Dire au revoir en situation de pandémie
Peur, angoisse, douleur et deuil, tout se mélange en cette période de pandémie mondiale.
Mais quand peur et douleur psychologique se mêlent, le cocktail est corcé !
Bien que le danger soit réel il est aussi majoré par l’angoisse. Car le danger est réel, conforté du reste par un sentiment d’insécurité et de menace omniprésente.
Des mesures de prévention et de distanciation qui font violence
Ne pas se serrer la main ni s’embrasser, se laver les mains régulièrement, garder une distance d’au moins un mètre cinquante avec les personnes malades, éviter de se rendre dans les zones à risques, ne pas pouvoir dire adieu à nos proches décédés… Tout cela dans le confinement et l’isolement, c’est difficile.
Le processus de deuil est lui aussi mis en quarantaine.
Ainsi, dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux, les visites aux patients, atteints du Covid-19 ou non, sont désormais interdites, sauf cas exceptionnels.
Dans ces conditions, faire ses adieux à un proche en train de mourir est devenu une double douleur.
De nouvelles mesures restrictives ont également été mises en place pour la prise en charge du corps d’un défunt cas probable ou confirmé Covid-19.
20 personnes pour l’accompagner à son ultime demeure, et le voilà mis en terre, ou stocké comme du bétail en attendant.
Nous ne sommes jamais préparés « à dire aurevoir » à un être qui compte et certainement pas dans ces conditions
J’écris ce billet à une période historique de l’humanité : cette pandémie mondiale, le Covid 19 cette crise sanitaire mondiale qui a ébranlée toutes nos certitudes, tous nos acquis, pavant un sentier inconnu mais celui de nos peines surtout.
Vivre un deuil à venir ou subi dans une crise sanitaire sans précédent, sans pouvoir réunir les conditions « convenables » d’un au revoir « digne » est juste une effraction psychologique sans nom.
Personnellement, je perds mon époux d’un cancer généralisé en phase terminale, il est emporté par cette maladie insidieuse à 60 ans, me laissant avec deux petits de 13 ans en pleine crise sanitaire mondiale.
Sa finitude se fera dans l’anonymat du covid, bien qu’il ne mourra pas du Covid et dans un contexte où ma famille ne pourra pas m’accompagner.
Seule la résilience et cette stratégie de faire face me permet d’écrire ce billet à destination des personnes endeuillées.
J’ai décidé de trouver la force pour écrire ce billet en pensée aux lecteurs qui auront eu à subir la perte d’un être cher ces derniers mois de confinement.
Ne pas pouvoir dire aurevoir dans des conditions dignes
Il n’ y a aucune thérapie qui pourra effacer définitivement la douleur, tout au moins pourra t’elle nous apprendre à cohabiter avec l’absence.
Et il est important de le préciser en toute réalité objective.
Je reprends ici ma casquette de praticien et range celle de femme et de mère.
Chaque individu a sa personnalité, ses croyances, et sa sensibilité.
Cette individualité fait que chacun est naturellement plus réceptif à une technique qu’à une autre. Quelque soit la pratique.
Mais il faut avant tout respecter votre écologie et ne pas écouter les « conseils » des autres, mais votre voix intérieure, vous seul(e) devez acceuillir votre douleur, pour l’accepter ensuite.
Et ce, avant de décider de vous faire aider.
Donner le temps à la douleur d’abord et écouter le déclic
Seules les personnes « prêtes au changement », prêtes à travailler avec leur inconscient, pourront faire ce cheminement.
Faire son deuil n’est pas uniquement une question de temps, mais cela ne sera possible, que lorsque l’individu reussira à trouver un sens à ce qui n’en a pas.
La douleur vient du fait que l’humain ne peut trouver du sens à la fin d’une vie, quelle soit dans l’ordre naturel des choses ou survenue de facon injuste.
Votre sensibilité va determiner votre chemin de guérison
Il est des sensibilités et des perceptions que l’on ne développe que si l’on a soi-même vécu certaines expériences.
Sachez que l’inconscient est profondément bon et puissant et avec le temps l’amnésie fera le reste.
L’inconscient est capable de mobiliser des ressources intérieures, des potentialités susceptibles de conduire aux changements de comportement désirés.
Regardez votre Trauma en face
Un trauma est une expérience qui ne s’est pas transformée en apprentissage, il n’y a aucun feedback par rapport à elle et la personne le vit avec souffrance encore et toujours.
