Pourquoi est-il si difficile de pardonner ?

Pourquoi est-il si difficile de pardonner ?

C'est difficile car pardonner, c'est rompre un lien. Lorsqu'on est dans la haine ou le ressentiment par rapport à quelqu'un dont on a été très proche, on entretient un lien très fort avec cette personne. Lui pardonner, c'est se libérer du ressentiment et donc se détacher de cette personne, s'en séparer. Par ailleurs, le pardon est difficile car il conduit à des désillusions insupportables : pardonner à ses parents, c'est reconnaître que ce sont des gens ordinaires, pardonner à son ex, c'est accepter l'idée que l'amour est mortel... Lorsqu'on a un ennemi, on est en paix avec soi-même puisqu'on rejette la faute sur lui. Mais si on lui pardonne, on admet l'idée que l'on est pour quelque chose dans son malheur.

Que nous apporte le pardon ?

Pardonner à quelqu'un, c'est se pardonner à soi-même. Lorsqu'on a pardonné, on est en paix, on sort de cette crispation. Le pardon, c'est la libération, la séparation, l'autonomie. C'est avant tout le libre arbitre retrouvé. Bien sûr, le pardon peut mener à la réconciliation, mais ce n'est qu'une possibilité parmi tant d'autres. Par exemple, lorsqu'on pardonne à son ex, on ne se réconcilie pas avec lui. Au contraire, on arrête de lui reprocher l'échec de la relation et on lâche l'affaire, on passe à autre chose. Le pardon permet alors de nouer des liens ailleurs.

Quel est le cheminement du pardon ?

Le pardon est un long travail psychique que j'ai décomposé en trois étapes. Il y a d'abord le temps des réquisitoires, c'est le moment où l'on est dans la souffrance, on formule ses reproches. Puis vient le temps des inventaires : on relativise, on se souvient des bons moments passés ensemble, on ose la nuance en se disant "j'ai quand même été dur avec lui/elle". Cela s'apparente à un processus de deuil, il s'agit de l'étape de la séparation au cours de laquelle on se détache peu à peu de la personne pour s'autoriser à tourner la page. On entre alors enfin dans le pardon : on accepte d'avoir eu une tranche de vie douloureuse, elle fait désormais partie de sa propre histoire. 
La création (peinture, pâtisserie et autres loisirs) permet de prendre le chemin du pardon. En effet, en créant, on se sent acteur de la beauté du monde, et l'on se dit : "ma vie peut-être belle sans lui/elle". C'est le premier pas vers le pardon.

Faut-il tout pardonner ?

Il n'y a pas de notion de contrainte dans le pardon. Je ne dirais donc pas qu'il "faut" tout pardonner, mais que l'on "peut" tout pardonner. Car le pardon dépend, non pas de la faute à pardonner, mais de la capacité à pardonner du pardonneur. Il existe des fautes impardonnables telles que l'inceste, que certaines personnes sont capables de pardonner. Il n'y a pas une bonne façon de pardonner, chacun doit définir son pardon, comme il le ressent. Est pardon ce que chacun désigne comme pardon.

                                                                       Maryse Vaillant



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Commentaire de Brigitte CAVADINI le 5 décembre 2013 à 10:48

Bonjour à tous,

"...Pardonnez ne nous empêche pas de rester parfois blessé,..."

Pour moi, dans l'histoire de notre vie, nous avons des faits et chacun de ces faits entraîne des émotions. Ces émotions sont joyeuses ou tristes et restent en mémoire dans notre conscient ou inconscient. Elle font partie de notre mémoire émotionnelle.

Lorsque les faits touchent la petite enfance, les émotions sont retenues par notre enfant intérieur, témoin de notre passé d'enfant. Les émotions qui s'articulent à l'âge adulte ont l'empreinte de cette mémoire.

L'acte de pardonner pour moi se dissocie : -d'une part dans le pardon du fait, de l'événement ; - d'une autre part pour les émotions, leur guérison, qui même si comme le dit Créa "Comprendre permet d'accepter, ce qui semblait inacceptable. " le fait est accepté, mais les émotions douloureuses courent encore.  D'où la nécessité pour moi, d'aller guérir son enfant intérieur et les émotions qui se rattachent au fait. Ces émotions se logent dans notre conscient mais aussi dans l’inconscient, et cré parfois une sorte de malaise, mal-être, qui bloque la liberté d'être pleinement heureuse et en accord avec sa vie.

Comme dans mon article "l'instant terrifiant" plus de 70 ans après le fait, les émotions perturbantes étaient bien là, le fait caché dans l’inconscient, l'enfant de cette femme a enfoui le fait en elle, pour l'oublier, mais les souffrances émotionnelles ont perduré toutes sa vie.

C'est ce qui me permet de dire que le pardon est en plusieurs étapes. Le fait, les personnes liées  au faits, les émotions né de ce fait, l'état d'être de notre enfant intérieur.

Paix et Amour à vous.

Commentaire de Lovyves le 5 décembre 2013 à 7:37

Bonjour Mesdames
"...L'Amour c'est vrai est mortel…".
Et/ou :
" …Pardonner ne nous empêche pas de rester blessé parfois,…"
!!
Ah bon !?
Vous me surprenez !

