L’amour qui n’est pas fou n’est pas l’amour.
- Pedro Calderon
Bien qu’il ne soit composé que de cinq lettres, le mot amour est l’un des plus grands. Qu’est-ce que l’amour ? C’est une question éternelle qui est probablement sans réponse, mais c’est quand même amusant de chercher une réponse. Mon article présente quelques approches de l’amour, principalement la plus intéressante – l’amour romantique.
Le premier problème est sémantique, le mot ‘amour’ étant utilisé de façons tellement différentes. Peut-être plus que n’importe quel autre mot, "amour" peut signifier tout, ou presque rien. On l’utilise souvent sans même y penser. Quand quelqu’un dit ‘Je l’aime’ en parlant de la personne qui partage sa vie, ça ne veut pas dire grand-chose pour moi, jusqu’à ce que j’en sache beaucoup plus sur leur relation.
Signalons aussi que dans d’autres langues, le mot ‘amour’ a un usage plus limité; par exemple en polonais il est impossible de dire ‘J’aime le chocolat’.
1 Je ne peux pas vivre avec toi ni sans toi.
2 En amour le paradoxe est que deux choses deviennent une et pourtant restent deux. (Erich Fromm)
3 Quel paradis est l’amour ! Quel enfer ! (Thomas Dekker)
4 La réduction de l'univers à un seul être, la dilatation d'un seul être jusqu'à Dieu, voilà l'amour. (Victor Hugo)
5 L'illusion qu'une femme est différente d'une autre. (HL Mencken)
6 Dieu est Amour, j'ose dire. Mais quel Diable malin est l'Amour. (Samuel Butler)
7 Il en est du véritable amour comme de l'apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu. (La Rochefoucauld)
8 Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. (Jean 15.13)
9 En amour, la ruse est de bonne guerre.
10 Si quelqu'un dit: J'aime Dieu, et qu'il haïsse son frère, c'est un menteur; car celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il n’a pas vu? (Jean 4.20)
11 Plaisir d'amour ne dure qu'un moment. Chagrin d'amour dure toute la vie. (J-P Claris de Florian)
12 L'amour est avant tout le don de soi-même. (Jean Anouilh)
13 Il n'y a guère de gens qui ne soient honteux de s'être aimés, quand ils ne s'aiment plus. (La Rochefoucauld)
14 Un cœur qui aime est la sagesse la plus vraie. (Charles Dickens)
15 Aimer et être prudent
Dépasse la force d'un homme. (William Shakespeare)
On ne dirait pas que toutes ces citations se rapportent à la même chose. Comment peut-on éviter la confusion ?
Comment pouvons-nous comprendre le crime passionnel, quand un mari jaloux tue la femme qu’il adore, ou le dicton ‘Qui aime bien châtie bien’ ?
Une grande confusion vient du fait que le mot ‘amour’ fait référence à la fois à une émotion et à une attitude ou prédisposition. L’émotion que nous ressentons dans notre cœur et que l’on appelle l’amour, est une expérience fugitive, comme tous les autres sentiments. Ca peut durer une journée, une heure ou seulement un instant. Cela ne peut demeurer permanent et immobile, pas plus que la colère ou la tristesse, aussi longtemps qu’elles puissent durer. Bien que ce soit merveilleux de ressentir cette émotion appelée l’amour, quand cette émotion est absente, elle est absente, et on ne peut la provoquer même par la meilleure volonté du monde. Contrairement à l’émotion de l'amour, l’attitude de l’amour peut être une orientation permanente.
La différence déterminante entre l’amour-sentiment et l’amour-orientation est visible dans le comportement d’une personne qui aime passionnément mais qui agit cruellement envers l’objet de son amour.
L’émotion de l’amour n’est pas une forme plus intense de l’amitié ; c’est fondamentalement différent. Certaines personnes aiment une personne mais ne l’apprécient pas. Une autre erreur courante est de voir l’orientation de l’amour comme « tout ou rien ». Si je fais quelque chose en étant complètement désintéressé, alors cet acte est une expression de mon amour, quelle que soit son importance, et indépendamment de mes sentiments pour cette personne.
Le sentiment d’amour est souvent, mais pas toujours, accompagné de l’orientation d’aimer, c’est-à-dire être gentil avec ceux qu’on aime. Pourtant, on peut prendre soin d’une personne sur une longue période de temps, pendant laquelle on peut ne ressentir de l’amour que de temps en temps, voire même pas du tout.