Les règles du Trauma
En règle générale, il se présente comme un évènement difficile que l’on n’arive pas à digérer.
Et ce quelque soit la confession, la culture et ce qui n’a pas été intégré et contrairement aux croyances populaires, ce n’est pas l’objet du trauma qui pose problème, mais plus sa relation avec lui !
Le trauma est une cassure de l’avant et de l’aprés
Pour bien cerner le trauma, certains signes vous l’indique :
- Vous n’arretez pas de pleurer en pensant à l’objet de votre douleur
- On présente une forme de culpabilité « comme si c’était notre faute »
Il est aussi important de vérifier la connexion en termes de devenir, pour savoir si le trauma existe toujours, tout en comprenant bien aussi comment ça a démarré et pourquoi.
Faire son deuil et respecter les étapes
Pour traiter le trauma, retour vers le passé.
Dans beaucoup de situations, le trauma quand il survient, est consécutif à la soudaineté de la disparition.
Oui, la disparition physique est importante, cependant « on est jamais prêts ou préparé(e)s à dire au revoir » quand c’est bref et rapide et que l’on ne voyait pas la chose venir.
Dans d’autres scénarios, les circonstances de la mort peuvent aussi nourrir le trauma, d’autant que la personne reste profondément marquée et n’arrive pas à faire son deuil « naturellement », si elle choquée par ces circonstances.
L’Hypnose, tout comme d’autres pratiques, la sophrologie notamment, peuvent aider en atténuant les souvenirs dégradés des dernières semaines.
Le travail sera centré sur le positif d’une circonstance douloureuse, pour ne garder que les belles images » : il est en paix, il n’a plus mal, il est mieux là où il y est, il n’a pas de regrets »…
Attention a respecter les étapes du Deuil
Il y en aurait 7 selon le DrElisabeth Kubler Ross, psychiatre et psychologue:
Le choc, le déni, la colère, la tristesse, la résignation, l’acceptation et la reconstruction.
Attention à ne pas sauter les étapes sous peine de développer un deuil pathologique
Regrets, sentiments de frustrations, culpabilité, déni, non-dits, sont des facteurs psychologiques et émotionnels qui peuvent « émerger » et là il faut vraiment se faire aider ( par un psychiatre)
« Je n’ai pas profité de lui, je n’ai pas pu lui dire au revoir, ce n’est pas juste, pas comme ça et pas aussi tôt » !
Ou encore « je n’ai pas pu lui dire combien je l’aime, je lui ai pas demandé pardon » … et la liste est longue des non-dits.
Tous ces éléments bloquent le processus du deuil qui ne peut plus faire son chemin naturellement.
Laissez partir pour Faire son Deuil
Lorsque l’absence est intolérable, il est important de faire son travail de deuil.
Il faut se donner le temps et éviter ce qui pourrait raviver la plaie.
S’entourer de calme, de douceur, de bienveillance, s’entourer de choses qui vous apaisent (meditation, musique, animaux, personnes bienveillantes).
Soyez respecteuse de vos douleurs, n’écoutez pas les autres qui vous diront de « relativiser », de rester forts.
Bien que bien intentionnées, ces personnes peuvent contribuer à davantage de culpabilité, d’incompréhension et de stress, car ni votre corps ni votre cœur n’est prêt à lâcher prise de la douleur.
C’est votre mécanisme de défense face à l’agression émotionelle que vous avez subie.
Respectez vos besoins, parlez quand vous pouvez, pleurez quand il faut, n’ayant honte de vos fragilités, cultivez vos moments de paix intérieur, les petits plaisirs de la vie et dans votre tête ne gardez que les bons souvenirs de ce qui fut.
Et laissez le temps agir.
Evitez toute personne toxique, situation ou interaction, qui immanquablement vous polluera et vous ferez réaliser encore un fois l’absence de cet personne perdue.
Petit à petit, à votre rythme, vous construisez un chemin vers à la paix, pour commencer à vous ouvrir à la vie que le défunt aurait voulu pour vous.
Et vous réapprenez à vous non pas en l’oubliant, mais en vous habituant à son absence, tout en gardant le meilleur de son souvenir et de son amour qui est lui, immortel.
Article rédigé par Fériel Berraies
Sophrologue certifiée RNCP spécialisée en Entreprise, et hypnothérapeute
Son profil therapeutes.com
Sources : Therapeutes magazine
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