Ils apportent une note de couleur et de bonne humeur dans le milieu hospitalier. Avec l'association Rêves de clown, les artistes au nez rouge soutiennent et réconfortent les enfants. Au fil du temps et de leurs joyeuses visites, ces docteurs clowns se sont imposés comme des partenaires dans les équipes médicales, notamment à Kerpape. 

Elles ne passent pas inaperçues avec leurs tenues colorées, dans ce lieu où le blanc prédomine sur les murs et les vestes. Ce jeudi matin, les clowns Ciboulette et Lucette vadrouillent dans l'unité pédiatrique du centre de rééducation fonctionnelle de Kerpape. L'une avec son chapeau noir, sur lequel se sont invités une fleur et deux oiseaux, l'autre avec un chignon fleuri.

Ce "docteur-clown", calinologue de profession, a pour mission de rassurer les patients et leurs familles avant les opérations.

Accueilli avec le sourire

"Comment ça va copain?" demande-t-il à Timéo, 4 ans en entrant dans sa chambre. Le petit garçon ne semble pas plus angoissé que cela et accueille Docteur Mimiche et Lucette, son acolyte avec le sourire. 

Pendant une quinzaine de minutes se succéderont blagues et histoires pour changer les idées de Timéo. Les deux "docteurs-clowns" évoqueront avec lui l'opération et le bloc opératoire avec ses chirurgiens habillés en bleu, "comme les Schtroumpfs". 

« Notre nez rouge c'est notre identité »

Et toutes les deux avec leur nez rouge. « C'est notre identité ; cela nous donne un air de famille », sourit Ciboulette, sept ans d'activité dans les hôpitaux avec Rêves de clown. « Nous sommes docteur clown ou coeurdiologue », complète Lucette, qui a intégré l'association l'année dernière, après des années de théâtre de rue à Paris. Mais ici, ces artistes ne viennent pas recueillir des applaudissements, le temps d'un tour de piste dans un service. Ils viennent offrir une parenthèse de fraîcheur, apporter des encouragements, ouvrir une petite fenêtre sur l'extérieur. Apaisant les uns, rassurant les autres et réconfortant parfois des parents inquiets. « En milieu hospitalier, on ne fait pas de spectacle mais des rencontres. Nous sommes des personnes à part, comme venues d'ailleurs. Nous ne sommes ni les soignants, ni les parents. On peut nous dire non ou nous confier des états d'âme ou des secrets cachés aux autres », confient Lucette et Ciboulette.


« De la distraction dans les soins »

Si le passage bimensuel des clowns est attendu avec impatience par certains enfants (1), ils ne débarquent pas avec leurs gros souliers ou en faisant résonner des rires sonores. Tout en essayant de visiter le maximum d'enfants en une matinée, ces professionnels du rire s'invitent sur la pointe des pieds. « Nous sommes des partenaires des équipes soignantes », explique Ciboulette, qui cherche à adoucir les longs moments de rééducation et de soins.

De sourires en gestes attentionnés ou loufoques, les clowns ont trouvé leur place au milieu des blouses blanches. « Ils nous apportent de la distraction dans les soins. L'apport du rire permet de baisser le niveau de stress. L'enfant s'évade, il est moins centré sur les soins. Leur présence permet aussi à certains enfants de se confier plus facilement. Les clowns participent à la prise en charge de la douleur », témoigne Annie Cottin, cadre infirmier. Les hommes et les femmes au nez rouge ont été adoptés par les enfants. La présence de Ciboulette, Lucette, Coquette, Poum-Poum ou Mimiche sur le plateau de rééducation ou en salle de soins ne surprend plus. Même lorsque Lucette s'allonge sur les tapis parmi les jeunes patients ou quand l'une des mains de Ciboulette se transforme en marionnette.

