LE SAVANT orientaliste, le Dr de Henseler, a émis une ingénieuse hypothèse sur l’origine atlantéenne de la notion de réincarnation ou vies successives. Il est intéressant de la trouver justifiée une fois de plus par le fait que l’on retrouve, à l’heure actuelle, la même croyance chez les Peaux-Rouges dont les traditions fondamentales semblent bien refléter celles des ancêtres de l’époque atlantéenne.

Dr Bertholet reprend et résume un ouvrage de Paul COZE (Kanéo Kwaniow) de 1938 : "L’oiseau-tonnerre ou paysages et magie peaux-rouges".

Paul Coze, qui a vécu de longues années parmi les Peaux-Rouges d’Amérique et qui s’est efforcé de gagner la confiance des indigènes, a pu obtenir des renseignements très intéressants en ce qui concerne les croyances de ces peuplades en un Dieu Un, en la préexistence, en la pérennité des âmes et en leur retour dans des corps de chair pour faire leur évolution spirituelle. De son ouvrage : L’oiseau-tonnerre ou paysages et magie peaux-rouges, on peut tirer maint enseignement utile. La première chose que l’auteur demande de celui qui veut étudier les mœurs et coutumes de ces peuples, c’est de se débarrasser de notre sentiment faux de « supériorité » que nous croyons détenir du fait de notre science matérialiste, car si, à ce point de vue, ces indigènes sont très arriérés, ils nous dépassent de beaucoup en spiritualité et en facultés intuitives, celles-ci leur permettent de saisir des faits et des lois du monde suprasensible qui nous sont complètement fermés et que nous ne pouvons comprendre ni expliquer avec nos théories et nos sens matériels.

Pour arriver à pénétrer la mentalité de l’Indien, nous dira Paul Coze, il faut chercher à la sentir, à se l’assimiler, alors on fait de fructueuses découvertes. « Avouons-le, dit-il, nous n’abordons l’étude de cet « être vivant dans la Nature » qu’avec un sentiment parfait de notre suffisance et ceci rend d’autant plus difficile la compréhension de sa mentalité. » Et, de fait, il ressort de l’étude de l’auteur que l’Indien est un être profondément religieux qui voit la main de Dieu (Wakanda) partout dans la nature ; tout y arrive de par Sa volonté et cela pour notre bien final, qu’il s’agisse d’épreuves ou de joies. Le hasard pour eux est un mot vide de sens, « c’est, affirment-ils, une invention des blancs ». Les Indiens ont un infini respect pour cette force mystérieuse qui donne la vie à tout être, d’où il découle que chez eux la femme est particulièrement honorée. Un chef sioux a dit : « La puissance des hommes est quelquefois de pouvoir ôter la vie à un autre être, mais en ce faisant, ils n’atteindront jamais la gloire de la femme, qui, elle seule, peut donner la vie. » Pour exprimer ce pouvoir mystérieux auquel croient les Indiens, l’auteur emploiera le terme iroquois d’Orenda qu’il définira comme suit :

1. L’Orenda : Force, puissance magique, inhérente à chaque être vivant, et à chaque attribut personnel, propriété ou activité lui appartenant en propre.
2. L’Orenda est immatérielle, mortelle, occulte, impersonnelle, mystérieuse en tant qu’action. Elle est limitée dans sa puissance (pas omnipotente), localisée (pas omniprésente), toujours immanente dans un être ou un objet.
3. L’Orenda peut être transférée, attirée, acquise, développée, supprimée. Les Orendas peuvent donc avoir une valeur inégale et une hiérarchie, ce qui donne à certains êtres une force que d’autres n’ont pas – à certains animaux et phénomènes de la nature également – ainsi qu’à certains demi-dieux.
Nous avons là l’équivalent du fluide cosmique, vital ou magnétique des occultistes, du fluide divin des mystiques. Cette force est symbolisée chez les Indiens par « une ligne ondulante, comme un fil, émanant de l’être, le reliant parfois à une puissance supérieure ». Beaucoup d’Indiens sont arrivés à la maîtrise de cette force qu’ils peuvent canaliser et utiliser pour des fins profitables pour leurs semblables.