Commentaire de Isabelle Paoli le 5 décembre 2013 à 7:20

Bonjour Brigitte, Crea, Marye medium . Je lis avec intérêt vos réactions. Face à des situations bien différentes. Dans le cadre du pardon, j'ai envie de dire '' qu'il faut donner du temps au temps ''. Tu vois Crea , Marye , dans la différence de vos difficultés, de vos souffrances, vous répondez avec pertinence à vos questionnements .Je ne suis pas psy ! j'ai donc une analyse perso tout à fait contestable. Crea, je te cite : ton psy avec affirmation te dit   "ON NE PEUT PAS s'épanouir si on n'aime pas ses parents!" Et à ce moment là, on j'en étais à les JUGER (on aime aveuglément ses parents, ensuite on les juge, et c'est nécéssaire pour s'autonomiser, devenir soi, ensuite, dans le meilleur des cas on leur pardonne). Ma mère qui m'avait abandonnée au main d'un père bourreau, >> Je suis surprise du On ne peut pas S'épanouir si on n'aime pas ses parents. Loin de moi toute curiosité, Crea, mais compte tenu d'une grande blessure profonde et intérieure ,d'un rejet parental justifié,, un psy a t'il le droit de formuler une telle réponse ? Que vient faire l'épanouissement personnel dans cette conjoncture familiale si difficile ? Je ne partage pas sa réaction. On ne force pas à aimer , l'Amour est un don du coeur, porté vers ceux que l'on aime. Doit-on attendre un retour ? quand il s'agit de ses parents,,il est nécessaire,il apporte un équilibre manifeste au sein du cocon familial. J'imagine te souffrance, Crea et ta longue démarche intérieure afin de grandir, dis-tu. On voudrait tant que le pardon soit partagé aussi comme dans ton cas par tes parents...

Comme toi, un jour, je suis allée voir un psy pendant,trois, quatre séances .Je le voyais griffonner dans son calepin,était-il en train de me faire le portrait pendant mes élucubrations ? Je me suis posée la question ? Jamais je n'ai entendu de sa part, un avis, un conseil,un orientation à prendre. Mal à l'aise j'étais, aussi au cinquième rendez-vous,,j'ai tout simplement annulé mon rendez'vous. Je me suis sentie '' salie ''par cette expérience sans suite.

Marye medium, ta situation est Cornélienne ,J'essaie de me mettre à ta place.Un homme qui continue à t'aimer profondément ne peut pas envisager un deuil. Blessé par ton choix d(une nouvelle vie,la jalousie, la rage de t'avoir perdue  ( j'imagine ? )il peut être déstabilisé car il te porte dans son coeur. Dans de telles conditions, que faut-il faire ? Prendre de la distance afin de ne plus attiser chez lui la passion qui le dévore, imaginer qu'avec le temps il trouvera un cheminement différent? Ou alors avoir avec lui un bel entretien pendant lequel tu puisses clairement exposer tes choix de vie ? Lui faire comprendre l'estime que tu lui portes pour toujours mais que ton choix de vie est ailleurs. J'opterai pour cette solution, si j'étais confrontée à une telle situation...

Merci Brigitte , oui je partage. Douceur,Amour,Paix pour cette journée qui commence.    

Commentaire de Marye medium le 4 décembre 2013 à 21:16

Merci Isabelle. Si seulement mon ex mari pouvait lire ce texte, il avancerait vers autre chose. J'ai essayé de l'aider, impossible, il reste sur sa rancoeur pourtant nous étions deux dans notre histoire pas que moi. Alors je lui envoie de l'Amour par télépathie, j'ai envie qu'il avance vers un autre devenir, surtout que c'est un homme qui a tout pour plaire, il voudrait tout simplement que je revienne.

Je comprends sa colère, il m'aime encore, je comprends qu'il ne supporte pas que j'ai un autre homme dans ma vie qui me correspond, nous n'étions plus sur la même longueur d'onde. L'Amour c'est vrai est mortel, je suis rentré avec lui dans l'Amour inconditionnel, l'Amour Divin, nous avons des enfants ensemble on ne peut tout balayer et d'une certaine façon l'Amour est à l'éternité mais il ne veut rien entendre.

Un jour viendra le deuil pour lui et je serai heureuse de sa métamorphose.

Merci à Toi Isabelle, à Créa pour son témoignage et à Brigitte. 

Commentaire de Crea le 4 décembre 2013 à 20:21

Pardonner ne nous empêche pas de rester blessé parfois, mais on supporte mieux sa blessure, on apprend à faire avec. Se pardonner à soi, de ne pas avoir été l'enfant "parfait" qui comble ses parents, est une autre étape.

Je me souviens du premier psy que j'ai vu, heureusement que je ne me suis pas découragée ! Car il a dressé devant moi à l'époque ce qui m'a semblé un mur insurmontable !

Je lui avait part de ma colère, de ma haine, de mon rejet. Cette colère qui a été porteuse car elle m'a permis de me détacher et de me relever, de me prendre en main et avancer avec force. Et il m'a dit, dès la première séance "ON NE PEUT PAS s'épanouir si on n'aime pas ses parents!" Et à ce moment là, on j'en étais à les JUGER (on aime aveuglément ses parents, ensuite on les juge, et c'est nécéssaire pour s'autonomiser, devenir soi, ensuite, dans le meilleur des cas on leur pardonne). Ma mère qui m'avait abandonnée au main d'un père bourreau, je ne voyais comment les aimer ! Cela me semblait impossible. Ce n'est je pense qu'une bonne dizaine d'années plus tard que j'ai pu réaliser qu'au fond, je les aimais "quand même" quand j'ai compris leur histoire à eux, comment ils en étaient arrivés là. Comprendre permet d'accepter, ce qui semblait inacceptable. 

Aujourd'hui je suis en paix car je ne leur en veux plus et d'autant plus que j'ai réalisé que j'en ai tiré du bon. Nous grandissons dans la douleur....

Crea

Commentaire de Brigitte CAVADINI le 3 décembre 2013 à 0:19

Merci Isabelle, le pardon acte d'amour de paix pour soi-même.

Magnifique image !

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