Bonjour,

Je ne sais pas trop par où commencer.

Je lance ce sujet de manière très égoïste. J'espère cela dit qu'il sera bénéfique pour le plus grand nombre d'entre vous et qu'à travers nos échanges, partages, expériences.. nous pourrons nous apporter beaucoup.

Finalement avec du recul, je ne suis pas sûre d'avoir jamais aimé quelqu'un. Je l'ai cru très longtemps et finalement cet amour si il y en a eu été très, même trop égoïste d'où certainement ces ruptures à répétitions, ces histoires qui se ressemblent mais ne marchent jamais.

C'est quoi l'Amour ? 

L'amour inconditionnel je crois savoir ce que s'est par le biais de ma famille et de mes amis.

Mais très bizarrement lorsque j'aime un homme, cet amour se transforme en autre chose, je crois un amour malsain, exclusif. Je deviens alors jalouse, possessive etc etc... J'aime de manière intense, c'est souvent ou tout ou rien..mais lorsque je m'engage c'est pleinement.

Alors aujourd'hui je m'accorde une grande pause sentimentale pour faire le point avec moi même, me retrouver, réapprendre à m'aimer pour être capable d'aimer un jour.

Il m'est très difficile dans cette démarche envers moi même d'y voir clair. 

Je ne sais pas si j'ai connu l'Amour.

Et pourtant, il y a bien deux hommes que je n'arrive pas à oublier. Pour lesquels je n'arrive pas à me faire une raison. Et pourtant j'aurai bien de quoi..

Et comment peut-on s'aimer autant et se faire autant de mal? Pourquoi n'est-on pas capable de lâcher prise, de mettre son ego de côté ?

Je pense avoir essayé et face à moi un être mauvais... Quelques fois je lui ai ouvert mon coeur, il s'en ai servi contre moi. Pourquoi je ne le comprends pas... Jamais jamais je n'ai eu de paroles déplacées à son sujet, bien au contraire, j'aurai donné tellement pour lui...

J'ai tellement cru que c'était Lui, Le Bon, ma deuxième moitié, l'Homme de ma Vie.. bref

Comment sait-on quand on l'a trouvé ? Qu'y a-t-il de si différent ?

J'aimerais aller de l'avant faire table rase du passé et ne pas aimer de nouveau pour oublier. J'aimerai être entièrement libérée de mon passé, de tous ces sentiments pour être pleinement disponible.

Ne plus rien ressentir ou un amour différent pour tous ces hommes qui ont fait parti de ma vie.

J'attends avec impatience vos témoignage, votre aide.

Merci d'avance de tout coeur.

Namasté

Rachel.

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Réponses à cette discussion

Merci Sandy pour ton partage :D

Je suis tout à fait d'accord avec toi. J'arrive à pardonner également et pour les mêmes raisons et puis au fond on est seul responsable de ce qui nous arrive, de ce que l'on se fait vivre..! 

Ce que j'ai vécu a été douloureux et l'est encore un peu aujourd'hui mais tout cela m'est tellement bénéfique à tous les niveaux. Je n'ai plus du tout la même vision de la vie, des choses et c'est très positif. 

J'ai plus de respect pour moi et pour ceux qui m'entourent, pour la vie en générale. J'apprends à réapprécier les petits bonheurs simples de la vie. Je m'accorde du temps. J'essaie d'aimer de manière inconditionnel, apprends à pardonner et ne pas juger, à avoir plus de compassion, être davantage à l'écoute de moi et des autres.

Et je suis d'accord "l'amour que l'on cherche à l'extérieur est d'abord en nous même" :)

C'est cela dit ce n'est pas toujours évident de se comprendre, de s'écouter, de se tourner vers sa vraie nature.

Pour ma part, je suis en train de lire le livre de Darpan, "L'aventure intérieure" super livre,  je te le conseille.

Je te remercie de nouveau.

Belle soirée!

Rachel

Bonsoir,

Parle-t-on uniquement de l'amour relation à deux ou de l'amour aussi sans objet ?

Pour alimenter se post voici un magnifique texte sur les états amoureux :

Source de l'article : http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=153 

L’échelle des états amoureux

par Jean-Yves Leloup

J.-Y. Leloup - DR.

Le magnifique livre à deux voix, "Qui aime quand je t’aime ?", de Catherine Bensaid et Jean-Yves Leloup, repose en grande partie sur une « échelle des états amoureux », fruit d’années de réflexion. Cette échelle exprime les différentes étapes d’une relation idéale. Au départ, nous avons tous été un nourrisson assoiffé de l’amour nourricier de sa mère, à 100% dépendant d’elle. Cette dimension demeurera le noyau de tout amour. En rester là nous riverait cependant à notre animalité. L’érotisme et la passion viennent alléger cette pesanteur... mais sans combler le manque ni l’égoïsme. L’irruption de la tendresse est nécessaire pour que l’autre devienne sujet, première des nombreuses étapes menant finalement à l’amour inconditionnel de l’humain accompli - que certains appelleraient « christique », ou d’autres « bouddhiques ».