Stephen Covey a pointé que l’amour se fonde sur des actes, autant que par les sentiments qu’il nous inspire. Les gens conduits par leurs sentiments ne prennent pas de responsabilité en amour. Ils n’ont pas conscience que le sentiment d’amour peut se reconquérir. Il se regagne quand nous agissons d’une façon aimante : en affirmant, appréciant, en étant attentif, gentil, affectueux, en faisant de petits sacrifices et en étant généreux, en communiquant, et en cherchant à comprendre notre partenaire. Un autre exemple est de ne pas remarquer les petits défauts de l’autre personne. Il est important de réaliser que ces actions ne dépendent pas du sentiment d’amour mais que l’amour en est la conséquence. Les personnes qui agissent avec amour créent le sentiment d’amour en elles-mêmes. Evidemment c’est ainsi que l’autre personne répondra d’une façon positive.
On peut argumenter que nous avons besoin d’être créatifs pour être aimants envers les autres personnes. Par contraste, regardez le mari qui achète le même bouquet d’oeillets rouges tous les vendredis pour sa femme.
Krishnamurti a fait une distinction entre l’amour et le sentiment :
Être sentimental, être émotif, ce n'est pas de l’amour, parce que la sentimentalité et l'émotion sont seulement des sensations. Une personne croyante qui pleure au sujet de Jésus ou de Krishna, au sujet de son gourou ou de quelqu'un d'autre, est simplement sentimentale, émotive, il lui est impossible de savoir ce qu’est l'amour. Encore, ne sommes-nous pas émotifs et sentimentaux ? La sentimentalité, l’émotivité, est simplement une forme d'auto-expansion. Être empli d'émotion n'est évidemment pas de l’amour, parce qu'une personne sentimentale peut être cruelle quand on ne répond pas à ses sentiments, quand ses sentiments ne trouvent pas d’exutoire. Une personne émotive peut être motivée pour haïr, pour faire la guerre, pour massacrer. Un homme qui est sentimental, plein de larmes pour sa religion, n'éprouve sûrement aucun amour.
Scott Peck ajoute, « C’est facile et pas du tout déplaisant de trouver une preuve d’amour dans nos propres sentiments. Cela peut être difficile et douloureux de chercher une preuve d’amour dans nos propres actes. » Il cite l’exemple d’un alcoolique dans un bar qui, les larmes aux yeux, parle au cafetier de l’amour qu’il a pour sa femme et ses enfants, et qui ont besoin de son attention à ce même moment. Dans une veine différente, Chet Snow prévient de ne pas prendre l’amour pour « le manège émotionnel et égocentrique de l'attirance sexuelle et du désir de possession. »
Pour revenir aux 15 citations, toutes ne sont pas facilement classables comme émotion ou orientation. Je pense que les n° 1, 3, 5, 6, 9, 11, 13 et 15 se réfèrent clairement à une émotion, tandis que les n° 8, 10, 12 et 14 se réfèrent clairement à une orientation. Peut-être que ce que nous disent vraiment ces citations c’est que l’amour est tellement mystérieux que personne ne sait réellement ce que c’est. L’amour est comme le contenu d’une boîte noire : chacun de nous y voit ce qui lui importe le plus.
J’ai pensé à ce qu’est l’amour pour moi, personnellement, quels en sont les aspects essentiels tels que je les ai vécus. J’ai listé : l’attention, la gentillesse et l’affection, être en communion avec empathie, et la confiance. L’amour réduit la séparation entre moi et une autre personne. Je le ressens comme un lien véritable, que je vis au plus profond de moi-même.
Au regard de ma liste, il me semble que le sentiment et l’orientation ne peuvent pas être séparés. Prenons l’attention, il s’agit bien d’une orientation, mais peut-elle être séparée du sentiment ? Vous êtes sûrement attentionné parce que vous ressentez quelque chose pour cette personne ou cette chose. La gentillesse et l’affection sont des sentiments mais peuvent-elles être séparées d’une attitude amicale ? La proximité est un sentiment mais c’est aussi une décision de s’impliquer, d’accepter d’être vulnérable, de laisser tomber nos défenses. « Etre en communion avec » est évidemment un sentiment, mais il existe un autre mot pour l’exprimer : empathie, qui est une forme de relation à l’autre. L’empathie peut être juste une technique, comme dans le conseil. La confiance est une attitude mais qui est clairement chargée de sentiment.
C’est la question de l’oeuf et de la poule : est-ce que je me sens proche de ma partenaire parce que je l’ai décidé ou parce que c’est une tendance chez moi, ou bien mon attitude d’ouverture naît-elle du sentiment que j’ai quand je suis avec elle ? Il est clair que l’un se nourrit de l’autre. Quand je pense à mon amour pour elle je pense à ma relation à elle, et cette relation inclue à la fois les sentiments et les orientations, qui sont inextricablement liés.
