Questionner, est-ce agresser ?

Quand nous questionnons, la plupart du temps nous obtenons au pire une réaction de rejet et au mieux une réponse partielle.
Entre les deux se situe la non-réponse ou l’évitement classique.
Dès lors il est légitime de se poser la question de la violence inhérente à toute question.
En effet, une question est une triple exigence envers autrui : exigence qu’il fournisse une réponse, que la réponse réponde à la question et pas à une autre, et enfin que cette réponse contienne un argument qui permette de lui donner une certaine assise, un fondement.
Face à cette exigence, les stratégies sont nombreuses pour échapper à la question, terme qui réfère ironiquement à une ancienne technique de torture pratiquée par l’Inquisition.
Pourtant, depuis Socrate, le questionnement en tant qu’art est le meilleur moyen pour mettre les âmes (esprits) à l’épreuve d’elles-mêmes et tester leur cohérence interne et externe, pour élaborer le sens commun, travailler l’universalité et découvrir autrui.

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Commentaire de Sam's le 28 décembre 2015 à 20:56

Hi hi, oui intéressant effectivement.

Si donc c'est l'être entier (UN, donc réalisé) comment ce pourrait-il que cet être puisse se sentir agressé ?

A moins qu'il ne soit pas si "entier" que cela et qu'il y ait une forme d'agression irrésolue en lui qui résonne encore quand les conditions s'y prêtent, comme une sorte d'effet miroir afin de nettoyer ce qui doit l'être car à la fin, tout n'est-il pas égal ?

L'extérieur ne refléterait-il pas notre état intérieur ?

Si nous sommes tous reliés, se pourrait-il qu'en définitive, il n'y ait point d'autre. Que celui qui pose la question et celui qui donne une réponse sont semblables.

Et si l'autre n'était pas un autre ?

Et s'il y a agression ou sentiment d'agression, cette souffrance ne révèlerait-elle pas que nous sentions alors être séparés ?

Commentaire de Lovyves le 28 décembre 2015 à 20:02

Voila qui est très intéressant pour le débat et la contradiction,S'âme.
Est ce que en paroles, il ne peut pas y avoir d'agression ? (en considérant l'autre (et soi) comme un être entier (UN), pas un "mental" à 2 jambes ou un "coeur" à 2 jambes).

Commentaire de Sam's le 28 décembre 2015 à 19:40

Mais qui donc pourrait se sentir agressé si ce n'est l'ego lui-même ?

Je pense que tout est acceptable. La question, la réponse et/ou la nom réponse.

Juste accepter ce qui est n'est-il pas tout simplement plus sage et équanime ?

Commentaire de Lovyves le 28 décembre 2015 à 19:10

Bonsoir à Tou(te)s
Oui, Liouba, que le questionneur n'accepte pas la réponse peut être considéré comme une agression; car, par principe, toute réponse est une réponse vraie, tant qu'il n'y a pas eu preuve du contraire.
"Forcer l'intime", je ne sais pas où commence l'intime d'autrui.
Par comme forcer autrui à donner une réponse peut être considéré comme une agression.
Autrui est libre de ne pas donner de réponse, en l'assumant : " je ne donne pas de réponse", par respect envers le questionneur et cohérence envers soi-même.

Oui, "question - réponse" est très souvent bénéfique pour les deux.
Eh, oui, une règle du "jeu" .. ce n'est qu'un jeu.
Oser avec ce "jeu" aller là où on n'y avait pas pensé au départ; et oser n'est pas de l'agressivité, sans doute plus proche du courage.
Mais, aller hors des "sentiers battus" (de la pensée, de ma pensée), est, possiblement, considéré comme dangereux, donc vu comme une agression possible.

Commentaire de Liouba le 27 décembre 2015 à 22:17

Questionner peut être agresser si on cherche à forcer l'intime de la personne, si on accepte pas la réponse ou la non réponse. Cela peut aussi être l'occasion pour le questionneur comme pour le questionné de mettre les esprits à l'épreuve effectivement. Encore faut-il avoir les mêmes règles du jeu dès le départ, ce qui manque bien souvent et qui fait que cela est perçu comme agressif pour les 2.

Commentaire de Katy le 27 décembre 2015 à 22:02

Mais voyez-vous mon cher Lovyves, c'est vous qui nous mettez Socrate sous le nez, à tout bout de champ, je rebondis dessus, à la manière d'un Lovyves qui aime jongler avec....tout.

Socrate n'est peut être pas le puits de science que certains voudraient.

Dans le questionnement on attend quelque chose de l'autre ou des autres. Quoi ? Une réponse qui n'apparait pas ? une réponse que l'on ne veut pas s'autoriser à entendre ? Dérangeante ? Si le sujet l'est (dérangeant) pourquoi vouloir l'entendre dit par quelqu'un d'autre ? Pour s'en servir comme exutoire (il est difficile de se défouler sur soi-même).