Un premier tour de piste très simple

L’amour gourmand

Au commencement, l’amour se confond totalement avec l’instinct de survie, l’appétit et la gourmandise, que les Grecs appelaient pornéia. Au fond de nous, existera toujours un enfant qui veut « manger sa maman » : c’est la base même de notre sensualité. Mais un être qui ne connaîtrait que ce stade ne deviendrait pas vraiment humain.

L’amour passion

Dès l’enfance, l’appétit animal se double d’érotisme, sens esthétique et ludique, qui peut jouir de la simple contemplation de la beauté de l’aimé. L’éros des Grecs est raffiné, mais il continue à voir l’autre comme l’objet de son plaisir. Il demeure dans le manque, tout comme pothos (l’amour-besoin) et pathé (l’amour-passion), séducteurs et possessifs.

L’amour tendresse

Tout bascule avec la tendresse (la storgè des Grecs), qui voit l’autre comme un sujet libre et accepte sa différence. C’est au même élan, de moins en moins égoïste, qu’appartiennent : la philia, amour-amitié qui ressent plaisir et joie à constater que l’autre est heureux, même indépendamment de soi ; l’eunoia, amour-dévouement au service du meilleur de l’autre ; et charis, amour-gratitude qui aime sans condition.

L’amour amour

Peu d’êtres, sans doute, parviennent à cet état - l’agapè ! -, que certains disent « bouddhique » ou « christique », rayonnant d’amour par le simple fait d’exister, en direction de toutes et de tous, comme le soleil éclaire indistinctement son environnement entier. À ce stade, il devient évident que « ce n’est pas exactement moi qui t’aime, c’est l’amour qui aime à travers moi. » Vision mystique, sans aucun doute, que partagent toutes les grandes traditions.

La confrontation accompagne l’évolution

De la bataille entre chiots, se disputant les mamelles de leur mère, à la sainte colère de l’amour inconditionnel, qui ne peut accepter n’importe quoi de l’autre, précisément parce qu’il l’aime, la relation amoureuse fait des étincelles tout au long du chemin. Mais la confrontation évolue elle-même. Aveuglément jalouse au départ, elle traverse tous les stades qui mènent de la frustration au renoncement et à la compassion, pour aboutir à la joie d’être quel que soit le contexte.

La version plus raffinée de Jean-Yves Leloup

Philosophe, théologien, prêtre orthodoxe, mais aussi psychothérapeute, Jean-Yves Leloup, qui est l’auteur de cette échelle des états amoureux, qui synthétise de nombreuses réflexions sur l’art d’aimer, commence par la résumer ainsi dans le livre qu’il a écrit avec Catherine Bensaid :

Qui oserait dire qu’un “je t’aime” en vaut plus qu’un autre ?

Mais ce n’est là qu’un premier schéma, que Jean-Yves Leloup affine de plus en plus au fil des pages, passant par exemple par l’explication suivante, qui mène de l’amour-soif (en bas de l’échelle) à l’amour-source (au sommet de l’échelle). Remarquons que ces deux formes extrêmes de l’amour s’expriment pareillement par les mots « je t’aime »...

La Source - je t’aime

10 : agapè : amour gratuit : « l’Amour qui fait tourner la terre, le cœur humain et les autres étoiles » - ce n’est pas seulement moi qui aime et qui t’aime, c’est l’Amour qui aime en moi

9 : charis : amour célébration : je t’aime parce que je t’aime - c’est une joie - c’est une grâce d’aimer et de t’aimer - je t’aime sans condition - je t’aime sans raison

8 : eunoia : amour dévouement : j’aime prendre soin de toi - je suis au service du meilleur de toi-même

7 : harmonia : amour harmonie : que c’est beau la vie quand on aime - nous sommes bien ensemble - avec toi tout est musique - le monde est plus beau

6 : storgè : amour tendresse : je suis meilleur(e) que moi-même quand tu es là - j’ai beaucoup de tendresse pour toi -je suis heureux(se) que tu sois là

5 : philia : amour amitié : je te respecte - je t’admire - j’aime ta différence - je suis bien sans toi - je suis mieux avec toi - tu es mon meilleur ami(e) - j’aime être avec toi - tu me fais du bien

4 : eros : amour érotique : je te désire - tu me fais jouir - tu es belle - tu es beau - tu es jeune

