Zorba le Bouddha, un être d’avenir !
La méditation selon Osho : Zorba le Bouddha (L'autre monde
est caché dans ce monde-ci), extrait Du Monde d'Osho,
Méditation, La porte vers l'intériorité (un guide pour les
méditants), Osho Tantra éditions, Lausanne, sans date, pp 7-
9.
[Sans même connaître Osho, dans les années 60, combien de
fois mon premier guide ne m’a-t-il pas répété qu’il fallait
associer la sagesse de Bouddha à la vitalité de Zorba, et j’ai lu
le roman ... puis, à peu près tout Nikos Kazantzakis, tellement
cet auteur m’a fasciné par la qualité de son intelligence et de
son engagement. Bien plus tard, je fus saisi de retrouver la
mention de cette chimère dans les textes d’Osho, qui voulait
créer Zorba le Bouddha ! L’extrait qui suit appartient à un
chapitre de questions/réponses, comme il est coutumier dans
les ouvrages d’Osho]
Question d’un disciple : Maître bien-aimé, parfois, quand vous
parlez, j'ai l'intuition que je devrais vivre une vie comme Zorba
le Grec -manger, boire et être joyeux, sensuel et passionné.
D'autres fois, je ressens que vous me dites que le chemin
passe par le silence, par l'attention et l'immobilité d'un moine.
Je sens que vous vous arrangez pour intégrer les
contradictions, mais pouvons-nous être les deux, Zorba, poussé
par la passion et le désir, et Bouddha, sans passion, tranquille
et calme ?
Réponse d’Osho : Ceci est l'ultime synthèse -lorsque Zorba
devient un Bouddha. J'essaie de créer ici non pas Zorba le
Grec, mais Zorba le Bouddha.
Zorba est merveilleux, mais quelque chose manque. La terre lui
appartient, mais le ciel manque. Il est terrestre, enraciné, tel un
cèdre géant, mais il n'a pas d'ailes. Il est incapable de voler
dans le ciel. Il a des racines, mais pas d'ailes.
Manger, boire, être joyeux est parfait en soi, il n'y a rien de mal
à cela. Mais ce n'est pas suffisant. Un jour vous en serez
fatigué. Personne ne peut se borner à manger, boire et être
joyeux. Un jour le carrousel du bonheur se transformera en
carrousel de malheur, parce que c'est répétitif. Seul un esprit
très médiocre peut s'en contenter.
Si vous avez un peu d'intelligence, tôt ou tard, la question naîtra
fatalement. Quel est le sens de tout ça. Pourquoi ? A la longue,
il est impossible d'éviter cette question. Et si vous êtes très
intelligent, elle est toujours là, de manière persistante, frappant
à la porte du cœur pour obtenir une réponse : Donne-moi une
réponse, pourquoi ?
Et souvenez-vous, ce ne sont pas les gens pauvres et affamés
qui se sentent frustrés par la vie -non. Ils ne peuvent être
frustrés. Ils n'ont pas encore vécu, comment pourraient-ils être
frustrés ? Ils sont pleins d'espoir. Un homme pauvre espère
toujours que quelque chose se passera, si ce n'est aujourd'hui,
ce sera demain ou après-demain, et si ce n'est pas dans cette
vie, ce sera pour la prochaine.
Que pensez-vous ? Qui sont-ils à dépeindre le paradis comme
un club Playboy, qui sont-ils ? Les affamés, les pauvres, ceux
qui ont raté leur vie projettent leurs désirs au paradis. Au
paradis, coulent des fleuves de vin ... qui sont-ils, ceux qui
imaginent des fleuves de vin ? Ils ont dû rater leur vie ici. Et il y
a des arbres qui réalisent les vœux. Vous vous asseyez à leur
pied, vous désirez, et dès que vous désirez, tout se réalise
immédiatement.
C'est uniquement à travers l'expérience qu'on peut connaître la
totale futilité de tout cela. Seuls les Zorbas en viennent à
connaître cette extrême futilité. Bouddha lui-même a été un
Zorba. Il avait toutes les femmes les plus belles de son pays.
Son père s'était arrangé pour que toutes les belles filles soient
autour de lui. Il avait les plus beaux palais -pour chaque saison
un autre palais. Il avait tout le luxe possible à cette époque. Il menait la vie d'un Zorba le Grec ; toutefois, à vingt-neuf ans il
se sentit profondément frustré. C'était un homme extrêmement
intelligent. S'il avait été médiocre, il se serait installé dans cette
vie. Mais il comprit rapidement : c’est répétitif, c’est toujours la
même chose. Chaque jour vous mangez, chaque jour vous
faites l’amour avec une femme ... et il disposait chaque jour de
nouvelles femmes pour faire l'amour. Mais pour combien de
temps ? Bientôt il en eut assez.
