec ses degrés, ses forces, ses êtres (ou ses êtres-forces si l'on préfère). C'est notre passé évolutif, immédiat et lointain, avec toutes les empreintes de notre vie présente et toutes celles de nos vies passées, de même que le Supraconscient est notre avenir évolutif. Tous les résidus et toutes les forces qui ont présidé à notre ascension, de la Matière à l'animal et de l'animal à l'homme, sont non seulement gravés là, mais continuent de vivre et de nous influencer - si nous sommes plus divins que nous le croyons de par l'avenir supraconscient qui nous tire, nous sommes encore plus bêtes que nous l'imaginons de par le passé subconscient et inconscient qui nous traîne. Ce double mystère renferme la clef du Secret total. Nul ne peut atteindre le ciel, s'il n'est passé par l'enfer.

Il est vrai que l'on peut parvenir aux béatitudes spirituelles sans connaître ces mauvais lieux, sauf par accident; mais il y a ciel et ciel, de même qu'il y a enfer et enfer (chaque degré de notre être a son "ciel" et son "enfer"). Généralement, les hommes religieux sortent de l'individu, et du même coup, ils sortent du subconscient; ils ont seulement un passage à franchir, avec des "gardiens du seuil" suffisamment désagréables pour justifier toutes les "nuits" et les "tentations" dont parlent les vies de saints; mais c'est seulement un passage. De même, le ciel qu'ils contemplent consiste à sortir de l'existence extérieure et à plonger dans l'extase. Le but de ce yoga, nous l'avons dit, n'est pas de perdre conscience, pas plus en bas qu'en haut. Et surtout de ne pas fermer les yeux en bas. Le chercheur intégral n'est fait ni pour la nuit obscure ni pour la lumière qui aveugle. Partout où il va, il doit voir; c'est le premier stade de la maîtrise. Car il ne s'agit pas de "passer" à une existence meilleure, mais de transformer l'existence présente.

De même qu'il y a plusieurs degrés supraconscients, il y a plusieurs couches ou mondes subconscients, plusieurs "enclos obscurs" comme dit le Rig-Véda.. En fait, il y a un subconscient derrière chacun des degrés de notre être - un subconscient mental, un subconscient vital et un subconscient physique aboutissant à l'Inconscient matériel*. Nous y retrouverons dans l'ordre, toutes les formes ou les forces mentales naines et brutales qui furent les premières à apparaître dans le monde de la Matière et de la Vie; toutes les impulsions agressives des débuts de la Vie, tous ses réflexes apeurés et souffrants; et finalement les forces de maladie et de désintégration, et la Mort, qui président subconsciemment à la vie physique. On conçoit donc qu'il ne peut pas y avoir de vraie vie sur la terre tant que ces mondes seront les maîtres de notre destinée matérielle. Or nous sommes le lieu où la bataille se joue - en nous, tous les mondes se rencontrent, du plus haut au plus bas. Il ne s'agit pas de fuir en se bouchant le nez ou en se signant, mais d'entrer dedans et de vaincre :

                                Tu porteras le joug que tu venais défaire

                Tu porteras l'angoisse que tu voudrais guérir

Limites de la psychanalyse :

La psychologie contemporaine s'est avisée aussi de l'importance du subconscient et de la nécessité du nettoyage; seulement ils n'ont vu qu'une moitié du tableau, le subconscient sans le Supraconscient, et ils ont cru qu'avec leurs petites lueurs mentales, ils pourraient éclairer cette caverne de voleurs; autant descendre dans la jungle, armé d'une lampe de poche. En fait, le plus souvent, ils ne voient du subconscient que l'envers du petit bonhomme frontal; car il est une loi psychologique fondamentale, à laquelle personne n'échappe, à savoir que la descente est proportionnelle à l'ascension : on ne peut pas descendre plus bas que l'on est monté. Parce  que la force qu'il faut pour descendre est celle-là  même qu'il faut pour monter ; si par quelque accident nous descendions plus bas que notre capacité de hauteur, il en résulterait automatiquement un accident, possession ou folie, parce que nous n'aurions pas la force correspondante. Plus on s'approche d'un commencement de Vérité ici-bas, plus on découvre une insondable Sagesse. Les mystérieux complexes de M. Dupont se situent quelques centimètres en dessous, si l'on peut dire, de même que son existence consciente se situe quelques centimètres au-dessus. À moins donc que nos psychologues ne soient particulièrement lumineux, ils ne peuvent pas vraiment descendre dans le subconscient et, partant, ils ne peuvent pas vraiment guérir, sauf quelques anomalies sous-cutanées, et encore sont-ils en danger constant de voir leurs maladies repousser ailleurs, sous une autre forme. On ne peut guérir que si l'on guérit tout au fond, et on ne peut aller tout au fond que si l'on va tout en haut. Plus on veut descendre, plus il faut une lumière puissante, sinon on se fait manger.