3 : mania pathè : amour passion : je t’aime passionnément - je t’ai dans la peau - tu es à moi, rien qu’à moi - je t’aime comme un fou, je ne peux pas me passer de toi

2 : pothos : amour besoin : tu es tout pour moi - j’ai besoin de toi - je t’aime comme un enfant

1 : porneia : amour appétit : je te mangerai - je t’aime comme une bête

La Soif - Je t’aime

À la fin de cette seconde version de l’échelle des états amoureux, Jean-Yves Leloup tient à poser le propos suivant :

« Cette échelle n’est pas une échelle de valeur. Qui oserait dire qu’un « je t’aime » vaut plus qu’un autre ? Celui du sommet est sans doute le plus libre, ceux des premiers barreaux, les plus dépendants et donc les plus douloureux, mais que sait-on de la « qualité » d’un amour ? Qui prétendrait en être la mesure ?

« De même que Wittgenstein dit à la fin du Tractatus qu’il faut rejeter l’échelle grâce à laquelle on est monté, « alors on aura la juste vision du monde », je dirai que pour avoir une juste vision de l’Amour, il s’agit aussi d’oublier ces échelles, et pour en avoir une juste vision, oublier aussi les lunettes sexologiques, psychologiques ou philosophiques avec lesquelles nous l’avons observé. Plotin grand amateur d’échelle, lui aussi, reconnaissait « que nous ne parlons pas de l’Un, mais de nous-mêmes, c’est-à-dire de l’état de notre être, de notre pensée (et de notre affectivité) par rapport à sa Réalité toujours transcendante. »

« Ainsi en est-il de l’amour, ce n’est pas de lui que nous parlons, mais des états d’âmes et des expériences que chacun, dans ses limites et selon ses capacités, peut en avoir. L’intensité subjective d’un vécu ne nous apprend pas grand-chose sur la réalité qui apparemment en est la cause.

« Aussi à côté de l’approche « cataphatique » de l’Amour, c’est-à-dire : l’affirmation que l’Amour c’est ceci, c’est cela (eros... philia... agapè) il faudrait ajouter avec autant de rigueur et de certitude : l’amour ce n’est pas ceci, ni cela (eros... philia... agapè). Une approche apophatique est toujours nécessaire, pour corriger les inflations et les prétentions, de ceux qui prétendent « expliquer » ce qui leur échappera toujours.

« D’une certaine façon réfléchir sur l’Amour, c’est se placer en dehors de lui, c’est parler de ce qui nous manque. Ceux qui aiment, ni le temps, ni l’espace ne leur sont donnés pour ce recul... L’Amour les centre et c’est le silence houleux de la mer. »

Nouvelles Clés est une revue trimestrielle en vente en kiosque et sur abonnement.

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Source de l'article : http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=154 

Peut-on apprendre à aimer ?

Extraits d’une conversation entre Catherine Bensaid, Jean-Yves Leloup et Patrice van Eersel

L’idée m’est venue un jour de demander à la psychanalyste Catherine Bensaid et au théologien et philosophe Jean-Yves Leloup, chacun “expert ès-Amour” à sa façon, s’ils ne seraient pas d’accord pour répondre à mes questions, dans un livre qui s’appellerait "Apprenez-moi à aimer". À mon grand bonheur, ils acceptèrent. Et un matin de printemps 2003, le chantier s’ouvrit, dans une petite maison de Haute Provence. Seize heures d’entretiens sur l’amour ! Mais ce n’était qu’un échauffement. Catherine et Jean-Yves se sont peu à peu saisis du sujet et en ont fait un vrai travail d’écriture à deux. Le résultat dépasse mes plus belles espérances. Paru à l’automne 2005, "Qui aime quand je t’aime ?" est un grand livre, qui restera. Mais que sont devenues nos seize heures d’entretien ? Transcrites sur du papier, cela fait des centaines et même des milliers de pages ! En voici quelques fragments...

Porneïa ne s’apprend pas

Patrice van Eersel : Dans ma tête d’individu moyen, il y a l’idée que l’amour ne s’apprend pas, que ça obéit à des lois hélas indépendantes de l’individu..

Jean-Yves Leloup : La question est : qui aime quand je dis que je t’aime ? Est-ce l’enfant qui aime en moi et qui aime l’enfant en toi ? Quelquefois, ça va mal entre le bébé à l’intérieur de l’un et l’adulte à l’intérieur de l’autre. Ou l’adolescent d’un côté, et le vieux sage de l’autre. En nous, il y a peut-être aussi un Dieu qui aime ! En nous, on retrouve toutes les formes d’amour, de la porneia (amour appétit) à l’agapè (amour gratuit inconditionnel), en passant par la pathè (amour passion) ou les différentes sortes de philia (amitié). De toute façon, ça commence par porneia, l’amour du bébé pour sa mère. L’amour qui consomme l’autre. Et il faut voir tout ce qui reste du bébé en nous, en toute légitimité, et quelle progression part de là, quelle montée, quelle échelle.

