« Vous pouvez tout jeter mais vous ne pourrez pas toucher à mes livres. » C’est ainsi que m’a accueillie un jour une dame dont les murs entiers étaient remplis de livres. L’espace était étouffant, mais elle se sentait incapable de s’en séparer: « J’ai tout lu vous savez! » S’attendait-elle à ce que je sois impressionnée? En tout cas, elle n’avait pas dû lire mes livres sur le désencombrement. C’était certain!
Les livres un marqueur social
Autrefois les livres valaient une véritable petite fortune. Valeur héritée de leur rareté. Avoir des livres était être un érudit, un privilège réservé à certaines catégories sociales. Aujourd’hui encore, certains tentent de montrer leur culture par des bibliothèques remplies du sol au plafond et qui concentrent surtout beaucoup de poussière.
Or les livres n’ont de valeur que si vous les utilisez, entendez par là que vous les regardez régulièrement s’il s’agit de beaux livres ou de livres de photos, qu’ils vous servent de base de travail ou que vous les lisez.
Sincèrement, dans votre bibliothèque, combien de livres achetés sur un coup de cœur et que vous vous êtes promis de lire – un jour – et qui attendent depuis des lustres?
Combien de livres que vous avez commencés et dont l’histoire ne vous passionne pas. Mais qu’il faut avoir lus pour briller en société? « Le dernier Houellebecq? Oui je l’ai commencé la semaine dernière… »
Les livres (à de très rare exception) n’ont aucune valeur. Vous le réalisez quand vous tentez de les revendre et qu’on vous les rachète au dixième du prix que vous avez payé. Vous ne pouvez donc pas thésauriser avec des livres. D’ailleurs, il est moins onéreux pour un éditeur de détruire les stocks (les mettre au pilon) et les réimprimer s’il y a une demande que de les stocker.
Les livres de chevet
Ce que j’appelle un livre de chevet est plus qu’un livre posé sur votre table de nuit et qui prend la poussière. C’est un livre de référence. Un livre que vous avez plaisir à relire, même un seul passage car vous y puisez l’inspiration. Les seuls livres que vous conservez devraient avoir cette fonction.
Les autres ne sont que des poids qui tentent à combler un manque. Souvenez-vous de votre dernier déménagement et du poids des cartons de livres. Certains doivent même encore être rangés à la cave car vous manquez d’espace ou de courage pour les déballer.
Déclarer doctement: je ne peux vivre sans mes livres… et avouer implicitement: je me sens incapable de vivre ma vie, alors je la rêve et m’appuie sur des béquilles.
Les livres, transfuges émotionnels
Ne nous leurrons pas, les livres qui nous ont plu, nous ne les relisons pas. Mais nous aimons les conserver près de nous, comme des doudous ils nous rassurent. Nous projetons notre monde émotionnel sur eux. Nous envions leurs héros, nous aimerions vivre des histoires similaires, nous nous laissons bercer par leur imaginaire au lieu de le vivre.
C’est pour cela qu’il est difficile de se séparer des livres. Nous aurions l’impression de trahir les personnages auxquels nous nous sommes identifiés, de les abandonner. Chose que nous redoutons personnellement. Nous craignons donc de le faire vivre aux autres.
Mais un livre, ce n’est que du papier, de l’encre… et sa valeur de fabrication dépasse rarement les 1 euro tout compris. C’est stocker qui coûte cher.
Un poids émotionnel
Conserver les livres c’est accepter la vibration qu’ils apportent dans votre vie. Les livres dont vous vous entourez ne devraient vous apporter qu’un réel plaisir. S’ils sont sur une bibliothèque pour impressionner vos invités, vous vous laissez imprégner lentement mais sûrement par leur énergie.
Si vous collectionnez les livres sur les batailles napoléoniennes ne vous étonnez pas de toujours être sur la défensive. Si vous aimez des romans à l’eau de rose, il se peut que vous idéalisiez vos relations sentimentales et que vous viviez dansl’insatisfaction de la vie réelle.
Les enfants aussi ont leurs livres préférés, mais ils les relisent sans cesse, car ils les aident à appréhender le monde qui les entoure (c’est la fonction première des contes) mais une fois cet apprentissage fait, ils passent naturellement à autre chose. Pourquoi avons-nous perdu ce bon sens et cette spontanéité? Car nous projetons nos propres manques inconscients sur ces objets.
La bibliothèque idéale
Il n’existe pas de bibliothèque idéale. Le livre ne doit être pris que pour ce qu’il est : une source d’informations pour les livres pratiques et une distraction pour les romans.
Dès que vous les avez lus, partagez-les, donnez-les, vendez-les… A quoi sert ce roman noir mal écrit ou mal traduit que vous avez fini et qui vous laisse un sentiment mitigé?
Pour les livres pratiques, j’ai opté pour un carnet, dans lequel je note les informations qui me semblent utiles. Ainsi, je conserve l’essence du livre et je peux m’y replonger quand j’en ai envie ou besoin.
Si vous voulez garder trace de vos lectures, tenez un livre de bord. Avec le titre et les références du livre, un rapide résumé et votre appréciation. Ce sera plus agréable à léguer à vos enfants que ces livres qui finiront à la poubelle, inexorablement…
Alors, libérez-vous… faites bouger vos livres! Vous verrez à quel point votre vie pourrait s’en trouver transformée!
Source : Le Huffingtonpost du 16 juillet 2015 via Les chroniques de Koryfee
Commentaires bienvenus
Très belle initiative... Merci pour ce partage, car en vérité je me suis posée exactement les mêmes questions et voici ce que sont devenus mes propres livres : http://bibliothequecder.unblog.fr/
Faire vivre ses livres d'une autre façon, faisons de notre mieux !
Amicalement !
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