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Commentaire de Isabelle Paoli le 18 décembre 2013 à 15:49

Qu'on se le dise, les anges sont de retour. Au cinéma, Wim Wenders les a mis en scène dans "Les ailes du désir". L'académicien Michel Serres a prouvé leur modernité dans son livre "La légende des anges". Ils ont quitté le domaine de la religion populaire pour apparaître comme les promoteurs de l'informatique et de la spiritualité "dans le vent!" Et tel évêque français fait preuve d'une connaissance impressionnante à leur sujet: "Contrairement à l'être humain, l'ange ne raisonne pas: il saisit, il voit, il embrasse, il comprend aussitôt les conséquences dans le principe... L'ange est rempli de sagesse naturelle, native, géniale, immobile, infaillible." Nous souhaiterions plutôt une certaine prudence et une bonne dose d'humour devant ce nouvel engouement.

Que les anges apparaissent dans l'histoire du salut, c'est toujours pour indiquer le surgissement de la Révélation. Leur intervention est synonyme de prise de parole par Dieu.

On le voit bien avec Gabriel lors de l'annonciation. C'est la Parole qui fait l'ange. L'étymologie est d'ailleurs pleine de sens: ces esprits invisibles, créés dès le commencement du temps selon le IVe Concile du Latran (1215), sont des messagers, des experts en communication. Ils mettent en relation le monde céleste et le monde terrestre. D'une part, ils indiquent la transcendance absolue de Dieu mais une transcendance qui se veut condescendance pour l'humain. D'autre part, ils attestent l'ouverture par le haut du monde des humains, celui-ci se recevant dans son existence d'une parole créatrice.

Devant la prolifération des anges que nous connaissons aujourd'hui, le chrétien ne peut qu'adopter l'attitude sobre du Nouveau Testament: quand le Christ est là, les anges sont relégués au second plan. Ils s'effacent durant le ministère public de Jésus. Nulle part dans l'Évangile, on ne tgrouve une réflexion élaborée sur la nature et la mission de ces "esprits remplissant des fonctions et envoyés en service pour le bien de ceux qui doivent recevoir en héritage le salut" (Hébreux 1, 14). S'ils accompagnent la Révélation, ils n'en sont pas l'objet. Le folklore mythologique, le plaisir esthétique ou la piété populaire ne peuvent détourner de l'affirmation de foi: Jésus est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. L'ange tourne notre regard vers la liturgie céleste.

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