P.v.E : : Et comment apprendre à grimper dans cette échelle !

J. Y. L. : : Au niveau de la porneia, ça ne s’apprend pas. On n’apprend pas à avoir faim ou soif. C’est l’amour animal, l’amour d’instinct : « J’ai faim ! », « J’ai besoin de quelqu’un ! », et il ne s’agit même pas de quelqu’un, mais d’un objet, disons un objet maternant, pour combler ce manque.

Catherine Bensaid : L’amour qui ne s’apprend pas, c’est l’amour douloureux, arrimé au manque. On dit : « Je n’ai pas de chance en amour ! » L’intérêt du travail sur soi, c’est de comprendre à quel point on peut agir sur sa vie. Et apprendre ! Très souvent, mes patients me disent : « J’ai appris votre leçon. » Ça vient plus souvent des hommes que des femmes : « Donnez-moi quelque chose à travailler. » Ils prennent des notes ! Il y a bien là une notion d’apprentissage.

J. Y. L. : : L’amour malheureux ne s’apprend pas, l’amour heureux s’apprend. Ce qu’on peut apprendre, c’est à devenir lucide par rapport à ses besoins, à ses pulsions, à ses passions. Même Dieu, tu peux l’aimer comme un bébé, “pornographiquement”, comme un grand bouche-trou qui vient combler ton manque. Il y a des religions infantiles, magiques, où l’on est possédé... Notre échelle concerne l’amour de l’autre, l’homme ou la femme, mais aussi l’amour de Dieu...

C. B. : : Plus on monte dans l’échelle, plus il y a de liberté et moins il y a de souffrance. Être adulte, c’est moins souffrir, c’est être plus libre, plus responsable, plus en conscience... Et puis, c’est passer d’un amour où l’on se nourrit de l’autre à un amour où l’on partage une nourriture. Passer de l’amour qui souffre à l’amour qui s’offre. Et cela mène jusqu’à Dieu, puisque ce qui aime en nous, c’est notre partie divine

Nous n’avons pas la pureté des cochons

P.v.E : : La source de l’amour et la source du désir sont-elles la même chose ?

J. Y. L. : : L’appétit, c’est le commencement de l’amour. Le désir de l’autre, c’est d’abord le désir de survivre. C’est pourquoi il est important d’être d’abord un bon petit cochon. La porneia, c’est du bel amour ; de l’amour divin... au niveau du bébé. Sans ce minimum, il meurt. Et nous mourons aussi adultes, car ce petit cochon et ses pulsions de vie subsistent en nous jusqu’à notre mort. Il joue, gambade, spontané, joueur, naturiste... Il s’évanouit quand nous sommes en dépression, que nous n’avons plus envie de vivre, de mordre, de téter la vie.

P.v.E : : Quel rapport entre porneia et pornographie ?

C. B. : : Dans les films pornos, la femme est uniquement un corps (l’homme aussi d’ailleurs), et même pas un corps : des morceaux de corps ! Ce n’est pas une femme, avec son histoire, sa singularité, son altérité.

J. Y. L. : : Tout comme le bébé ne voit pas le corps de sa mère en entier, mais uniquement ce qu’il en mange, un homme ou une femme dans une relation porno ne voit pas l’autre, mais des morceaux de lui, des fesses, des sexes - d’ailleurs quelquefois les visages sont masqués. Ce qu’il faut retenir, c’est que le joli petit cochon en nous peut subsister, mais qu’il ne doit pas prendre toute la place à mesure que l’on grandit, sinon, on devient un gros porc. Or nous ne sommes pas des cochons. Nous n’avons pas la pureté des cochons, la pureté des bêtes. Chez nous, ça devient donc quelque chose de pervers.

Le baiser d’amour accorde les souffles

C. B. : : Quelle différence entre film porno et film érotique ?

J. Y. L. : : Tout ce nous faisons érotiquement nous élève. Porneia est lourdement rivée à la matière. Eros commence à nous faire grimper dans l’échelle des états amoureux, alors que la pornographie nous cloue au sol. Plus on vieillit en restant en bas, plus on s’enlise dans la pesanteur... Il faudra parler de la façon dont Eros aime, parce que le livre parle de ça, de la façon dont l’amour nous élève.

