Nous sommes une trentaine, munies de nos tambours, à l’écoute de la pulsation de l’hiver, pour en capter la mélodie saisonnière. Dans la journée, nous créerons un chemin de lumière en allumant des bougies, pour symboliser l’entrée dans la nuit hivernale, éclairée par le feu de notre conscience qui, lui, ne s’éteint jamais. Ce « cercle du solstice d’hiver » est animé avec douceur par l’écothérapeute Marianne Grasselli Meier, en écho à l’énergie hivernale. « La terre est en repos, préparons-nous à faire de même ! » , explique-t-elle. Un challenge pour notre époque exténuée par nos rythmes frénétiques incessants, quelle que soit la saison. « Depuis la nuit des temps, de manière intuitive, les humains ont adapté leur mode de vie en fonction des rythmes de la nature, des saisons, de la course de la lune… Avec la modernité, nous agissons à contre-courant et sommes de moins en moins à l’écoute de ces cycles. Ces attitudes créent des déséquilibres, nous déréglant peu à peu et nous éloignant d’une vie naturelle et épanouissante » , observe Catherine Sorolla Menassieu, art-thérapeute, formée en ethnomédecine. D’où, sans doute, le retour des cercles et des rituels autour des équinoxes, des solstices et des pleines lunes, preuve d’un profond besoin de s’accorder à nouveau aux cycles de la vie, et d’en célébrer les passages lors d’événements festifs. Gaïa appelle ses enfants et nous sommes de plus en plus nombreux à répondre présents !
Les saisons comme enseignements
« Les Amérindiens connaissaient ces cycles. Ils avaient une vision de l’année circulaire, comme un mouvement perpétuel dont l’impulsion débute avec le solstice d’hiver, le soleil donnant la rythmique des saisons et la lune celle des mois » , rappelle Catherine Sorolla Menassieu. Dans cette manière d’appréhender le monde, le cycle annuel se déroule selon un découpage en douze périodes, marquées par quatre grands portails énergétiques, les solstices et les équinoxes. La compréhension de ce système calendaire permet l’harmonisation de nos cycles personnels avec ceux de la Terre-Mère ! Une tradition dont on retrouve trace également chez les Celtes.
« La majorité des calendriers sont luni-solaires, c’est-à-dire établis en fonction des 12 lunaisons, couplés au cycle des saisons et régis par la marche du soleil » , explique Marie Motais, art-thérapeute, enseignante en sagesse celtique. Un héritage qui émerge à nouveau aujourd’hui,
« pour que le soleil et la lune ne se bornent pas à décrire en aveugles un arc à travers le ciel et que les multiples voix de la nature murmurent à nouveau à nos oreilles ! » , ajoute-t-elle. S’impose alors comme une évidence :
« La nature est l’enseignante dont nous avons besoin à l’heure actuelle ! » , affirme avec conviction Marianne Grasselli Meier.
« Elle nous rappelle le rythme vital qui est le nôtre : croître, s’épanouir, maturer, décroître et se reposer. » Un avis partagé par le sociologue et écrivain américain Théodore Roszak, pour qui
« l’être humain et la planète sont inséparables ; de la bonne santé de l’un dépend celle de l’autre » .
À l’heure actuelle, les vertus d’une simple promenade en nature ou des bains de forêt sont largement reconnus : ralentissement, centrage, apaisement du mental, reconnexion. S’il s’agit d’un grand pas en avant, Marianne Grasselli Meier propose d’aller plus loin :
« Ritualiser, c’est prendre le temps de sentir cette nécessité de reliance à la nature, puis d’en percevoir une autre portée : lorsque je suis dans la nature, quelque chose de plus grand que moi vit en moi. » Nous pouvons alors accéder à une « spiritualité de l’évidence ». Selon un cycle immuable, la nature se fige en hiver. L’arbre perd ses feuilles et libère sa sève (son énergie vitale) au printemps, pour exhaler son parfum en été ! Pour en comprendre le sens, il est nécessaire de nous y accorder. Entrer dans le cycle des saisons est loin d’être anecdotique.
Les écorituels pour se reconnecter
Pour se reconnecter à la terre – Gaïa, comme l’appellent les anciens – et à son identité écologique, la pratique des écorituels ouvre une voie expérientielle efficiente.
« C’est un temps que l’on prend pour se reconnecter de façon ritualisée avec la nature. Un moment sacré » , précise Marianne Grasselli Meier. Une précision importante : l’écorituel ne se vit pas seulement en nature, mais avec elle.
« Il y a toujours une part de non maîtrisable et de mystère, car la nature intervient et offre ses messages. » Lors d’un rituel automnal de lâcher-prise, un principe que l’on pourrait illustrer par la chute des feuilles se détachant de l’arbre, Julie, une participante, jette une branche intentionnellement dans le cours d’un ruisseau, en signe de détachement
L’être humain et la planète sont inséparables ; de la bonne santé de l’un dépend celle de l’autre
Celle-ci reste « crochée » ; Julie va devoir se « mouiller » concrètement pour la laisser partir. Comme dans tout rituel, la pratique écorituelle implique les cinq sens, la gestuelle, la parole, le vécu du corps tout entier, mais aussi le paysage environnant.
« Un dénivelé, une grotte, une clairière, un panorama infini : tout est signifiant, pour une meilleure compréhension de soi et ses retrouvailles avec notre connexion naturelle » , précise l’écothérapeute.
La magie des célébrations saisonnières
« Les passages saisonniers ont toujours été fêtés ; c’était un temps de rencontre des communautés, où les hommes se préparaient ensemble à des activités en lien avec la terre (...)
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