Toute chose est un esprit. C’est la façon animiste de comprendre le monde. Le Père Thomas Berry disait une chose que j’aime beaucoup et qui s’applique bien ici : «le monde n’est pas une collection d’objets, mais plutôt une communion de sujets». Le vent a ses esprits, de même que les arbres, l’herbe, les montagnes. Les «objets» sont aussi des esprits ; des tambours et percussions aux tasses à café et aux suspensions murales, en passant par les bâtons de marche, les carillons éoliens. En fait il n’y a que peu de raison de croire que même l’ordinateur sur lequel je suis en train d’écrire ceci n’est pas un esprit.
Cependant les esprits, en particulier ceux de la nature, n’occupent pas tous le même espace. Les esprits de Dana sont une façon d’articuler entre elles un phénomène multiculturel des traditions Irlandaises primitives. Dans la religion Shinto du Japon, on peut les appeler «Kami», chez les Bouddhistes Tibétains, ce seront les Dakinis. En Irlande, ces esprits sont collectivement connus sous le nom de «Tuatha Te Danann», le Sidhe (ou Sith ou encore Sí en Irlandais moderne), et ultérieurement, ils resteront dans la mémoire populaire comme le Peuple des Fées. Quand on parle des esprits de Dana, il n’est pas fait allusion qu’aux Tuatha Te Danann. Ceux-ci sont des esprits de Dana, mais ce terme peut aussi être appliqué à certains esprits ancestraux, ou à ceux qui habitent certains lieux du monde naturel, ou encore à certains objets.
J’aime tout particulièrement une cascade à Glendalough, dans le comté de Wicklow en Irlande, qui pour moi est un esprit de Dana. Une définition simple de ce terme pourrait être : tout ce qui évoque les caractéristiques de Dana ou du sacré.
Néanmoins, je préfère utiliser la définition du kami de Patricia Monaghan, ainsi qu’elle l’utilise pour illuminer l’idée de la Déesse en Irlande. Voici ce qu’elle écrit: «Cela fait allusion à ces moments, endroits, mythes ou êtres dans lesquels la présence divine se fait sentir d’elle-même. La floraison des cerisiers, l’affleurement aigu d’une roche, le soleil trouant les nuages : ce sont des kami car ils nous rappellent l’ordre – la divinité – dans lequel nous sommes nés. En Irlande, de même, on peut expérimenter la présence de la Déesse comme une hiérophanie (manifestation du sacré), une faille par laquelle la puissance divine entre dans notre conscience humaine, grâce à des arrangements naturels et des moments spécifiques comme moyen de communication.
La pratique est alors ceci : promenez-vous dans la nature, dans un endroit qui est particulier pour vous, vers où vous vous sentez attirés. Allez-y avec l’intention d’identifier les esprits de Dana dans cette zone, et un esprit aîné qui fasse office d’ambassadeur pour le numineux de l’endroit. Pour faire cela, mettez-vous simplement en accord avec l’endroit pendant que vous vous y promenez. Faites attention à vos ressentis, vos sens (psychiques et non physiques), et là où votre regard est le plus attiré. Quelles caractéristiques du paysage semblent «porter l’espace» ? Qu’est ce qui, évoquant une qualité de divine beauté, chante à votre âme ?
Quand vous avez identifié cet esprit, vous pouvez envisager de faire une offrande (j’utilise souvent le tabac ou le Whisky aux Etats Unis). Ensuite, restez simplement quelques temps comme cela. Vous pouvez aussi ouvrir un dialogue. Parler avec la nature est différent de parler avec d’autres humains.
Il est évident que les pierres et les arbres ne parlent pas Français (ni quelque autre langage humain). Ils ont un langage différent. De la même façon que nous pouvons lire un livre, nous pouvons aussi lire la nature : les ombres qui tombent le long de la surface d’une pierre, le bruissement des feuilles d’un arbre, le glougloutement d’un ruisseau ou le chant des oiseaux. Ce sont tous des langages de plein droit, et si nous pratiquons l’ouverture d’esprit et écoutons attentivement avec nos sens intuitifs, alors ces langages deviendront aussi clairs que si nous conversions avec de vieux amis.
Dans tous les cas, le simple fait de passer du temps dans la présence de ces esprits est suffisant. Notez comment ils vous affectent, comment ils semblent, dans l’espace où ils se tiennent, apporter une ouverture vers le liminal, là où nous pouvons rencontrer la numinosité de l’âme. Ce sont là les véritables aînés de la tradition. Ils sont les véritables druides.
