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Autre exemple, le piratage de la firme Sony par des hackers nord-coréens a démontré que nos emails les plus confidentiels pouvaient également être jetés en pâture aux médias et déstabiliser les plus grandes firmes mondiales. D'ailleurs, la patronne de Sony aux États-Unis a depuis lors été démise de sa fonction.
Il y a quelques jours à peine, un site américain a dévoilé, preuves à l'appui, que la firme Gemalto, celle qui fabrique les cartes SIM pour quasi tous les opérateurs mondiaux, et donc aussi pour Proximus, Base et Mobistar, cette firme a été aussi victime d'un piratage par les services spéciaux britanniques et américains. Le but de ce piratage étant d'écouter des conversations sans que la compagnie qui fournit le service et les autorités du pays ne soient au courant. La direction de Gemalto est plutôt gênée par ces révélations et a indiqué qu'elle les prenait très au sérieux, tout en tentant de les minimiser.
En fait, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que les "écoutes" aujourd'hui ne visent pas seulement des personnes bien ciblées, mais peuvent concerner n'importe qui. En effet, grâce à internet, à nos smartphones et à tous les capteurs que mettent en place les citoyens un peu partout, il est aujourd'hui techniquement possible de trier, et d'analyser, tous ces milliards d'informations et de déceler les signaux suspects.
J'avais dit dans une chronique précédente qu'un intellectuel comme Jacques Attali préconisait d'ailleurs un meilleur usage de ces outils numériques pour traquer et anticiper les attaques terroristes. Mais comme la langue d'Ésope, si on peut souscrire à ce genre d'utilisation, il y en a d'autres pour lesquelles on a plus de doutes. C'est le cas avec le projet Sattellogic, qui va permettre de voir des vidéos en direct et à haute définition de n'importe quel point de notre planète. Autrement dit, c'est un projet qui va encore plus loin que Google Maps et qui ampute donc toute vie privée, y compris les riches qui pensaient être à l'abri avec des remparts autour de leurs propriétés.
Et puis, il y aussi ce projet de la société Beyondverbal, dont le nom dit bien ce qu'elle veut faire: développer des détecteurs d'émotions par l'analyse de la voix et de l'intonation des locuteurs via un smartphone. En clair, avec ce dernier projet, l'intrusion dans la vie privée arrive également au niveau de nos pensées les plus secrètes.
Le fondateur d'Internet a donc sans doute eu raison de dire que "la vie privée pourrait bien être une anomalie". Et encore, il a été gentil de le formuler de la sorte. Éric Schmidt, l'ancien patron de Google, avait été encore plus loin en déclarant en 2009, je le cite: "si vous souhaitiez que personne ne soit au courant de certaines des choses que vous faites, peut-être ne devriez-vous tout simplement pas les faire". Six ans plus tard, son pronostic se vérifie point par point.
Au fond, pour dire les choses brutalement, dans dix ans, quelqu'un qui postulera pour un job ou ira chercher un document à l'administration aura l'impression de sortir en slip ou bikini, car son interlocuteur saura tout de lui. Demain, il faudra donc sans doute payer pour rester anonyme, si c'est encore possible.
Dans dix ans, quelqu'un qui postulera pour un job aura l'impression de sortir en slip, car son interlocuteur saura tout de lui.
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