Pour illustrer ce texte voici une vidéo sur le même thème -

... À la lisière saisonnière des froideurs cycliques

La grande mer semble encore tiède pour un rêveur sans frontière

S’en allant arpenter la longue plage désertée,

Épurée, lissée par les grandes marées,

De cette Biscaye des jours heureux

Aux senteurs d’iode et de résine associés.

Son regard sans faille, extatique,

Parcourt l’horizon délavé souligné de nuageux dessins chimériques.

Quête d’un banc sableux caché,

D’une glissoire mythique

Où déroule une houle à perfection sur des hauts fonds réguliers.

Dans sa nudité de splendeur, seule tenue de rigueur,

Le glisseur prudent s’est coulé lentement

Les yeux grands ouverts derrière un masque de verre,

Entre les flots insolents, rieurs, moqueurs, mais bienveillants.

On ne chahute pas plus que nécessaire l'apprenti sorcier des mers.

À son amour sincère l’unique réponse est le respect.

Ce mage débutant, prudent, flotte plus qu’il ne nage,

Et se laisse porter au fil des eaux étonnées.

Guidé par un courant compatissant derrière la barre bien ancré,

Il se place et se déplace en toute sérénité,

Attentif, souriant, aux humeurs marines.

L’instant n’a pas de durée,

La vague le soulève dans un murmure de douceur,

Et l’emporte toute joyeuse vers la grève dorée,

En sous-marin humain pareil à un dauphin blanc,

Insouciant, hors du temps.

Vers l’au-delà de toutes les distances,

Sous le silence de toutes les absences

Où l’humanité n’a plus droit de cité,

Dans la profonde obscurité inviolée des abysses,

Les mammifères marins dansent, chantent, la transe de leur félicité.

Dans l’océan tout se sait, tout se dit.

L’eurythmie atypique du Kaha-Nalu d’Eurasie,

Son insondable rayonnement impavide se propage

En ricochets magnétiques jusqu’aux sonars delphiques.

Glissades et dérives candides se suivent

Et se poursuivent pour l’hominidé aquatique

Caracolant incessamment,

Au gré d’un jusant au tempérament cantabrique.

Simultanément une flottille de bolides bondi, survole, file,

Et s’entre-glisse sur le vertige de l’abîme.

Cliquetis, cris et piaillements résonnent

Et irradient aux rives atlantiques.

Dans l’aérage fluctuant de l’aquanaute insouciant,

Un bouillonnement subit agite l’écume frissonnant.

Un globicéphale d’obsidienne jaillit,

Suivi d’une cohorte ébaudie de sombres adolescents impatients.

Tout se fige. Pour de vrai.

Le bodysurfeur aux aguets, qui surnageait tranquille,

Cesse de penser soudainement, médusé, muet,

Surpris par l’absence d’ondoiement.

Un chenal s’est ouvert entre deux univers,

Une jonction s’est établie entre deux mondes avoisinants.

La prophétie s’est accomplie.

Dans l’immanence de la rencontre féerique

Advient une intense communion onirique.

Humain et dauphins, dans l’éclair de conscience d’une inspiration,

Communiquent via le langage euphorique de l’amitié atemporelle

Où l’âme agit sans barrière, ni de chair, ni d’esprit.

Sri Bhadra Akupara

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