Emission les Racines du Ciel, sur France Culture, le 04.11.2012, par Frédéric Lenoir et Leili Anvar Invité : Alexandre Jollien, Philosophe qui s'intéresse à ...

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Commentaire de Romane le 7 octobre 2015 à 6:34

Petit traité de l’abandon

Dans le Petit traité de l’abandon, je tente de dessiner l’ascèse, l’art de vivre que j’essaie de vivre au quotidien, tant bien que mal. Ce cd est une première. Quand l’écriture me pèse, l’oral balaie le handicap et c’est ainsi que j’ai élaboré ces petites chroniques que je dictais au gré des aventures quotidiennes.

Au final, c’est toujours l’art de la joie que j’esquisse mais sans passer par le vernis qu’impose peu ou prou l’écriture. En effet, quotidiennement, j’enregistrais la récolte de mon enquête : rassembler des exercices spirituels pour concilier l’inconciliable : l’abandon et l’action.

S’abandonner, c’est accueillir la vie telle qu’elle se présente, vivre en un sens la non-fixation, chère à la pensée bouddhiste. Dès que je me fige, dès que je m’arrête, je souffre.

Aussi, ce petit livre visite vingt thèmes qui constituent à mes yeux le coeur d’une vie spirituelle. De l’amitié au zen en passant par la gratitude ou la bienveillance, c’est le chemin du « oui » qui se dessine. Au fond, l’ascèse c’est d’en faire moins, se dépouiller de tout ce qui nous entrave pour danser joyeusement dans la ronde de l’existence.

Commentaire de Romane le 7 octobre 2015 à 6:33

"Rencontrer l'autre, c'est se reposer un peu de soi. La plus grande souffrance est selon moi celle qui nous replie sur nous-mêmes, celle qui nous enferme sur notre petit moi.Et ça finit par sentir le renfermé là-dedans! Rencontrer l'autre, c'est se dépouiller un peu de soi, se dépouiller de tout ce que l'on projette sur l'autre. [...] Le drame, c'est aussi de considérer autrui comme un adversaire, un ennemi, comme le non-moi. Or, au contraire, rencontrer l'autre, c'est faire éclater cette distinction, moi et non-moi, mettre fin à leur face-à-face. [...]

Rencontrer l'autre, c'est mettre à bas nos préjugés. On ne se prépare pas à la rencontre, il n'y a pas de protocole. [...] La rencontre, c'est aussi oser faire des faux pas. Il n'y a pas de mode d'emploi pour aller vers l'autre, juste une certaine curiosité.

Rencontrer l'autre, c'est aller vers un autre monde. Sortir de soi, de ses repères, de ses carapaces et de ses armures. Sortir des rôles que nous jouons."

            Alexandre Jollien

Commentaire de Romane le 7 octobre 2015 à 6:31

Un jour, sérieux comme un pape, j'ai convoqué mes enfants. Nous avons choisi trois livres dans lesquels nous avons glissé un billet de dix francs, et je leur ai dit : "Le premier clochard que l'on rencontrera, on lui donnera un livre." Nous avons donc cheminé et nous avons bientôt trouvé un homme assis par terre. Victorine et Augustin ont très solennellement et très simplement déposé un des livres devant lui. Et nous avons continué notre chemin. Nous avons ensuite croisé un artiste de rue qui, immobile, faisait le robot, et chaque fois que l'on jetait une pièce dans son panier, bougeait un orteil ou un bras. Ma fille a mis à ses pieds un autre livre. L'ironie du sort a voulu qu'il traite de la manière de rester zen en toute occasion. J'ai ressenti une joie soudaine. La joie que je croyais d'habitude éprouver en achetant un nouveau bouquin ou un nouvel habit. Elle rayonnait en moi par le simple fait que je m'étais ouvert à l'autre. Au terme de la promenade, nous sommes revenus sur nos pas et nous avons revu le clochard qui était en train de lire "De la brièveté de l'existence". J'en ai eu les larmes aux yeux. [...]
Se dépouiller, ce n'est pas s'arracher quelque chose, ce n'est pas aller vers le manque ou la privation, mais au contraire s'ouvrir à ce que l'on est vraiment.

   Alexandre Jollien

Commentaire de Romane le 7 octobre 2015 à 6:14

Ce qui m'a aidé à entrer dans l'abandon, outre le "Soûtra du Diamant", c'est le saut en parachute. C'était une folie de jeunesse, pour tenter une nouvelle expérimentation quand la véritable expérience est justement l'héroïsme du quotidien, de la banalité, se lever le matin et être émerveillé d'un rayon de soleil que l'on voit tous les jours, d'un rossignol qui chante à six heures du matin et qui nous casse les pieds.
L'héroïsme c'est cela, c'est goûter à fond le réel. Avant de sauter en parachute, on ne sait pas si le parachute s'ouvrira ou pas. Il faut essayer pour vérifier si ça marche. Si ça ne marche pas, on s'en aperçoit très vite ! L'abandon, c'est un peu cela.

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