« Nous sommes convaincus de leur apport »

« Dans le milieu hospitalier, on improvise face à chaque rencontre ou situation. D'ailleurs, cela peut nourrir par la suite nos spectacles », indique Michel Vobmann, le fondateur de Rêves de clown. « Et puis un sourire d'enfant est une reconnaissance encore plus agréable qu'un applaudissement », ajoute-t-il. « Aujourd'hui, nous sommes convaincus de leur apport. Les enfants et les adolescents font leurs exercices de rééducation sans se rendre compte qu'ils travaillent. C'est important, ces moments de rigolade. Surtout pour ceux qui sont ici depuis des années, déclare une kinésithérapeute. D'ailleurs, si les clowns ne pouvaient plus intervenir, ce serait un manque ». Même si les docteurs clowns peuvent, parfois, laisser glisser une larme au milieu des sourires, ils ne veulent pas quitter cette piste où les étoiles scintillent dans les regards au milieu d'un océan de souffrance. « L'enfant n'a pas la même approche de la maladie. Il nous booste et nous oblige à continuer. Et puis on vit de belles émotions, on sourit et on rit beaucoup. Il y a peu de métiers comme celui-là », soulignent Ciboulette et Lucette, qui vivent leur rêve de clown, celui de soigner en amusant. (1) : Depuis deux ans et demi, Rêves de clown intervient une matinée tous les quinze jours.

20.000 enfants visités dans les hôpitaux

Comment se porte l'association Rêves de clown ? 
Michel Vobmann, fondateur : Nous avons créé l'activité de docteur clown à Lorient en 1998. Dix-sept ans plus tard, l'association fait intervenir quinze clowns professionnels dans douze hôpitaux bretons disposant d'un service pédiatrique ; de Rennes à Brest en passant par Quimper, Saint-Brieuc, Saint-Malo ou Pontivy. Nous sommes également présents dans les centres de rééducation fonctionnelle de Kerpape et de Trestel (22). Au total, l'année dernière, nous avons visité 20.000 enfants. Nous sommes bien intégrés dans les services. Ainsi, à l'hôpital de Brest, les clowns sont équipés d'un bip, comme le personnel soignant, pour répondre au plus vite aux besoins.

Avez-vous des difficultés à recruter des intervenants ? 
Nous allons lancer une campagne de recrutement avant Noël. Mais ce n'est pas évident de compléter les équipes. Il est vrai que les auditions sont exigeantes. S'il faut un savoir-faire de clown, il faut surtout de très bonnes relations humaines. De bons clowns ne font pas toujours de bons docteurs clown ! Et il faut être solide moralement. La formation spécifique dure près de quatre mois. 

Comment financez-vous cette activité ? 
Nous travaillons à 90 % grâce aux dons. Sinon, nous bénéficions de subventions de la Région, de l'Agence régionale de santé ou de certains départements. 

L'équipe est-elle suffisante pour satisfaire les demandes ? 
Notre objectif est de recruter plusieurs clowns pour être plus présent dans les hôpitaux. Il faudrait doubler notre effectif actuel pour répondre aux nombreuses sollicitations. Actuellement, nous sommes présents en moyenne une à deux fois par semaine dans les hôpitaux. Dans l'idéal, il faudrait une présence de docteurs clowns trois jours par semaine. Sans oublier les nouvelles demandes qui proviennent de certains services d'oncologie et de gériatrie. D'ailleurs, depuis cet été, nous développons une activité pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.


Pour les soutenir, un don ou un renseignement : Tel : 02.56.54.17.81, contact@revesdeclown.org ou www.revesdeclown.org

Sources  : Rêves de Clown Bretagne via le TélégrammeOuest France

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Commentaire de Couleur Turquoise le 23 décembre 2015 à 10:58

Avec toute mon admiration pour cette ordonnance pour les grands et petits enfants. Que tous les jours de l'année leur donnent encore beaucoup de coeur pour aller au devant de ces sourires d'enfants, cachés sous les pansements, mais qui refleurissent en les voyant comme les fleurs au printemps. Bien à eux tous. Sylvie. 

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