Paul Coze résume comme suit les croyances de l’Indien quant à la constitution des êtres et de l’homme en particulier :

« Chaque être, chaque chose est sacré.
« Chaque être, chaque chose est vivant.
« Chaque être, chaque chose contient une part de puissance.
« Tout être vivant est composé : du corps, de l’Orenda, de l’âme. »

Le corps tombe sous nos cinq sens matériels, mais l’Orenda et l’Ame ne dépendent pas de cette enveloppe matérielle périssable qui retourne à la terre dont elle a été formée ; voici quels sont les rapports et les fonctions de ces deux principes subtils et spirituels :

« L’âme est immortelle, partie spirituelle, sensible, émotive, intelligente.
« L’Orenda est intermédiaire entre esprit et matière, mortelle, partie fluidique, vibratoire, subtile.
« L’Orenda est « l’œil de l’âme ». Elle perçoit et apprend.
« L’âme est conception, volonté, raison, mémoire,
« L’âme connaît les joies, les peines, les craintes.
« L’Orenda est pressentiment, intuition, perception, réalisation.
« La sensation et la perception, domaines de l’Orenda, précèdent la connaissance et le raisonnement, domaines de l’âme. »

La plume est la représentation symbolique de la respiration, du souffle qui condensent en eux la puissance magique de la vie. Pour les Indiens, « la respiration est le symbole de la vie. » C’est aussi l’expression par laquelle la substance spirituelle communie avec le centre de puissance. Chose remarquable, les Indiens, partant de cette conception, pensent que chaque objet sacré est imprégné de cette force subtile et puissante de l’Orenda ; et rituellement, ils les baisent dans le but d’aspirer leur vitalité intérieure ; de même, « à la fin de chaque prière ou de chaque chant, tous les participants respirent, tenant les mains fermées devant les narines pour se partager les parts sacrées de la puissance » évoquée par la prière.

L’être sain et normal sera, d’après les Indiens, un homme qui a su établir en lui l’harmonie entre le corps, l’Orenda et l’Ame. Ils savent en outre que l’âme peut, de son vivant, quitter le corps pour quelques incursions dans les plans supérieurs, mais cette absence ne doit pas se prolonger trop longtemps, sinon il y a danger pour le corps ; l’ivresse provoque également un éloignement momentané de l’âme et la folie est caractérisée par le départ de celle-ci ; dans ce cas, le corps court le risque de devenir la proie d’entités souvent démoniaques.

Au cours de la vie, le corps se désagrège peu à peu ; au moment de la mort, l’Orenda s’en détache, subsiste pendant quelque temps, puis disparaît à son tour, tandis que l’âme immortelle s’en va dans une région spéciale ; la description de ce lieu de repos où se rendent les âmes varie selon les tribus ; en général les âmes bonnes s’en vont au sud au territoire des Chasses éternelles, tandis que les âmes méchantes et damnées danseront dans les aurores boréales. L’auteur rapporte à ce sujet l’opinion de F. Boas qui relate la croyance des Indiens Algonquins des Grands Lacs : « Les âmes des morts, disent-ils, résident dans le Far-West avec le frère du grand héros culturel. Les Koutenais croient que leurs âmes reviendront plus tard en compagnie du héros culturel. »

L’Orenda, que l’on pourrait assimiler au « corps astral » des occultistes, « se tient à l’état normal autour du corps, principalement autour de la tête ou au-dessus, où il est le mieux visible pour ceux qui sont doués de facultés de voyance supranormale. Dans les moments d’attention, l’Orenda est projetée en avant ; dans la distraction, par contre, l’Orenda se trouve ou partagée ou même dégagée de notre corps et, par ce fait, nous devenons incapables de répéter ce qu’elle voulait nous communiquer. La distraction peut être aussi « une dilution de l’Orenda. »

