Et si vivre c’est apprendre à aimer, n’est-ce pas apprendre à monter et à descendre cette échelle, à en goûter chaque barreau, la hauteur et le point de vue qu’il nous offre sur le réel ?

A lire de bas en haut du 1 au 10

10°) L’Amour inconditionnel (agapè)
A ce niveau de conscience, amour et liberté s’embrassent, il n’y a plus de dualité , l’homme est ouvert dans toute la dimension de son être : la hauteur, la largeur, la profondeur.
« Ce n’est pas seulement moi qui aime et qui t’aime, c’est l’Amour qui aime en moi »

9°) L’Amour célébration (charis)
C’est donner et se donner avec joie ; l’égo, mes intérêts, mes désirs, mes demandes ne sont plus un obstacles, ils sont débordés par la puissance d’un amour qui me vient d’ailleurs.
C’est ce que l’on appelle « l’état de grâce »… Tout est simple, l’amour coule de source.
« Je t’aime parce que je t’aime, c’est une grâce d’aimer et de t’aimer »

8°) L’Amour compassion (eunoia)
La compassion est cette bonté en actes , pas en paroles ou en rayonnement seulement, elle est cette plus haute preuve de tendresse qu’on appelle encore le dévouement.
« J’aime prendre soin de toi, je suis au service du meilleur de toi-même »

7°) L’Amour harmonie (harmonia)
Lorsque deux êtres aimants s’unissent c’est l’harmonie même du ciel et de la terre qu’ils rétablissent.
A ce niveau, l’amour n’est pas conditionné par cette relation, c’est une qualité intrinsèque à la personne.
« Nous sommes bien ensembles, le monde est plus beau »

6°) L’Amour tendresse (storgè)
Il ne s’agit plus d’un amour dépendant mais d’un amour considéré comme un « état d’être » ou un « état de conscience ».
L’amour est alors un rayonnement de l’être profond de la personne, il se manifeste comme une tendresse infinie à l’égard de tous les êtres.
Il y a quelque chose de solaire dans l’amour tendresse.
« Je suis meilleur que moi-même quand tu es là, je suis heureux que tu sois là. »

5°) L’Amour amitié (philia)
Il suppose une sexualité non pas absente mais apaisée et une certaine liberté à l’égard de nos besoins et de nos demandes.
« Je te respecte, j’aime ta différence, je suis bien sans toi mais je suis mieux avec toi »

4°) L’Amour érotique ( eros)
On rentre dans le domaine du désir.
Eros est un jeune Dieu, un sexe représenté avec des ailes, comme pour signifier une libido qui se dégage peu à peu de l’emprise du besoin et de la demande.
« Je te désire, tu es beau (belle).

3°) L’Amour passion ( maniapathè)
Ne supporte pas le manque de l’autre, cela peut être le désir de l’impossible retour d’une totalité ou d’une symbiose avec la mère définitivement perdue.
« Je t’ai dans la peau, je t’aime comme un fou, je ne peux pas me passer de toi »

2°) L’Amour besoin ( pothos)
C’est le prolongement de porneia mais avec en plus de la dimension pulsionnelle, la dimension émotive. On y retrouve le langage de la possession.
« Tu es tout pour moi, j’ai besoin de toi »

1°) L’Amour appétit (porneia)
C’est l’amour pulsionnel, l’enfant en nous qui a besoin d’être nourri pour combler son manque le plus primaire

« Je vais te dévorer, je veux te manger »

Il n’y a pas de bons ou de mauvais amours, il n’y a que des évolutions arrêtées à un barreau de l’échelle.

L’homme est lui-même souvent symbolisé par une échelle et c’est là sa mission : tenir ensembles le ciel et la terre, le plus divin et le plus humain, afin de réaliser l’archétype de la synthèse.

Catherine Bensaid et Jean-Yves Leloup « Qui aime quand je t’aime ? » de l’amour qui souffre à l’amour qui s’offre. »