C. B. : : On dit bien : « L’amour donne des ailes. » Ce sont celles d’Eros ! Quant à ton joli petit cochon qui, chez certaines personnes, est devenu un gros porc qui occupe la place, empêchant toute élévation vers des formes d’amour plus inspirées, il me fait surtout penser que ces personnes sont dans la souffrance. L’incapacité d’aimer autrement que par la possession et la consommation, donne une humanité souffrante, prisonnière de son inaccomplissement.

J. Y. L. : : La pornographie ne revient-elle pas à tout demander au sexe ? Or le sexe ne peut pas TOUT nous donner. Il peut nous donner du plaisir, mais pas la béatitude. On nous dit un peu trop, à notre époque : « Faites l’amour, ça résoudra tous vos problèmes. »

C. B. : : Comme les journaux féminins, pour qui il faut avoir tant d’orgasmes par semaine pour être en forme.

J. Y. L. : : C’est exactement L’art d’aimer d’Ovide, qui vise à enseigner comment ne pas tomber amoureux des proies que l’on a saisies, comment ne pas attraper cette maladie appelée amour !

P.v.E : : Mais ça s’appelle toujours aimer ?

J. Y. L. : : Ovide parle de l’art d’aimer, mais c’est plutôt l’art de se faire aimer.

C. B. : : Cet art ne contient pas un gramme d’amour, c’est l’art de séduire et de tirer du plaisir de l’autre, de le vampiriser. Traditionnellement, c’était un comportement plutôt masculin. Mais nous voyons arriver de nouvelles générations où des femmes font pareil. Je vois, chez mes patientes, combien cela peut être un leurre et combien elles se racontent des histoires.

P.v.E : : L’émancipation féminine se cherche parfois en régressant. Mais la prostitution masculine pour les femmes, ça ne marche pas... Tiens, à ce propos, pourquoi les prostituées donnent-elles généralement tout leur corps, sauf leur bouche : elles n’embrassent pas.

J. Y. L. : : C’est une dimension intéressante. Le baiser introduit l’amour dans la sexualité. La génitalité pure peut se pratiquer sans amour, pas le baiser. Si je fais l’amour en embrassant, je rencontre un autre souffle, il y a rencontre des souffles. Ce n’est pas encore dans la rencontre des âmes, mais déjà on entre dans un art d’aimer. C’est une grande et difficile histoire, d’accorder les souffles.

Pourquoi tenons-nous tant à souffrir ?

J. Y. L. : : Beaucoup de nos contemporains disent que la passion, c’est l’Amour avec un grand A. Alors que cette forme d’amour nous attache, nous rend dépendants. C’est un enfer, la passion ! Un enfer dont on fait l’éloge à longueur de romans, de films, de série TV, mais aussi d’essais très sérieux.

C. B. : : Je la vois comme une prison.

J. Y. L. : : C’est terrible de dire : « Si tu savais comme je t’aime, si tu savais comme je souffre ! » Là, on est dans la pathè.

C. B. : : Pourquoi tient-on tant à sa souffrance ? Parce qu’on la connaît, elle nous est familière, on s’y sent « chez soi ». Et puis elle est une preuve irréfutable qu’on aime. Combien de fois des patients m’ont dit : « Je dois tenir à elle, puisque ça me fait tellement mal. »

J. Y. L. : : Mais, par rapport à l’amour-appétit du bébé, on a quand même bien grimpé d’un échelon dans l’échelle. Ça n’est plus : « Qu’est ce que j’ai faim d’elle ! », mais : « Qu’est ce que je suis mal sans elle ! » C’est la passion.

C. B. : : Si elle s’installe, ça vire à la toxicomanie. On est accro.

J. Y. L. : : Finalement, la question est de savoir comment garder l’intensité de la flamme sans qu’elle me consume.

Prier, ce serait faire l’amour ?

J. Y. L. : : Pour l’Occident, l’amour concerne avant tout la relation. Alors que dans un contexte bouddhiste, parler d’amour, c’est évoquer une qualité de conscience, une qualité d’être, qu’il s’agit de trouver en soi.

P.v.E : : Je peux vivre seul dans un désert, en état d’amour ? JY : Oui, en état de compassion à l’égard des arbres, de la nature, de toute la création. Ça m’avait frappé lors de la visite du Dalaï Lama dans mon université, à New York. Qu’il regarde un homme, une machine ou rien du tout, il avait le même regard débordant d’amour. Un amour plein de bonté et de compassion, mais impersonnel, qui correspond à un certain présupposé anthropologique de l’art d’aimer. Alors que le présupposé de la Bible est que je ne deviens moi qu’à travers ma relation à l’autre. Tant que je n’ai pas rencontré l’autre, je ne me trouve pas. Dans la Genèse, la place du sexe, c’est la place de l’autre en moi. Je ne peux pas être entier tout seul.