Les Indiens savent développer et cultiver leur intuition par la méditation solitaire au milieu de la nature, après s’être purifiés par le jeûne et la prière. « Non seulement les Indiens admettent les pressentiments, mais ils savent les susciter » nous dira l’auteur. Parlant d’un Peau-Rouge ayant subi notre éducation moderne, mais ayant gardé toutes ses croyances ancestrales, Paul Coze précise : « Redman, l’homme en question, fut sujet à des révélations fréquentes, parfois agréables, mais parfois pénibles ; il acceptait les unes avec reconnaissance, les autres sans murmure. Il reconnaissait en elles les décisions du Grand-Esprit et s’y soumettait humblement, persuadé qu’elles comptaient pour son salut éternel ». Le même Redman fut averti quelques mois à l’avance de sa fin prochaine, il put s’y préparer dignement et régler toutes ses affaires. Le jour prédit, vers les cinq heures du matin, Redman se réveilla brusquement et se mit à parler en dialecte indien, appelant d’une voix forte ses deux frères morts quelques années auparavant, car ils devaient venir chercher son âme. A ce sujet, l’auteur fera la remarque suivante : « Des pressentiments de ce genre ne sont pas nouveaux. Egarés par le rationalisme et le matérialisme de la fin du XIXe siècle, nous autres, blancs supérieurs, nous n’osons parler de ces choses avec simplicité, de crainte qu’on se moque de nous. La guerre mondiale a quelque peu changé cela. Il y a une recrudescence de foi, au moins de ce sentiment inné chez l’homme vers le surnaturel. Ce sont les esprits forts qui font le plus de mystères de la valeur des pressentiments et s’ils les nient, c’est justement qu’ils ne peuvent les expliquer par une formule mathématique, car ces pressentiments dépassent le cadre de leur tableau noir. »

Ayant de telles croyances, on comprendra que les Indiens soient familiarisés avec la notion de survie et avec celle des migrations successives de l’âme. La puissance magique de l’homme était censée exister et rester agissante après la mort. Le « corps souffle » ou esprit de l’homme, croyait-on, continuait de vivre après la mort du corps physique, avec ses manifestations bonnes et mauvaises, d’où la nécessité d’un culte, le culte des ancêtres ; plusieurs de ces parents décédés étaient censés revenir habiter de nouveaux corps pour poursuivre leur évolution spirituelle.

Durant les cérémonies sacrées qui ont lieu dans la « Kiva » ou temple souterrain pénétrant dans les entrailles de la Terre-Mère, les Indiens se mettent dans une sorte d’extase, favorisée par l’emploi du peyotl, la « plante qui fait les yeux émerveillés », selon le Dr A. Rouhier qui a spécialement étudié les propriétés de ce petit cactus du Mexique. Grâce à l’action particulière de cette plante sur le système nerveux qu’il sensibilise à un très haut point, les sujets ont des visions colorées particulières, bien plus, disent-ils, « la fleur du cactus saint donne aux humains les visions colorées des autres vies ». La réincarnation est donc notion courante chez les Indiens et ils l’admettent non seulement pour les hommes, mais encore pour les animaux. Voici, selon Paul Coze, certaines croyances et pratiques ayant trait à la réincarnation :

« Chez les Thlingit de l’Alaska (cf. Swanton) on trouve une certaine croyance dans la réincarnation. L’Indien se servait de l’ongle du petit doigt de la main gauche et d’une mèche de cheveux du côté droit de la tête d’un mort qu’il plaçait dans la ceinture d’une jeune fille pubère. Pendant huit mois, celle-ci devait vivre retirée et tranquille, jeûnant presque tout le temps, si sa santé le lui permettait. A la fin de cette période, et avant de manger, elle devait prier pour que la personne morte renaisse en elle ; la jeune fille était alors certaine de bien se marier et de vivre longtemps. »

En effet, nous dira Paul Coze, « les Indiens prient, ils savent prier à chaque instant de leur vie et se réunissent parfois pour ce qu’on appelle une Danse ou un Chant » ; ces cérémonies sont considérées comme ayant une portée éminemment religieuse et mystique. Et l’auteur aura à ce sujet quelques dures réflexions à l’égard de la plupart des blancs qui ne savent plus réellement prier ni croire : « Ils voudraient croire, mais ils n’osent pas ; ils n’osent plus, ils se sont fortifiés dans l’enceinte de leurs principes, de leurs formules, de leurs affirmations et ne peuvent plus bouger, étant dans les rets de leurs théories ; alors quand, une fois dans leur vie, le vent du ciel balaye leur visage, ils ont des sueurs froides de désespoir et ne bougent plus : comment pourraient-ils lever leurs mains pour prier, puisqu’elles sont agrippées à leurs seules bases solides : l’argent et la chair ? Ceux-là sont à plaindre et à aider, inharmoniques et misérables, plus pauvres que les Navahos du désert. »

Il en va de même pour ceux qui limitent leur horizon spirituel en niant de parti pris le processus de la réincarnation.

