ITHAQUE ...
ITHAQUE
Quand tu partiras pour te rendre à ’Ithaque,
souhaite que la route soit longue,
pleine d’aventures, pleine de connaissances .
Les Lestrygons et les Cyclopes,
Poséïdon irrité, n’en aie pas peur,
Tu ne trouveras jamais rien de tel sur ta route,
si ta pensée reste haute, si délicate
est l’émotion qui touche ton esprit et ton corps .
Les Lestrygons et les Cyclopes,
le farouche Poséïdon, tu ne les rencontreras point,
si tu ne les transportes pas déjà dans ton âme,
si ton âme ne les dresse pas devant toi.
Souhaite que la route soit longue.
Que nombreux soient les matins d’été
Où, avec quelle reconnaissance, quelle joie,
tu entreras dans des ports vus pour la première fois !
Fais escale à des comptoirs phéniciens,
et acquiers de belles marchandises :
nacre et corail, ambre et ébène,
et voluptueux parfums de mille sortes,
aussi abondants que tu peux, les voluptueux parfums ;
visite de nombreuses cités égyptiennes,
et apprends, apprends encore de ceux qui se sont
instruits.
Garde toujours Ithaque présente à ton esprit .
Y parvenir est ton but final .
Mais ne hâte pas du tout ton voyage.
Mieux vaut qu’il dure de nombreuses années ;
et qu’ aux jours de ta vieillesse enfin tu jettes l’ancre
dans ton île,
riche de tout ce que tu as gagné en chemin,
sans t’attendre à ce qu’Ithaque te donne des richesses.
Ithaque t’a donné le beau voyage .
Sans elle, tu ne te serais pas mis en route.
Elle n’a plus rien d’autre à te donner .
Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t’a pas trompé.
Sage comme tu l’es devenu, avec tant d’expérience,
tu dois avoir déjà compris ce que signifient les Ithaque.
Constantin Cavafy (1863-1933)
Merci Isabelle ;-)
Blog de Didier Collin "Ithaque"
Publié(e) le 11 Mars 2010 à 14:43
0 J'aime
J'ai choisi mon surnom 'Ithaque' sans connaître le texte que voici.
Une amie me l'a envoyé, pensant qu'il avait déterminé mon choix en amont. Il aurait pu!
Je vous l'offre en partage...
Quand tu partiras pour te rendre à ’Ithaque,
souhaite que la route soit longue,
pleine d’aventures, pleine de connaissances .
Les Lestrygons et les Cyclopes,
Poséïdon irrité, n’en aie pas peur,
Tu ne trouveras jamais rien de tel sur ta route,
si…
Lire la suite →
Mur de Commentaires (15 commentaires)
Vous devez être membre du réseau épanews pour faire un commentaire !
Rejoindre épanews (c'est gratuit)
Ca me fait plaisir de te lire.
On se retrouve au téléphone en attendant de se revoir ?
Ca me ferait très plaisir de t'entendre et te revoir.
Tendrement,
sophie
A bientôt.
Bises.
Anne-Marie
Brigitte
Je vois que tu as des connaissances en tantra, serais intéressée de découvrir...
A bientôt d'échanger avec toi ...
Kate
Belle journée à toi
Karine
Y parvenir est ton but final", affirme cet ancien poème.
Décidément, les gourous New Age n'ont rien inventé !
Il y a un siècle déjà, on trouvait donc ces croyances, si semblables au fond aux foutaises des religions !
Bon prétexte pour vendre des sacrements ou des "indulgences" (pour les religions) ou des "ateliers" de "développement personnel" (dans le New Age).
Les sagesses millénaires disent, elles, qu'il n'y a ni but, ni chemin...
Mais bien sûr chacun fait ce qu'il peut....
Je perçois maintenant un sens nouveau. Jamais poème n’a dit tant de choses en si peu de mots. Il exprime que l’essentiel d’un voyage n’est pas son but mais le voyage lui-même (celà me rappelle l'Alchimiste de Paulo Coelho qui m'avait fait longtemps réfléchir sur mon propre parcours quand j'avais quitté ma province à 25 ans pour partir à l'aventure dans les Caraibes...)
Loin d’être des obstacles ou des empêchements, ces épreuves deviennent des sources de salut ou de connaissance et c’est pour elles, par elles, que le voyage prend son sens.Tout retour vers Ithaque est donc aussi un retour sur nous-mêmes, un apprentissage du monde, des hommes et des monstres qui nous mène en son terme au seuil ou au coeur de la connaissance.
Cavafy nous oblige à relire L’Odyssée à partir d’un simple poème et, surtout, à chercher nous-même où est notre propre Ithaque. Car Ithaque est le contraire d’une terre promise. C’est ce lieu, ce désir qui murmurent en nous : invente-moi puis cherche-moi.
Au terme du poème de Cavafy perce un nouveau mythe odysséen, à savoir que le vrai voyageur n’a plus que faire d’une Ithaque. Car quelle que soit la terre qu’il abordera au bout de ses épreuves, elle sera, immanquablement, le pays de sa véritable origine...
Mille fois merci Didier pour ce poème qui me fait voyager intérieurement ...
Tendresse
Catherine
Pour le we de tantra, je commence a trouver des solution d'organisation pour y participer.
A tout bientôt
Isabelle
Afficher tous les commentaires