L'expérience de la vie est très amère. Elle est douce
uniquement en imagination, dans la réalité elle est très amère
(*). Il quitta tout : son palais, les femmes, la richesse, le
luxe.
Ainsi, je ne suis pas contre Zorba le Grec, parce que Zorba le
Grec est le fondement de Zorba le Bouddha. Bouddha émerge
de cette expérience. Ainsi, je suis entièrement pour ce monde,
parce que je sais que l'autre monde ne peut être expérimenté
qu’à travers ce monde-ci. Je ne vous dis pas de quitter le
monde, je ne vous dirai pas de devenir moine. Un moine va
contre Zorba ; il a fui, c'est un lâche ; il a agi avec précipitation,
de manière inintelligente. Ce n’est pas une personne mûre. Un
moine est immature, avide, avide de l'autre monde, et il le veut
trop tôt, la saison n'est pas encore venue, il n'est pas encore
mûr.
Vivez dans ce monde, parce que ce monde donne une
maturité, une intégrité. Les défis de ce monde vous donnent un
centre, une attention consciente. Et cette conscience devient
l'échelle. Vous pouvez alors aller de Zorba à Bouddha.
Seuls les Zorbas deviennent des Bouddhas -et Bouddha n'a
jamais été moine. Un moine n’a jamais été un Zorba (**), qui a
été touché, enchanté par les paroles de Bouddha. Le moine est
un imitateur, il est inauthentique. Il imite Bouddha. Il peut être
chrétien, il peut être bouddhiste ou hindou, ça ne fait pas une
grande différence -mais il imite Bouddha.
Quand un moine quitte le monde, il le fait de manière
conflictuelle. Il ne s'en va pas en paix. Tout son être reste
tourné vers le monde. Il se bat contre lui. Il est divisé. La moitié
de son être est pour ce monde, et l'autre moitié est avide de
l'autre. Il est déchiré. Un moine est forcément schizophrène, un
être dissociée divisé entre le supérieur et l'inférieur. Et l'inférieur
continue à l’attirer, et plus l'inférieur est réprimé, plus il l'attire.
Et parce qu'il n'a pas vécu la base, il ne peut s'élever.
Vous ne pouvez aller vers le supérieur que lorsque vous avez
traversé l'inférieur. Vous ne pouvez gagner le supérieur qu’en
traversant l'agonie et l'extase de l’inférieur. Avant que le lotus
ne devienne lotus, il doit traverser la boue -cette boue est le
monde. Le moine a fui la boue, il ne deviendra jamais un lotus.
C'est comme si une graine de lotus était effrayée de tomber
dans la boue -son ego disant « Je suis une graine de lotus ! Je
ne peux tomber dans la boue ». Mais ainsi elle restera à l'état
de graine : elle ne fleurira jamais. Si elle veut fleurir comme
lotus, elle doit tomber dans la boue, elle doit vivre cette
contradiction, elle ne peut l'éviter. Sans cela, il n'y a pas moyen
d'aller au-delà.
Je voudrais que vous vous enraciniez dans la terre. Je suis tout
à fait d'accord avec Friedrich Nietzsche quand il dit : « Je vous
conjure mes frères, restez fidèles à la terre et ne croyez pas
ceux qui parlent d'espoir dans l'au-delà ». Apprenez votre
première leçon de confiance en faisant confiance à la terre.
C'est votre chez-vous, ici et maintenant.
N'aspirez pas à l'autre monde. Vivez ce monde, vivez-le avec
intensité, avec passion. Vivez-le totalement, de tout votre être.
Et c'est à partir de cette entière confiance, à partir de cette vie
passionnée pleine d'amour et de joie que vous pourrez aller au-
delà.
L'autre monde est caché en ce monde-ci. Bouddha dort à
l'intérieur de Zorba. Il doit être éveillé. Et rien ne peut l'éveiller,
sauf la vie elle-même.
Je suis ici pour vous aider à être total, qui que vous soyez ; quel
que soit votre état, vivez cet état totalement. Vous ne pouvez
transcender quelque chose que vous n'avez pas vécu
totalement.
Devenez d'abord un Zorba, une fleur de cette terre et gagnez à
travers lui la capacité de devenir un Bouddha -la fleur de l'autre
monde. L'autre monde n'est pas hors de ce monde; l'autre
monde n'est pas opposé à ce monde-ci ; l'autre monde est
caché dans celui-ci (°). Celui-ci n'est qu'une manifestation de
celui-là, et celui-là est la partie non manifestée de celui-ci.
(*) Voir l’aphorisme indien, cité par Swami Prajnanpad : « La vie
est du miel présenté sur une lame de rasoir, au début on a le
goût du miel, et à la fin on a le goût du sang »
(**) Une belle exception, parmi d’autres, Taisen Deshimaru
...
(°) Samsara ... Nirvana ... même histoire !
Pour ajouter un commentaire, vous devez être membre de ‘épanews’.
Rejoindre épanews (c'est gratuit)