Les sens physiques
Cette pratique est assez simple, mais l’expérience peut être relativement profonde. Combien de fois sommes-nous attentifs à la présence physique de la nature ? Même quand nous sommes à l’extérieur, nombre d’entre nous ont tendance à être distraits. Notre esprit erre loin de nous, et soudainement nous ne sommes plus du tout dans la nature !
Nous sommes de nouveau au bureau, en classe, dans de vieilles disputes, ou en train de nous demander ce que nous allons manger le soir. Voici alors la pratique : passez du temps en extérieur, dans la nature, autant que vous le pouvez. La façon dont vous le faites n’a pas vraiment d’importance. Partez en randonnée, asseyez-vous sous un arbre, errez sans but dans un parc ou nagez dans une rivière. Prêtez attention à la présence physique de la nature. Cela peut vous aider de vous concentrer sur chacun de vos sens physiques, un par un.
Qu’entendez-vous ? Passez du temps juste à écouter la nature, que ce soient ses sons ou ses silences. Que voyez-vous ? Prenez le temps de vous concentrer sur une couleur, une lumière, une ombre, un mouvement, l’immobilité.
Que sentez-vous ? passez du temps dans les senteurs de la nature ; le parfum des fleurs, de l’herbe, du sol. Que goûtez-vous ? N’ayez pas peur d’explorer cet espace également !
Quel goût l’air a-t-il ? Si vous connaissez les plantes comestibles de la région, goûtez-les (attention : soyez certains d’avoir bien identifié ces plantes). Maintenant reportez votre conscience sur la totalité de ce que vous voyez, et passez encore un peu de temps à être pleinement attentifs et conscients du tout, quelle que soit la nature des informations qui parviennent à vos sens.
Vous pouvez aussi essayer de faire ce qui suit quand vous aurez fini : répétez cet exercice sensoriel dans une ville ou une grande cité. Que remarquez-vous des réactions de vos sens suivant l’environnement ? A quel moment s’ouvrent-ils le plus ? Quand se taisent-ils ? Passez autant de temps que vous en avez envie à pratiquer cet exercice ; je vous invite à le répéter souvent. Passer du temps dans la nature en accordant nos sens à sa présence physique peut nous révéler autant de trésors que de parler avec les esprits ou prêter attention aux plans non ordinaires de la réalité.
Créer un lien avec les lieux
Allez dans le monde vert de la nature, plus c’est sauvage et mieux c’est. Si le seul endroit où vous pouvez aller en extérieur est un parc public ou un jardin, ou même un magasin de jardinage, ce sera toujours ça. Utilisez tout ce qui peut être à votre portée.
Trouvez un endroit qui vous attire, qui soit suffisamment confortable pour pouvoir y passer un peu de temps. Cela peut être un arbre particulier, une pierre, la rive d’une rivière, une clairière en forêt, votre coin favori du jardin ou votre droséra adoré. Installez-vous confortablement et prenez le temps d’être bien présent. Branchez-vous sur vos sens physiques, et notez ce que vous remarquez.
Commencez par être conscient de vous-mêmes comme étant «l’observateur» du lieu. Maintenant modifiez votre perception, et soyez conscient de vous-mêmes comme étant «l’observé». Continuez en modifiant votre perception entre les deux états, et notez ce que vous remarquez. Puis, portez votre attention sur la présence physique du lieu. Restez ainsi un petit moment.
Maintenant imaginez pendant quelques temps que ce que vous ressentez comme étant la présence physique du lieu est aussi sa présence spirituelle. Restez ainsi un petit moment. Allez et venez entre l’expérience de la présence physique du lieu et celle de sa présence spirituelle. Notez ce que vous remarquez. Maintenant ayez conscience de vous-mêmes comme faisant partie de ce lieu, de la même façon que les arbres, les plantes, les rivières, la maison, les chats, etc. A quoi cela ressemble de participer à l’expérience du lieu ?
Voici quelques questions auxquelles j’aimerais que vous consacriez du temps, après cet exercice. Pendant la pratique de cet exercice, ai-je fait l’expérience de quelque chose que je considère comme sacré?
Dans les deux expériences du lieu, la physique et la «spirituelle», laquelle considérez -vous comme l’âme du lieu ?
Cet exercice vous demande de contempler la différence fondamentale qui existe entre la nature et l’âme. Quels sont les problèmes posés par la perception du physique et du spirituel comme une dualité ?
Francesca .Esprit channeling
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