Ainsi la division de l’amour en sentiment et orientation est quelque part artificielle. Un peu comme de parler des traces que laissent les roues avant et arrière d’un vélo, qui roulent sur le même chemin. C’est bien de se rappeler que nous, les êtres humains, sommes basiquement conduits par nos émotions. Nos attitudes et nos orientations de vie ne viennent pas d’analyses ou de pensées rationnelles, mais naissent de notre vie émotionnelle. Pourtant il me semble que diviser simplement l’amour en sentiment et orientation peut nous aider à comprendre le paradoxe des gens qui sont cruels envers ceux qu’ils disent aimer. En bref, on ne peut être égoïste et cruel envers l’autre personne si notre attitude envers elle est aimante.
A des fins d’analyses, il me semble que l’amour peut être divisé en sentiment et orientation, et que cette orientation d’amour peut être elle-même divisée en plusieurs composantes. Cependant rien de complexe ne peut être réduit à la somme de ses composants, et l’amour particulièrement. Ainsi il est important de se rappeler que ce que je présente ci-dessous n’est qu’un modèle, une façon de tenter de comprendre ce qu’est l’amour. Si cela trouve une résonnance avec votre propre expérience ou clarifie les choses alors cela aura servi à quelque chose.
L’amour-orientation est basiquement prendre soin de la personne que nous aimons. C’est vouloir le bien-être de l’autre personne sans aucun profit pour soi-même. L’amour est de la bonne volonté sans motivation. Nous pouvons facilement dire si nous aimons ou pas. Nous aimons si nous faisons quelque chose pour une personne purement parce que nous lui voulons du bien, sans arrière-pensée de récompense, de gratitude, ou même d’augmentation de l’estime de soi. Une indication est quand nous n’avons pas besoin que l’autre personne sache que nous avons fait quelque chose pour elle. Cela va sans dire, les actes accomplis par obligation, devoir ou culpabilité ne sont pas des expressions de l’amour.
L’amour est sa propre motivation. Etant la source ultime de motivation, il n’y a rien derrière. Il y a beaucoup d’autres motivations, tels que le plaisir, la sécurité, le pouvoir, l’acceptation, le devoir, la liberté et l’accomplissement. Ces autres motivations manquent de l’auto-suffisance de l’amour. Quand vous aimez quelqu’un, vous en prenez soin pour son propre bien, pas pour le bénéfice ou l’effet que vous en retirez. L’objet de votre amour a une valeur intrinsèque pour vous, c’est-à-dire une valeur indépendante de votre propre existence. L’amour a besoin du profit pour l’autre, sans profit pour soi-même. Peut-être en fin de compte que l’amour c’est vouloir le profit pour l’univers, pas pour notre bien individuel.
Je ne sais pas s’il est possible d’analyser le sentiment que nous appelons l’amour. Cependant, l’amour-orientation dans une relation adulte peut être analysée en composantes : l’attention, le respect, la connaissance, le don, le savoir-recevoir, l’acceptation et l’intimité.
L’attention est primordiale. L’amour sans attention n’a aucun sens.
Vous ne pouvez pas aimer ceux que vous ne respectez pas, vous ne pouvez qu’en avoir pitié. L’amour implique une considération inconditionnelle, c’est-à-dire respecter et apprécier l’autre personne, indépendamment de ce que vous pensez de ce qu'elle fait ou dit. Il est possible de respecter même un petit enfant, d’apprécier son autonomie et de respecter ses potentialités.
Il est essentiel de connaître la personne, autrement vous pouvez n’aimer que l’idée que vous vous faites de cette personne et pas la personne elle-même. C’est ce qu’on appelle la projection – voir à l’intérieur des autres ce qui est en fait dans votre propre esprit. La connaissance impliquée dans l’amour n’est pas un élément statique ; c’est plutôt une compréhension grandissante de l'autre personne, une perception de plus en plus précise de ce que cela fait d'être elle.
Si vous n’êtes pas dans le don avec la personne que vous dites aimer, alors elle ne compte pas vraiment pour vous. Bien sûr, tous les dons ne sont pas l’expression de l’amour. Le mari accro à son boulot qui donne de l’argent mais est avare de son temps en est une illustration évidente. Donner d’une manière aimante signifie répondre aux attentes ou aux besoins des autres, pas seulement donner ce qui est facile pour vous. Connaître l’autre est indispensable puisque ne pas savoir ce dont il a besoin peut saboter votre don. La transaction – je te donne ceci si tu me donnes cela – n’est pas non plus une expression de l’amour.
La nécessité de savoir recevoir est moins évidente. Si vous savez donner mais pas recevoir, cela signifie que vous ne vous mettez pas au même niveau que l’autre personne. Si c’est une habitude dans la relation, cela conduit au mépris, bien qu’on n’en soit pas forcément conscient. Il n’y a de véritable lien avec l’autre que quand on sait à la fois donner et recevoir librement. Si on ne sait pas recevoir alors on reste séparés. Recevoir est plus facile à dire qu’à faire. Il est souvent plus facile de faire une faveur que d’en demander une. Un aspect intéressant du savoir-recevoir est que vous aurez toujours un problème avec cela tant que vous serez incapable de donner sans en attendre rien en retour.
