Selon une étude publiée par l’Université de Stanford, le contact avec la nature serait à même d’influer positivement sur notre cerveau (en modifiant le flux sanguin dans le cortex pré-frontal), et notamment comme prévention contre la dépression.
Comment expliquez un tel phénomène ?
Hervé Platel : La région du gyrus cingulaire antérieur est la partie du cerveau ciblée dans l’étude.
Elle montre une suractivité chez les personnes qui ont tendance à la « rumination mentale », terme qui désigne l’état des personnes qui n’arrêtent pas de penser, qui ont du mal à lâcher prise, à se déconnecter. C’est pour cela qu’aller dans un parc, un espace vert, peut-être un moment de calme. Un moment de repos pour notre pensée, notre psychisme et bien sûr notre cerveau.
Parmi les contextes qui a priori moduleraient la dépression et les états anxieux, on sait par exemple qu’il y a l’activité physique. Des études montrent que la marche à pied est source de régulation positive. Les gens qui vont faire de la marche à pied, qu’elle soit effectuée en ville ou dans la nature, vont bénéficier d’une neuro-régulation, et avoir tendance à être moins stressés et moins dépressifs.
En effet, l’activité physique peut entraîner une réduction de l’activité cérébrale dans certaines régions du cerveau. Mais cela ne signifie pas que l’état de rumination mentale soit lié à une activité cérébrale trop intense. Ce n’est pas aussi simple car dans le cerveau, il y a des effets d’équilibrage.
Il y a des endroits dans le cerveau qui peuvent montrer une suractivité qui est corrélée avec des comportements négatifs. Mais à l’inverse, on va avoir des régions du cerveau qui montrent une sous-activité, voire une activité anormalement basse, et qui est là aussi corrélée avec une manière de pensée qui est négative.
Comment le fait de marcher dans la nature modifie le cerveau: de tels effets sont-ils durables ? Une exposition prolongée est-elle nécessaire pour produire des effets observables ?
On peut penser que c’est la préservation de l’activité, le fait de la faire perdurer, l’entrainement, qui est quand même le plus efficace. C’est-à-dire que lorsqu’on arrête les balades, les exercices physiques, la méditation, on peut avoir une résurgence des pensées négatives. Il y a donc un entretien à produire.
C’est comme lorsqu’on veut entretenir son corps pour être en forme. Il est bien évident que pour notre état mental, le cerveau, c’est la même chose. Si on ne continue pas à entretenir cet état, à travailler dessus, potentiellement les effets ne vont pas durer.
C’est une question de régulation. On casse le mécanisme de rumination en mettant le cerveau dans un mode de fonctionnement qui va en limiter l’effet négatif. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas penser à ses soucis, seulement, il faut un moment donné pouvoir casser cette boucle d’anxiété qui peut nous amener à ne penser qu’au négatif.
Inversement, de quelle manière la vie citadine produit-elle un stress sur notre cerveau?
De nombreuses manières. Le fait d’être dans un environnement où l’on est très sollicité, notamment perceptivement, le fait qu’il y ait du bruit autour de soi. Il ne faut pas caricaturer la vie citadine mais il est certain que dans les villes, on va avoir un mode de vie, un rythme, qui nous oblige à tout réaliser de manière peut-être plus précipitée. On prend moins le temps.
Evidemment la vie citadine est sensoriellement très agressive donc très stimulante. L’absence de moment de calme a tendance à augmenter le niveau de stress. On est toujours pris par quelque chose qui peut monopoliser notre pensée. C’est un environnement dans lequel il est peut-être moins facile d’arriver à se poser, se vider la tête et être dans la perception des sensations de manière calme.
D’autres environnements sont-ils susceptibles d’influer positivement sur notre cerveau ? Tous ceux qui permettent de focaliser sa pensée sur autre chose et empêcher les pensées d’être dans un cercle de rumination.
Pour prendre l’exemple des vacances, c’est un moment qui permet de se déconnecter des contingences matérielles du quotidien. Cela permet d’avoir d’autres types de pensées et d’être plus réceptif à notre environnement sensoriel, mais de manière plus contemplative. On est plus dans le moment présent et moins à ruminer des pensées.
Un moment donné, avoir une pensée vagabonde qui n’est jamais posée dans les sensations corporelles favorise l’obsession, la frustration ou l’angoisse. On sait très bien que l’on peut avoir le même résultat avec la pratique d’une activité physique, l’écoute de la musique relaxante ou encore la méditation.
Bien évidemment, ces recommandations peuvent paraître simplistes et tomber sous le coup du bon sens, mais s’il était si facile par soi-même d’arriver à décrocher de nos tracas quotidiens, certainement que la France ne serait pas un des pays européens où l’on consomme le plus d’antidépresseurs ! Ainsi, il est parfois utile de se faire aider transitoirement afin de trouver la bonne technique et accéder de nouveau à un bon équilibre mental et cérébral.
