Ah, les oiseaux, délicieux êtres ailés, à plumes ! Quelle légèreté, quelle habileté, quelle autonomie ! Quelle vitesse et quelle intelligence ! Comme ils sont vifs, comme ils sont libres ! Comme j’aime les entendre siffloter, les voir picorer, et voleter, danser dans les airs !

Ils ont tant de choses à nous apprendre : ils sont tellement malins !

D’ailleurs, je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais il y en a même qui chantent, des oiseaux, qui chantent comme nous, les hommes. Et, parmi eux, j’en connais un tout petit et tout léger, particulièrement joueur, particulièrement avisé, qui n’arrête pas de chanter la même chanson, la même histoire.

Une histoire qui, depuis que je l’ai entendue, n’arrête pas de me trotter dans la tête : l’histoire de l’oiseau malin. Bien sûr, pour l’entendre, il faut qu’il n’y ait pas trop de bruit, il faut se taire, tendre l’oreille.

Surtout que, malin comme il est, il ne chante jamais longtemps, l’oiseau malin. Très vite, il décolle, il monte dans le ciel, où il plane et pique, au-dessus des royaumes et des républiques.

Mais qu’est-ce qu’il chante, de son ton joueur et léger, l’oiseau malin ? Une jolie petite histoire ? Non : une mise en garde ; il nous dit de faire attention : « Oh prenez garde, prenez garde à ceux qui n’ont rien ! », voilà ce qu’il chante, le petit oiseau malin.

Mais pourquoi il chante ça ?

Justement parce qu’il est malin, l’oiseau : parce qu’il fait attention, parce qu’il est aux aguets, pas comme nous qui sommes si souvent indifférents à ce qui se passe, ici et là, dans le monde.

Oui, contrairement à nous, jamais il ne se voit que lui-même, l’oiseau malin ; toujours il regarde et voit le monde entier, lui. Ce qui va bien, dans le monde, mais pas seulement : aussi ce qui ne se passe pas comme il faut.

Par exemple du côté de la politique, des monarques et de leurs secrets : des opportunistes souvent malhonnêtes, qui lancent dans les palais d’état, mille ordonnances et décrets carrés que personne ne peut vraiment suivre et comprendre.

Malin comme il est, il regarde et voit toute la sphère politique, les maîtres et les serviteurs, « masters and servants », comme il dit, en anglais, – parce qu’il est tellement malin, l’oiseau malin, qu’il sait aussi l’anglais ! Et il voit que, depuis leurs jolis salons protégés, justement, eux, ils ne l’entendent pas, lui, l’oiseau malin, qui chante le danger qu’il pressent, qui met en garde devant ce qui se passe.

« Oh prenez garde à ceux qui n’ont rien ! », chante le petit oiseau malin. Prenez garde à ceux qu’on a laissés au bord du chemin : à ceux qui ne participent pas à la course effrénée du monde, qui ne courent pas dans tous les sens, après le progrès, l’argent, la puissance, le succès ; à ceux qui ne sont pas comme tout le monde, à ceux qui n’ont pas « réussi », comme on dirait, à ceux qui sont en marge : aux rêveurs, qui rêvent la vie, qui rêvent le monde meilleur que ce qu’il est, plus sensible, plus juste, plus équilibré, plus joyeux.

Pourquoi il faut faire attention à eux ? Ecoutez, l’oiseau malin lui-même nous le dit : « Parce qu’ils voient la colère monter dans leurs cœurs ! » Parce que l’égoïsme, l’injustice, l’indifférence qui règnent partout, les lois qui dominent tout les révoltent, voilà ce qu’il chante, l’oiseau malin.

Avant de décoller, de monter dans le ciel, de planer et de piquer au-dessus des royaumes et des républiques. Pourquoi il sait tout ça, l’oiseau malin ? Parce qu’il n’est pas insensible, pas indifférent, parce qu’il fait attention, parce qu’il est aux aguets ; et donc parce qu’il voit ce qui se passe, se trame, ne va pas dans le bon sens, que ce n’est pas juste comment les choses se passent.

A côté des hommes politiques, il voit et regarde évidemment aussi les financiers, dans leurs mystères, les financiers qui jouent sur les écrans plasma l’argent que tant de gens n’ont pas, que tant de gens espèrent. Et là aussi il voit les « masters and servants », comme il dit, toujours en anglais : et il voit surtout que, depuis leurs bureaux protégés, tous ceux qui s’occupent d’argent ne l’entendent pas, lui, l’oiseau malin, chanter le danger qu’il pressent, le risque qu’on encourt si les choses continuent d’aller comme elles vont. « Oh, prenez garde à ceux qui n’ont rien, à ceux qu’on a laissés au bord du chemin : les rêveurs qui rêvent le monde meilleur. Parce qu’ils voient la colère monter dans leurs cœurs », voilà ce qu’il chante, le petit oiseau malin, avant de décoller, de monter dans le ciel, de planer et de piquer, au-dessus des royaumes et des républiques.

Alors ?

Et si on faisait un peu plus attention ? Et si on tendait l’oreille ? Si on écoutait un peu plus les oiseaux, les gens laissés sur le carreau ? Et toutes les autres choses que nous réserve la vie ? Hein, et si on prenait garde ? Et si on était moins carré, se responsabilisait, s’engageait, ne serait-ce qu’un peu ? Parce que, tout bien regardé, tout bien pensé, le petit oiseau malin a raison : le monde de demain, il n’est pas dans nos mains, mais dans leurs mains à eux, dans les mains de ceux qui n’ont rien.

Source : Phusis

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