Si la psychanalyse restait dans ses limites superficielles, il n'y aurait rien à en dire, elle finirait sans doute par s'apercevoir elle-même de ses limites et, en attendant, guérirait utilement quelques prurits. Malheureusement, elle est devenue une sorte de nouvel évangile pour beaucoup et elle a puissamment contribué à fausser les esprits en les fixant malsainement sur leurs possibilités fangeuses plutôt que sur leurs possibilités divines. Nul doute, dans le cours de l'évolution, nos "erreurs" finissent toujours par avoir leur place et leur utilité; il était bon que nos complaisances morales et bourgeoises fussent secouées; mais la méthode choisie est dangereuse, parce qu'elle évoque le mal sans avoir le pouvoir de le guérir : "elle tend, dit Sri Aurobindo, à rendre le mental et le vital non pas moins mais plus fondamentalement impurs qu'avant... La psychologie moderne est une science dans l'enfance, à la fois imprudente, maladroite et grossière. Et comme toutes les sciences dans l'enfance, elle tombe dans l'universelle habitude du mental humain, qui consiste à prendre une vérité partielle ou locale et à la généraliser indûment en voulant expliquer toute l'étendue de la Nature par ses termes étroits... La psychanalyse (notamment celle de Freud) aborde une certaine partie de la nature, la plus obscure, la plus périlleuse, la plus malsaine, telles les couches subconscientes du vital inférieur*; elle isole quelques-uns de ses phénomènes les plus morbides et  attribue à cet élément une importance hors de proportion avec son rôle véritable dans la nature... Soulever prématurément ou sans la connaissance du procédé, cette partie subconsciente, pour en avoir l'expérience, c'est risquer d'inonder aussi de ce magma obscur et fangeux, les parties conscientes de notre être et d'empoisonner ainsi toute la nature vitale et même toute la nature mentale. Toujours, par conséquent, il faudrait commencer par une expérience positive, non par une expérience négative, et faire descendre d'abord, autant qu'on le peut, la nature divine, le calme, la lumière, l'équanimité, la pureté, la force divine dans les parties conscientes de notre être qui doivent être changées, c'est seulement quand on y est parvenu suffisamment et que l'on a établi une base positive solide, que l'on peut alors, sans danger, soulever les éléments adverses cachés dans le subconscient afin de les détruire ou de les éliminer par la force du calme divin, de la lumière, de l'intensité et de la connaissance divines.

Mais il est un autre défaut de la psychanalyse, plus grave encore. Car si, par hasard, les psychologues avaient vraiment le pouvoir de descendre dans le subconscient, non seulement ils ne guériraient pas, non seulement ils risqueraient de mettre en branle des forces qui les dépassent, tel l'apprenti sorcier, mais même s'ils avaient le pouvoir de les maîtriser et de les détruire, ils risqueraient du même coup de détruire le bien avec le mal et de mutiler irréparablement notre nature. Parce qu'ils n'ont pas la connaissance. Parce que du haut de leur mental, ils ne peuvent pas voir suffisamment loin dans l'avenir, pour comprendre le bien que ce mal prépare et la Force dynamique sous le jeu des contraires; pour séparer cet obscur mariage, il faut un autre pouvoir et, surtout, une autre vision : Il faut connaître le tout avant de connaître la partie, et ce qui est tout en haut avant de comprendre vraiment ce qui est tout en bas. Tel est le domaine de la psychologie future. Quand son heure sera venue, tous ces pauvres tâtonnements s'évanouiront, réduits à rien.

(...) C'est le Supraconscient, non le subconscient, qui est le vrai fondement. Ce n'est pas en analysant les secrets de la boue où il pousse, qu'on explique le lotus, le secret du lotus est dans l'archétype divin du lotus, qui fleurit à jamais en haut, dans la lumière.

Nous avons l'air de progresser de bas en haut, ou du passé vers l'avenir, ou de la nuit vers la lumière consciente, mais c'est là notre petite vision momentanée, qui nous coupe la totalité du tableau, sinon nous verrions que c'est l'avenir qui nous tire, non le passé qui nous pousse, et la lumière d'en haut qui peu à peu entre dans notre nuit - où donc la nuit pourrait-elle jamais créer toute cette lumière? si nous étions partis de la nuit, nous n'aboutirions qu'à la nuit.