Propos recueillis par Emilie Gougache
Commentaires bienvenus
mon activité préférée! promenade avec le Loup, marche-méditation, marche-atelier LOA - contre dépression, et aussi d'éviter diabète, circulation etc...et mettre son dos au soleil c'est le pied
... connu en Amérique du Sud (les hommes des montagnes feraient pâlir nos sportifs aux jeux ol.), Himalaya, notamment chez les tibétains loung gom pa, Alexandra David-Neel rapportait (sic) "Il est, toutefois, à remarquer que l'exploit requis du loung-gom-pa se rapporte plus à une miraculeuse endurance qu'à une rapidité momentanée de sa course. Il ne s'agit pas pour lui de fournir à toute vitesse une course de 12 à 15 kilomètres, comme dans nos épreuves sportives, mais comme il vient d'être dit, de couvrir, sans arrêt, des distances de plusieurs centaines de kilomètres, en soutenant une allure de marche excessivement vive."
dans les années 80 j'avais entendu parler du training autogène : http://agirpoursasante.free.fr/remissions/pages/meditation.htm
merci pour cet article
Bonsoir Lovyves, merci,
merci à toi aussi Rocco, belle nuit.
Les grands poètes sont les hommes les plus précieux car ils capables d'exprimer toutes les nuances de la création..L'ART pousse la matière où il n'y a plus de limite de perfection.
L'ART ...c'est être soi-même Actif car la Poésie est l'art le plus parfait..
C'est "le pied" en quelque sorte.
Le poète marche sur la terre
Sur cette terre est sa vie, son paysage, son séjour et son horizon. Là est son transitoire, là se rencontrent ses semblables. Passant, passeur et passager, il s'y trouve en transit, coincé entre une naissance et une disparition dont il ne décide pas, n'ayant guère la maîtrise que de ses allées et venues. Plus ou moins hasardeuses, plus ou moins lointaines. Promeneur ou rôdeur, piéton ou paysan de Paris , le poète est un homme qui marche. En chemin dans la vie comme dans la langue, il interroge une provenance et une destination. Il répète « aller me suffit ». Il sait qu'il va mourir et prépare ses valises. La poésie est affaire de pieds, de pas comptés, de lacets élastiques et de souliers blessés.
Le poète marche sur la tête
Ce mortel en transit sur la terre lorgne du côté du ciel. Il est l'homme d'un souci qui s'aggrave, d'un imaginaire qui persiste, d'une rêverie qui s'attarde, d'un questionnement qui dure. Il pense à autre chose. Marchant sur la tête, il semble délirer. On pourrait croire parfois qu'il a perdu tout « bon sens ». Écoutez-le parler tout seul! Il engage un dialogue avec les animaux, les plantes, les objets inanimés ou les êtres disparus. Il procède « avec son moi oublieux de lui-même, vers ces régions de l'insolite et de l'étrange » (Paul Celan). Il va vers l'inconnu, l'indicible ou l'incompréhensible. L'énigme le fait avancer.
« Qui marche sur la tête a en vérité le ciel pour abîme au-dessous de soi ». Autant dire que le sol se dérobe sous ses pas, ou que sur le vide même il prend appui. Poète, celui qui fait du ciel un sol, celui qui retourne et fait basculer l'horizon, celui à qui l'infini donne son impulsion. Ses questions viennent y cogner comme à une porte close.
Allant sur la terre et sur la tête, il claudique. Ses « ailes de géant » l'empêchent de marcher. Il s'y prend les pieds. Il ne sera jamais un Dieu, il n'est pas encore tout à fait un homme. « Flâneur des deux rives », il va et vient entre deux côtés, de plus en plus boiteux à mesure que le divin s'éloigne. Le pied de Baudelaire n'est pas celui de Victor Hugo. Le pied de Verlaine, comme son vers, n'est plus celui de Ronsard. Encore moins le pied léger d'Achille, ou le pied ailé de Mercure voletant entre ciel et terre.
D'un poète à l'autre, la claudication s'aggrave, jusqu'à constituer, sous la plume de Verlaine, l'élément majeur d'une poétique, à l'image des fantoches qui traversent le parc abandonné des Fêtes galantes:
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques
Au poète de faire danser sa claudication, sans recours abusif aux chevilles lyriques, ni vers boiteux par accident.
Le poète marche sur les mains
Il avance dans la langue avec la main, en faisant aller et grincer la plume sur le papier, puisque telle est l'écriture.
Qu'y a-t-il dans la main qui trace des lignes, sinon, encore, des lignes : de vie, de coeur, de chance dit-on... Que fait le poète qui écrit, sinon déposer à même la blancheur l'empreinte de ces lignes-là, jusqu'à signer un texte de son identité? Elle est celle d'un destin (ligne de vie), et d'une parole destinée (ligne de coeur d'une voix « tendue vers un autre »).