Grâce aux rêves, les Indiens sont persuadés qu’ils peuvent revivre des événements de leurs vies antérieures ou prévoir ceux de leurs vies futures : « Les Chippeways prétendent, dit Paul Coze, que par leurs rêves, ils retournent à une époque antérieure de leur vie et aussi qu’ils voient des choses que les Indiens n’ont jamais vues auparavant et qu’ils reconnaîtront par la suite. Par exemple : les bateaux à voile et les maisons. »

Quant à la réincarnation des animaux, voici comment certains Indiens se la représentent : « Quand un animal est tué, disent les Ojibways, son âme entre dans la terre avec son sang, mais plus tard, elle revient et se réincarne là où son sang a pénétré la terre. Cette âme des animaux, des plantes et des choses n’a certes pas la même valeur que l’âme humaine, mais néanmoins, étant une part de la « puissance », il faut la vénérer. »

Pour en arriver à une conception aussi spiritualiste de la vie et de l’âme, avec ses transmigrations multiples, il faut, nous diront les Indiens, mener une vie de prière, de purification et de jeûne ; ce n’est que dans l’adoration silencieuse, telle qu’elle convient au Grand Mystère, que l’homme peut espérer voir son intuition s’ouvrir au grave problème de ses destinées et des transmigrations multiples de son âme avant la purification finale. Pour l’Indien, affirme notre auteur, « le silence est le parfait équilibre des trois parties de l’être. Le silence est le Grand Mystère. Le Silence sacré est la voix du Grand Esprit. Le silence est la base même de la formation du caractère. » Ses fruits sont : contrôle de soi, courage profond, endurance, patience, dignité, vénération ; c’est un des moyens d’acquérir et de développer l’Orenda. Dans l’intime communion avec la nature, dans les bois, sur les sommets des montagnes, l’homme peut espérer trouver ce silence qui lui permettra de mettre son âme en accord avec les grandes forces vivifiantes de la nature ; qui lui ouvriront la voie menant à l’Etre Suprême, à Wakanda, le dieu des Indiens, dans le sein duquel, après de multiples pérégrinations, les âmes doivent retourner un jour.

Un dernier enseignement nous sera donné par ces hommes dont l’âme est restée en communion intime avec la nature, ce qui leur a permis de mieux pénétrer les secrets de son évolution : éviter tout excès ; c’est la meilleure façon de précipiter la spiritualisation de son âme et de lui épargner de trop nombreuses incarnations.

« Pour le sage Peau-Rouge, nous dit Paul Coze, la concentration de la population était une source de tentations démoniaques, de dépravations aussi bien morales que physiques. II dit que si la nourriture est bonne, l’excès de nourriture détruit ; que si l’amour est une belle chose, la luxure détruit ; et aussi que l’agglomération des populations non seulement au point de vue sanitaire, mais au point de vue spirituel est une perte de pouvoir (et de connaissances, pourrions-nous encore ajouter) qui menace ceux qui s’éloignent de la vie de la nature. Tous ceux qui sont retournés se renouveler en plein air savent quelle sorte de magnétisme et de force s’accumulent en eux dans la solitude, et renouvellent la vitalité qu’ils ont perdue dans la foule et dans la ville. »

A lire ces enseignements d’une haute spiritualité morale, on ne peut manquer de conclure que les Peaux-Rouges, ces descendants des Atlantes, ont conservé la pure tradition qui nous révèle les fins spirituelles de l’homme, fins auxquelles on peut arriver par la pratique de la maîtrise personnelle, par le jeûne, par la prière, par la pauvreté et par la chasteté et cela au cours de multiples incarnations.

Ces croyances aux vies successives que nous retrouvons chez tous les peuples qui n’ont pas perdu le contact intime avec les forces de la nature et avec celles de leur âme immortelle montrent combien la loi de réincarnation se révèle à tous les hommes qui n’ont pas volontairement, par leur matérialisme, fermé leur entendement aux données immédiates de l’intuition.
Dr ED. BERTHOLET
lauréat de l’Université de Lausanne
Simplicitas Veritatis sigillum

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