Il y a aussi les réponses imprévues et comme le disent les autres intervenants, celui qui interroge doit se préparer à s'adapter à cela (ou y faire face au moins). D'autant que vous êtes bien placé pour savoir cela, étant le champion des réponses qui n'ont rien à voir avec la question (que vous reprochez un peu trop aux autres, d'ailleurs, même si le reproche n'est pas infondé).

Il faudrait s'entendre sur ce qui est considéré comme agressif : une vraie agression, ou une question claire et franche, trop abrupte, ou qui ne plait pas à l'interrogé et la considère agressive, l'est-elle ? ou juste trop brute, dérangeante ou mal appropriée...

Pourquoi assortir "questionner" à "agresser" ? et qu'est-ce que "agresser" ?  c'est une question et non agressive.

Commentaire de Lovyves le 27 décembre 2015 à 20:53

Et en plus Katy fait semblant de ne pas comprendre, ça devient lassant.

le sujet (du jour) : Questionner, est-ce agresser ?
Ce que pense Nietzche de Socrate, n'est pas une réponse au sujet, encore moins une réponse de Katy.

Commentaire de Katy le 27 décembre 2015 à 20:44

Où voyez-vous des suppositions ? Nietzsche ne suppose pas, il affirme.

En quoi un détracteur supposerait-il plus qu'un admirateur ?

J'ai posé une question précise, il me semble, à la fin, la diversion est, comme d'habitude, de votre fait, à l'identique de la réponse que vous faites à Nuit.

Commentaire de Lovyves le 27 décembre 2015 à 20:34

Bonsoir à Tou(te)s
Sujet très intéressant Katy,
Que j'aurai plaisir à commenter (après avoir longuement échangé sur le sujet de ce blog).
Mais, présentement, ce n'est pas le sujet.

Faire diversion et de faire des suppositions, d'avoir des préjugés sur les personnes, plutôt que d'exposer un point de vue, ou d'argumenter sur le sujet en question, est un manque assez flagrant de rigueur philosophique (de tous temps).

Oui, Nuit, l'on peut "voir" dans les 2 sens.
Quand le questionneur est il dans un sens ?
Quand est il dans l'autre sens ?

Commentaire de Katy le 27 décembre 2015 à 13:31

Que pensez-vous de Nietzsche qui accusait Socrate ? :

"Socrate est un esprit faible incapable de création qui va démolir la Grèce et annoncer le principe d’une culture nouvelle, celle de la morale platonicienne, qui renvoie tout à la rationalité. C'est d’ailleurs le sens de ce δαιμων socratique, uniquement là pour retenir Socrate : il est le signe d’une inversion où l’instinct est restrictif et la morale créatrice, et où il y a perversion de la relation conscience/instinct.

Socrate n’est donc pas qu’un sophiste, il est le pire des sophistes, en tant qu’il s’emploie à démolir ses interlocuteurs, il ne s’agrandit qu’en rapetissant l’autre : il n’est donc porté que par le ressentiment du faible (que Nietzsche lie d'ailleurs à sa laideur). Au lieu d’affirmer le tragique de l’existence, il tente de la contrôler et de la justifier par une morale du savoir où le mauvais n’est jamais qu’un ignorant. Il fait un « saut mortel dans le drame bourgeois » où l’individu n’a qu’à se justifier sans assumer son destin tragique. Socrate est un pessimiste nihiliste qui dégrade la valeur de la vie, sa pusillanimité ne reposant que sur une dégradation de la volonté de puissance.

Nietzsche va même plus loin en montrant que ce Souverain Bien dont Platon se réclame, Socrate le considère comme étant celui de ne jamais être né. Puisqu’il voit la vie comme une maladie, il affirmera même à l’orée de sa mort devoir « un coq à Asclépios ». Parce qu’Asclépios est le dieu guérisseur, Socrate lui doit un tribut, puisqu’il le délivre, le guérit de la vie en lui donnant la mort.

Il dit cette dernière phrase à Criton : « Criton, nous sommes le débiteur d'Asclépios pour un coq ; eh bien ! payez ma dette, pensez-y »,.  Nietzsche a donné une interprétation de cette parole : « Criton, la vie est une maladie »; Nietzsche voit en Socrate un philosophe qui nie le caractère dionysiaque de la vie.

Et de conclure : "Socrate voulait mourir : ce ne fut pas Athènes, ce fut lui-même qui se donna la ciguë, il força Athènes à la lui donner... "

Propos recueillis sur wiki, mais consignés dans "le crépuscule des idoles" de F.Niezsche.

Parce que, quoi que l'on puisse reprocher à Nietzsche, ces propos, lorsque l'on connait le parcours de Socrate, ne sont pas dépourvus de fondement.

Et parce que la maïeutique exige du "pratiquant", une totale neutralité, est-ce votre cas ? Je veux dire, et cela rejoint les autres commentaires, êtes-vous prêt à tout entendre sans brandir le bouclier du "sophisme" ou de "la projection" (chère aux psy) ou autre système de défense codifié par une théorie ou une institution ?

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