SRI AUROBINDO ou l'aventure de la conscience     Satprem   (p.251-258)

* Pour Sri Aurobindo, les divisions psychologiques suivent l'ascension évolutive, ce qui paraît logique puisque c'est dans la matière et à partir d'elle que les degrés de conscience de plus en plus hauts se sont manifestés. L'Inconscient représente donc notre base matérielle corporelle (Sri Aurobindo préfère l'appeler "Nescience", cet inconscient n'étant pas vraiment inconscient) tandis que le subconscient contient notre passé terrestre et le Supraconscient notre avenir. Au sein de ces trois zones, s'étagent les différents plans de conscience universels (que Sri Aurobindo groupe parfois sous le nom de "subliminal" afin de bien les distinguer du subconscient, qui est très peu ou très mal conscient - sub-conscient - tandis que les plans subliminaux sont remplis de forces extrêmement conscientes).  La fraction "personnelle" de ces diverses zones constitue une mince étendue : notre propre corps et ce que nous avons individualisé ou colonisé au cours de cette vie et de toutes nos vies.

*Nous l'avons dit, il y a de nombreux degrés et sous-degrés dans le subconscient. C'est volontairement que nous ne nous sommes pas étendus sur la description de ces mondes inférieurs; le chercheur en fera lui-même l'expérience quand son moment sera venu. Donner une forme mentale précise à ces forces inférieures n'est pas vraiment les exorciser, comme d'aucuns l'imaginent, mais leur donner une prise plus grande sur notre conscience. Ce n'est pas par le mental que l'on guérit.

Chaque article sur L'aventure de la conscience ne se suffit pas à lui-même. Il n’est qu’une étape intermédiaire dans le processus de changement de Conscience, engagé dans la Transition actuelle, et bien relaté par Satprem, d’après l’Expérience directe et l’Intuition de Sri Aurobindo.
Ce processus progressif est repris en synthèse dans cette série de 23 articles qui forment un tout très enrichissant pour les étapes de notre propre pratique - devenue indispensable dans la situation critique de ce monde...

Pour la compréhension de ce chemin spirituel concernant le basculement de la conscience dans les multidimensions, j'ai sélectionné les extraits indispensables - et suffisants - pour l'Essentiel, dans le livre. 
    

Source à joindre pour diffuser cet article :

http://epanews.fr/profiles/blogs/entre-subconscient-qui-contient-no...          Anne


Message de l'émergence d'un nouveau monde : Pierre Lessard, médium, canalise le Maître St Germain 

http://epanews.fr/video/canalisation-st-germain-message-de-l-emerge...

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Commentaire de Anne le 20 Janvier 2016 à 7:51

Une petite anecdote.

En tapant mes titres sur google pour chercher une image, je les découvre sur le site Elishean.

Les extraits du livre de Satprem repris avec les titres, coupures, pages sélectionnées, sont introduits ainsi : Par Milena  ou  Par Elishean 

(avec les dates entre février 2013 et décembre 2015)

et ils se terminent de la façon suivante : 

Vous pouvez partager ce texte à condition d’en respecter l’intégralité et de citer la source: (c'est le lien du site elisheanqui est indiqué)

Copyright les Hathor © Elishean/2009-2015/ Elishean mag

La réalité, c'est que j'ai moi-même dactylographié ces 23 articles, page par page donc! en sélectionnant les passages principaux relatant clairement le processus spirituel de Sri Aurobindo. 

Ce livre est un apport tellement intense sur un tel sujet, qu'il me paraît important que chaque personne intéressée puisse en avoir un aperçu par ce moyen qui en simplifie l’approche. 

Alors, je suis ravie de voir ces articles diffusés. Et merci Sri Aurobindo, Être universel de mon cœur! car le monde ne changera que par ce basculement de conscience : Conscience multidimensionnelle dans l’incarnation même de la vie terrestre - sans attente d'un au-delà qui serait le salut d’après-vie...

Le hic : comment un tel site peut-il écrire une telle condition : à condition d’en respecter l’intégralité et de citer la source...  alors qu'il ne respecte pas lui-même la source où il a pris l’(les)article(s) : en catimini, sans un commentaire de personne complice se montrant intéressée par le sujet – qui aurait pu informer de son intention ou du moins ne pas s'approprier la source... (c’est aussi le cas pour au moins un autre article que cette série)

Voilà donc ce que je constate sur un site "spirituel". :-)  drôle tout de même... J’avais imaginé, à juste titre, que sur ce genre de site, on ne publiait qu’en indiquant la source originelle des articles, tout autant lorsqu'on n'avait pas pris contact avec les responsables des publications.

Alors, je vais ajouter ma petite formule moi aussi sur “la source” : puisque là elle est bien reliée à la réalité.

Voilà! Il s'agit d'un fait. Entre Réalité et réalité... Il est vrai que les pendules n’ont plus d’heure...

Merci à ceux-celles qui ont lu. Je ris. Rions. Ce n’est que le petit théâtre de cette vie... avant la Vie... sur la vraie scène... 

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