C. B. : : Quel rapport entre le couple Adam et Ève et nous ? Dans le couple biblique, il y a une unité. Dans le couple moderne occidental, j’existe parce que j’ai une bague au doigt, mais il n’y a pas de complémentarité structurelle.

J. Y. L. : : Tu m’entraînes vers un de mes thèmes favoris ! Il s’agit de passer du mariage à l’alliance. Dans le couple dont parle la Bible, à travers l’alliance de l’homme et de la femme, Dieu est présent. C’est pourquoi, dans l’Évangile de Philippe, le seul lieu où l’on prie, à Jérusalem, c’est la chambre nuptiale, là où un homme et une femme se rencontrent. Si le monde va mal, c’est que les hommes et les femmes ne se rencontrent plus à ce niveau. Faire l’amour n’est plus la plus belle des prières. Il n’y a plus d’alliance. Si on arrivait à faire cette alliance entre hommes et femmes, le monde retrouverait la paix.

C. B. : : Le danger, dans le mariage moderne, c’est que l’autre y devient une finalité, alors qu’il n’est qu’un moyen. Du coup, on a l’illusion qu’une fois mariés, tous les problèmes disparaîtront. Il faudrait se rappeler la phrase de Saint-Ex : « S’aimer, ce n’est pas se regarder dans les yeux, c’est regarder dans la même direction. »

J. Y. L. : : On ne se marie pas parce qu’on aime quelqu’un, on se marie pour apprendre à l’aimer. C’est un commencement, pas une fin.

C. B. : : Il y a un mot oublié, qui exprime tout ça, c’est l’oubli de soi.

J. Y. L. : : Mais nous oublions surtout le troisième terme : dans une relation, il y a toi, il y a moi, et puis il y a notre relation ! Si nous nous référons à l’Évangile, c’est ce troisième qui intervient au moment où le vin va manquer, où la joie va manquer. L’important dans l’alliance, c’est de prier ensemble.

P.v.E : : Faire l’amour, ce serait prier ? Prier, ce serait faire l’amour ?

La tendresse ouvre un espace de liberté

P.v.E : : L’amitié (philia) et la tendresse (storgè) marquent donc, dans l’échelle proposée par Jean-Yves, le passage où l’autre passe définitivement du statut d’objet à celui de sujet ?

J. Y. L. : : Un autre mot pour tendresse serait “respect”.

C. B. : : Si on est tendre avec soi même, on peut être tendre avec l’autre et on accepte que l’autre le soit avec nous.

J. Y. L. : : Les anciens talmudistes appelaient la caresse “absence de griffes”. Pas seulement vis-à-vis d’un corps. Si je regarde un paysage avec tendresse, il va se révéler, se donner à moi.

P.v.E : : Puis-je aimer le divin avec tendresse ?

J. Y. L. : : À un niveau porno, l’amour de Dieu, c’est la magie : vouloir saisir Dieu, le posséder, en faire un instrument de pouvoir. Au niveau de l’éros, quand on lit certains textes de Thérèse d’Avila, elle parle du Christ comme de son amant. Mais accéder à la tendresse dans la relation avec Dieu, je dirais que c’est renoncer à le posséder. La tendresse, c’est justement le moment où notre main s’ouvre à la transcendance, s’ouvre à l’autre, s’ouvre à ce qui nous dépasse. C’est ce moment d’ouverture à l’autre du corps, du regard, de l’intelligence, du toucher.

C. B. : : Peut-être que si je suis ouverte à l’autre et qu’il ne me fait plus peur, j’ose du coup m’ouvrir à l’inconnu en moi-même.

J. Y. L. : : Quand tu caresses quelqu’un avec tendresse, il n’y a pas simplement son corps et ta main, il y a l’espace entre ta main et ce corps. C’est cet espace qui permet la tendresse entre deux personnes. On n’est pas scotché, possédé, mélangé : il y a de l’espace.

C. B. : : Paradoxalement, c’est cet espace qui permet de s’approcher au plus près de l’autre.

P.v.E : : C’est ce qu’Alain Delourme appelle la distance intime et que Jean-Pierre Klein appelle le “souvenir de toi dans le creux de ma main” : le geste tendre laisse un souvenir qui traverse le temps.

J. Y. L. : : Les empreintes les plus fortes viennent des gestes les plus légers.

C. B. : : La tendresse offre cette qualité qui est de l’ordre de l’éternité.

Le don est antérieur à tout

P.v.E : : On a du mal à comprendre, en général, que l’amour se cultive comme un jardin. Au début, le foisonnement sauvage nous suffit....