« Je ne fais pas de différence entre un poème et une poignée de mains » écrivait Paul Celan. Qu'est-ce que lire un poème, sinon voir trembler sous nos yeux, en se mêlant aux nôtres (comme dans le geste où deux paumes se lient, s'impriment, échangent momentanément leur chaleur) les lignes de vie, de coeur et d'intelligence d'une destinée qui nous est destinée. Moment de partage d'un destin, telle est la lecture, dès lors que le poète parle « dans l'angle d'inclinaison de son existence ». Inclinaison du propre vers une altérité : celle à laquelle chacun est confronté en soi, celle que le poète a pour fonction d'émouvoir au-dehors de soi. Ni lui, ni son poème, ne sont destinés à quelqu'un en particulier, mais à « la main de personne », de quiconque. Tel une bouteille jetée à la mer, le poème est adressé à celui qui le trouve. De sorte que ce trouvère qu'est le poète (il trouve des mots, des tours, des formes); a pour interlocuteur inconnu ce troubadour qu'est son lecteur lorsque celui-ci découvre, accueille, reconnaît et s'approprie à son tour cette parole providentielle dont la particularité est précisément d'attendre d'être trouvée pour exister.
Le pas du funambule
Cet homme qui marche sur la terre, sur la tête et sur les mains, a tout d'un acrobate. Il fait des pieds et des mains pour essayer de suivre un chemin juste. Osant le grand écart entre ciel et terre, il va boitant et claudiquant comme font les vers. La vérité du poème tient au difficile maintien de ces trois démarches : marcher sur la terre, sur la tête et sur les mains. Aller, penser et destiner.
Funambule, le poète avance sur une corde en mesurant ses pas. Son existence tient à un fil: celui des lignes que sa main trace et qui dévident, page après page, l'écheveau de sa propre vie. Il danse à même les guirlandes ou les chaînes d'or qu'il a tendues entre les fenêtres ou les astres. Virtuose d'une altitude momentanée et relative, il s'affranchit tant bien que mal de la pesanteur. Ce danseur n'est pas un oiseau. Il connaît le poids de chair de son propre corps. Il ne vole pas dans le ciel, il essaie d'y marcher. Faire en haut des pas d'ici-bas. Ce passeur lie les mondes les uns aux autres, par l'ajointement des métaphores et des correspondances. Ce passant exaspère le risque inhérent à la finitude. Il risque le tout pour le tout, ou la partie pour le tout. Châtié d'avoir trop rêvé l'impossible, on le retrouve parfois pendu à la corde de son écriture comme à un gibet qui l'étrangle, tout près de faire entendre « le dernier couac », abandonné des dieux et maudit par les hommes.
Qu'est-ce donc que le poème, sinon une affaire de trame et de filage, avec des mots « tirés de soi(e) » : le fil horizontal des vers croise le fil vertical des rimes. Le vers est l'en allée, la solitude de la phrase. La rime est le retour, le mouvement de navette, le noeud de l'identité. Le poème inscrit jusque dans sa forme la fièvre du départ, le désir de l'envol, et le principe de réalité avec lesquels ces aspirations doivent composer, jusqu'à produire un objet dansant et pensant qui cadastre, ajointe, relie et prend la mesure juste du désir et de son défaut.
Si la destinée est un fleuve que chacun est contraint de suivre, le poème suit le fil de l'eau et le coupe en y jetant un pont. Penché sur Le Pont Mirabeau, tout près de s'en jeter, le danseur de corde regarde le ciel d'en bas, tel qu'au fil du fleuve il se reflète et s'ouvre « comme un abîme » au-dessous de lui. Il regarde là même où l'inaccessible vient se mirer et décide d'y mourir.
© Jean-Michel Maulpoix
Bonsoir,
Hum !
Si les villes sont à campagne, que reste te t'il de campagne ?
Donc, j'ai un cerveau dans les pieds; et, un pied dans le cerveau.
C'est ainsi que je marche sur tête.
Oui à la nature et à la marche, oui, oui, oui !
Il faudrait pouvoir mettre les villes à la campagne comme il a été dit. Jayani peut elle prêter un petit bout de son paysage pour y mettre un petit bout de ma ville ?
J'adhère complètement .....que du bonheur de partir marcher sur les chemins.....tout est plus clair instantanément
Merci Magdala pour ce bel article .
Pour ma part je pratique la marche afghane, "la douche intérieure" est une belle réalité.
http://epanews.fr/profiles/blogs/la-marche-afghane-le-yoga-de-la-ma...
Pour ajouter un commentaire, vous devez être membre de ‘épanews’.
Rejoindre épanews (c'est gratuit)