Evidemment c’est impossible d’aimer quelqu’un que l’on n’accepte pas. Le jugement que vous portez ne peut que causer la séparation. La question serait donc plutôt : A quel point avez-vous besoin d’accepter quelqu’un pour pouvoir l’aimer ?
L’intimité est l’élément le plus complexe et le plus fascinant de l’amour. L’intimité c’est être lié à l’autre par un contact émotionnel profond, un sentiment de proximité avec l’autre. C’est l’exact opposé de la séparation ou de l’aliénation. Les manifestations les plus carastérisques de l’intimité sont la tendresse et l’affection. Un trait important de l’intimité est que c’est irremplaçable. On peut remplacer un beau visage ou un beau corps – ou même une belle personnalité – par un autre. Il n’en est pas de même avec cette qualité appelée l’intimité.
L’intimité est plus une forme de relation à l’autre qu’un sentiment. Etre intime avec une personne signifie que nous sommes vraiment nous-mêmes avec elle, sans aucune barrière ni façade. C’est possible seulement quand on est à l’aise avec l’autre, idéalement au point de se sentir comme quand on est seul avec soi-même. Ca prend du temps, ou plus exactement, cela requiert un processus long et mutuel de révélation de soi-même. Enfin, l’intimité signifie être totalement connu de l’autre, c’est-à-dire ne rien tenir caché consciemment. Montague Ullman explique l’importance de cela, « La liberté de dévoiler qui l’on est est également la liberté d’être soi-même. »
Il y a quatre facteurs importants liés à l’intimité : l’empathie, l’ouverture, la vulnérabilité et la confiance.
Si les sentiments de la personne que vous aimez n’ont pas beaucoup de valeur pour vous alors c’est une forme d’amour de bas niveau, si c’est de l’amour. Ca ne peut aussi qu’empêcher l’intimité. Ainsi l’empathie – être attentif aux sentiments de l’autre et les respecter – est également indispensable. Si vous n’êtes pas ouvert alors vous ne vous impliquez pas dans la relation, ce qui exclue l’intimité. Le manque d’ouverture mais couplé avec l’empathie signifie une relation inégale, comme dans les situations de conseil. Quand nous sommes sensibles et répondons aux sentiments des autres mais sommes incapables de dévoiler nos propres sentiments intimes, alors nous maintenons une défense. A moins qu'il y ait à la fois l'ouverture et l'empathie, la séparation demeure. Ceci est similaire au besoin de donner et de recevoir.
L’intimité demande plus que d’être connu, cela signifie être totalement accessible. Car une totale intimité signifie être touché au plus profond de soi par l’autre, sans aucune barrière. Cette volonté ou capacité à s’autoriser à être touché est inhérente à la vulnérabilité.
La vulnérabilité est paradoxale. Bien qu’elle semble être une faiblesse, c’est en fait une force. En réalité nous sommes tous vulnérables parce que nous sommes sensibles. Pourtant nous dissimulons souvent notre vulnérabilité sous une apparente dureté, l’humour, en étant cynique ou en intellectualisant. S’autoriser à être vulnérable signifie ouvrir son cœur à l’autre. Cela peut conduire à être blessé par l’autre mais l’alternative est de construire une barrière défensive, ce qui est finalement encore plus douloureux. La vulnérabilité dépend de la confiance en l’autre.
Holmes et Rempel pensent que les peurs suivantes contribuent à la peur d’être vulnérable : la peur d’être rejeté et blessé ; la peur de perdre son individualité ou d’être englouti ; la peur de voir ses faiblesses exposées ; la peur des ses propres impulsions destructrices si on déchaîne ses sentiments ; la peur que l’information divulguée soit utilisée ultérieurement comme munitions ; la peur de perdre le contrôle.
Je crois que la confiance est la clef de voûte de l’intimité dans une relation d’amour entre deux adultes. La confiance est plus qu’un haut degré d’ouverture et d’honnêteté des deux côtés. Ca comprend la certitude de pouvoir compter sur l’autre, que l’autre ne se comportera pas de façon irresponsable ou égoïste dans les moments importants. Avoir confiance en l’autre implique de sa part une loyauté et une affection inconditionnelles. Dit simplement, la confiance est l’assurance de savoir où on en est avec l’autre, que l’autre personne est « de notre côté ». Enfin, avoir confiance en quelqu’un signifie ne pas en avoir peur. Sans un degré quelconque de confiance, l’intimité est impossible.
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