C. B. : : Mais plus il y a de fleurs qui poussent, plus cela demande d’attention.

J. Y. L. : : Je ne demande pas à un gland d’être un chêne tout de suite. Je l’arrose. Je ne demande pas à quelqu’un d’être la perfection. Je sais que dans la graine, il y a un arbre replié. Quand je rencontre un moi, je ne lui demande pas d’être le soi, je l’arrose.

P.v.E : : Jardiner l’amour, ce serait faire l’effort de reconnaître quelles essences sont en germe dans l’autre, pour ne pas exiger d’un oranger qu’il devienne un tilleul ?

C. B. : : En tant que thérapeute, je veux souvent soigner l’autre en lui disant : « Tu n’est encore qu’une graine, mais tu peux devenir un arbre magnifique ! » Mais comment faire s’il refuse de se voir lui-même ?

J. Y. L. : : Pour certaines personnes, le simple fait d’être regardées avec amour les éveille à la “conscience du soi” : ne plus seulement se voir comme une graine, mais comme le chêne qui va fleurir. Ne plus se voir pas comme un gros bébé, mais comme un soi libre. Je crois que l’amour du thérapeute, de quelqu’un qui accompagne sur le chemin, c’est d’éveiller cela. Dans le regard d’un saint, tout le monde est beau, pas au sens illusoire. Et ça éveille le soi en moi. En général, quand on se regarde les uns les autres, on se jauge et on se juge. Mais nous voilà soudain devant un regard qui nous voit dans notre beauté, notre pureté. « Je ne m’étais jamais vu comme ça, avant de rencontrer ces yeux-là ! » Là, nous entrons dans une forme d’amour. L’agapè, l’amour inconditionnel. C’est le soi qui aime le soi et qui éveille le soi dans le moi ! Mais il ne faut pas demander à un gland d’être un chêne. Même dans un petit amour bestial ou érotique, il y a l’agapè, le grand amour éveillé, mais à l’état de graine.

P.v.E : : Qu’est-ce qu’un être éveillé ?

C. B. : : Pour moi, il s’engage dans une relation claire.

J. Y. L. : : Pour moi, il est libre à l’égard de toute dépendance.

C. B. : : La rose est-elle consciente de son parfum ? Si un jour quelqu’un lui a dit qu’elle sentait bon, elle ne semble pourtant pas s’inquiéter de son parfum...

J. Y. L. : : Non, elle ne se préoccupe pas d’être reçue ou pas. Mais je crois qu’il y a de la conscience en elle, oui. C’est important de connaître quel est notre service. Apprendre à aimer, c’est aussi apprendre ce que l’amour veut de moi. La rose donne son parfum, le prunier donne ses prunes, le pommier donne ses pommes. Et moi ? L’amour, c’est aider l’autre à trouver son don singulier.

C. B. : : C’est une chose dont Jean-Yves m’a convaincue : le don est antérieur à tout.

Et une vidéo sur le même thème :

C'était principalement de l'amour relation à deux mais pourquoi pas sans objet.

Merci :)

Merci :)

Bonjour à Tou(te)s
"…J'ai tellement cru que c'était Lui, Le Bon, ma deuxième moitié, l'Homme de ma Vie.. bref…"
Il est fort possible que …
Tant que je ne suis pas entier, un être humain entier, je ne puisse pas aimer.
Car comment pourrais je donner si mon "vase" n'est qu'à moitié plein !?
Un "vase" plein peut déborder, les autres font de "l'agitation".. de la tempête dans le bocal de l'illusion !
Et puis, quand je me "sors" de la domestication qui a instituée que l'amour est les relations de sexe, je peux commencer à appréhender l'amour; et, là, l'amour "déborde" aussi vers le sexe.

Et quand l'on pense à soi, c'est pas de l'égoïsme, c'est de l'amour .. contrairement à ce que la domestication BCBG prétend.

Oui bien sûre, je comprends tout à fait ce que vous voulez dire. J'aspire à tout cela mais le changement est long et difficile...après des années d'éducation, de "domestication"...

Une fois le vase plein, prêt à déborder, comment sait-on lorsqu'il s'agit de la bonne personne ? Comment en être sûre si cela est possible enfin si la certitude est envisageable.

N'existerait-il pas de "Deuxième moitié" ?

Je vous remercie très sincèrement.

Bonsoir rachel

Je me retrouve énormément dans ton  histoire. J'en suis au même point actuellement, je fais une pause moi aussi pour me retrouver pour apprendre à m'aimer et ne plus jamais me dire il m'a aimé à sa façon c'est à dire mal aimée.

Dans le cadre de ma formation de coaching j'ai fait du travail sur moi et j'ai pris conscience que je ne posais pas de limites, que je n'avais pas assez d'estime pour moi comme si c'était déjà super qu'on s’intéresse à moi .

