Qu'entend-on lorsqu'on évoque une compréhension profonde? La compréhension dans le corps dépasse les mots et les rend fades et creux, ils sont pauvres face à la richesse immense de la sensation. Le ressenti relève presque de l'inexprimable parce qu'il relève de l'expérience.

Prenons un exemple: l'espace. Celui autour de moi et celui en moi. Si je pense à cet espace, je peux le concevoir, et nous humains, sommes les rois de la conception! Mais si je respire, et si je respire en conscience, si je pratique régulièrement cette respiration consciente, je vais sentir cet espace en moi, et reconnaître les sensations dans mes mains, mes jambes, mon ventre, ma gorge, dans tout mon corps. L'espace autour de moi, je peux le regarder, je peux entendre, je peux toucher. Et puis je peux marcher, danser, descendre ma conscience dans mes pieds et partout dans mon corps jusqu'à me laisser être dansée. Je peux alors marcher dans la foule sans bousculer qui que ce soit, et quand je danse, non pas oublier ma tête mais ne plus la laisser diriger mes mouvements. Ces sensations ne viennent pas par décision, mais de la pratique régulière.

Lorsque je danse en tournant comme les derviches, enracinée par un pied, je peux ressentir dans tout mon corps l'espace, l'immobilité dans le mouvement, évoquée dans les Evangiles. Je suis à la fois verticale et horizontale, centrée et spacieuse.

On parle d'intégration. Et le temps d'intégration n'est pas celui de la conscience, notre espace-temps à la fois rassurant et parfois si terrifiant. L'intégration est le chemin que suit notre Conscience de notre tête à nos cellules. Comme le disait Sri aurobindo, l'homme de demain émergera par la transformation profonde de ses cellules qui le conduira à l'homme supra-mental - au-delà de l'homme mental.

Pour moi qui ai un mental bien huilé depuis longtemps, ce chemin n'a pas été facile. J'ai pu me rendre compte il y a déjà quelques temps que mon mental était une protection, une place forte pour me protéger d'un émotionnel débordant. Ce que j'ai compris il y a peu, c'est qu'il m'empêchait aussi d'entrer dans mes sensations, mes ressentis, et cette voie est la seule qui nous mène à l'instant présent, à l'infini de l'instant présent. Mes pensées peuvent me balader un peu partout, en particulier dans le passé et le futur, dans mes jugements sur moi et sur l'extérieur; mon corps, lui, est ici, maintenant, il ne me promène ni ne me fourvoie. Ce sont mes interprétations qui peuvent me détourner, pas mes ressentis.

C'est difficile à dire, ça ne s'explique pas, ça se vit. Et ce que je sens de plus en plus, c'est que c'est dans cette expérience-là que je touche à l'ineffable. Par instants infinitésimaux et à la fois illimités.

Le terme lui-même de compréhension peut porter à confusion. Pourtant, c'est bien de cela qu'il s'agit. Soudain, quelquefois après un long travail, patient et sans attente particulière, soudain donc, quelque chose est saisi, un quelque chose limpide, évident, et...indicible.

 

(article repris sur mon blog: blogosapiens?

 

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Commentaire de Isabelle de Penfentenyo le 6 Mars 2011 à 10:08
Merci Roland. :-)

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