Je ne veux plus jamais ça ! J'estime que je suis quelqu'un de bien et je mérite le mieux.Se recentrer sur soi , satisfaire ses besoins et vivre en accord avec ses valeurs permet d'avancer et de retrouver la confiance de soi. Et quand on est serein, positif, on est forcément dans l'accueil de l'autre.

Très belle soirée.

Rabea.

Oui mais tout cela n'entraîne t-il pas un certain isolement ou comment dire un certain éloignement des "autres" face à ça, le comprennent-t-ils, l'acceptent-t-ils, le risque n'est-il pas de se retrouver seul ?

Je te remercie

Bon week end !

Qu'est ce que je dis quand je dis je t'aime ?

Je crois que personne ne sait aimer vraiment quoique se soit...

Simplement je m'aime et l'autre me permet de m'aimer ... et quand se n'ai plus le cas que faire ...

si je comprend que je tourne en rond dans ma bulle psychique , je peux alors prendre conscience de mon état et commencer à apprendre à aimer vraiment c'est à dire à m'aimer moi-même sincèrement fragilisent, puissamment ...

Alors c'est  par cet amour profond que je m'aperçoit que j'aime aussi le monde et que le monde m'aime ...

Dans un tel état je peux aimer et être aimer de façon romantique une personne particulièrement le temps que la vie nous lie ...

Sinon dans cette même relation privilégié avec un partenaire mon amour et mon manque d'amour par cette relation familière mes renvoyer constamment  car je me lever avec lui/elle manger avec lui/elle dort avec lui/elle quand je suis en forme lui/elle est là quand je suis en bas du trou lui/elle est là ...

Et de part cette présence proximal lui/elle deviens un horrible ou merveilleux miroir de qui je suis à chaque moment ...

Car avec les amis je peux être mon masque en journée et me coucher seul le soir mais avec lui/elle le soir je me couche mais je dois poser mon masque et de se fait lui/elle se révèle ou me révèle ...

Je vis en couple et tout se que je peux voir sur l'autre je sale puis je regarde mon manquement d'amour nous envers elle mais envers moi et ainsi je retrouve mon amour "propre" et mon amour "elle" ...

Mais quand je cherche à l'aimer malgré tout, je m'aperçoit que je l'aime malgré moi et je vois que je n'aime ni elle ni moi dans ce cas là ...

Puisse tout l'être explorer l'amour qui est eux pour eux même, dans tout ces êtres je suis ...

L'amour est une denrée rare quand on la garde et abondante quand on la partage  à soi et à l'autre , à l'autre et à soi ...

Pourquoi sommes nous capable d'aimer malgré nous ? Se voit-on réellement à travers l'autre dans une relation ? Il serait donc normal d'en arrivé à se reprocher les mêmes choses, l'autre n'est que le miroir de ce que je suis ? Peut-on vraiment faire le deuil d'une relation de 8 ans en 1 mois, n'est ce pas là un transfert de sentiments ? Comment peut-on prétendre aimer quelqu'un, se fiancer avec et au delà de ça, ne pas prendre la peine de l'entendre, de l'écouter, l'épauler et d'au contraire la rabaisser, la dévaloriser..pour quelles raisons ? Et la encore se relancer dans une histoire deux mois après n'est ce pas encore un transfert de sentiments, une manière de fuir la solitude pour ne pas être confronté à soi même. Et pourquoi l'être humain préfère-t-il laissé son ego le guidé et n'ai-t-il que rarement capable d'ouvrir son coeur ? Ne pas être capable de tolérer ou ne pas avoir la carrure pour veut-il vraiment dire que l'on été pas capable d'aimer sinon nous aurions supporter ?

La bonne mesure d'aimer est d'aimer sans mesure pour cela faut il connaitre le sans mesure 

Amour infini

C'est à dire d'aimer sans attente particulière un genre d'amour inconditionnel ? C'est très très difficile il doit falloir s'aimer énormément pour ça. Mais que veut dire s'aimer finalement ? Et comment savoir ensuite si l'amour que l'on donne sans mesure est donné à la bonne personne il existe différents amours. Comment faire la différence et ne pas tout confondre car comment aimer quelqu'un sans mesure et être sûre de l'aimer vraiment ? Ca nécessite forcement un peu de détachement. Ce qui me fait peur en mettant cela en application c'est de ne plus savoir si j'aime vraiment ou pas car du coup j'aimerais alors plus ou moins tout le monde de la même façon ?! Je ne sais pas si je suis très claire mais j'ai moi même du mal à tout comprendre en ce qui concerne l'amour enfin cette façon d'aimer (j'aurais peur d'être trop détachée et de douter de cette amour, serait-il véritable comment en être certaine si je suis détachée ? )

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