Les poussières de plusieurs comètes vont se croiser dans le ciel d’août pour le plus grand plaisir des astronomes amateurs… et professionnels.
OBSERVATION. Du beau temps et une forte pluie… d’étoiles filantes ! C’est ce que nous pouvons souhaiter pour cet été. Car entre le 17 juillet et le 24 août 2015, la Terre traverse, comme chaque année, un essaim de poussières laissées par la comète Swift-Tuttle lors de ses passages réguliers tous les 134,6 ans. Mais 2015 promet d’être une cuvée exceptionnelle ! Ces poussières pénètrent dans l’atmosphère terrestre à grande vitesse (59 km/s) et y brûlent entre 110 et 90 km d’altitude en laissant de grandes traînées lumineuses, les étoiles filantes. Toutes semblent venir d’une direction privilégiée (radiant) située dans la constellation de Persée, d’où leur nom de Perséides. "C’est comme lorsque vous conduisez sous une averse de neige. Les flocons semblent venir d’une seule direction", explique François Colas, astronome à l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE).
Le maximum est prévu vers 5 heures du matin le 13 août avec, en moyenne une étoile filante toutes les minutes ! "Ce jour-là, il faudra aussi être attentif vers 1 heure du matin, car la Terre devrait traverser pendant une heure un autre filament de poussières laissées par la comète", prévient le Danois Peter Jenniskens, de l’Institut Seti. D’autant que si les Perséides sont les pluies les plus fortes de l’été, elles ne sont pas les seules. Au même moment, des poussières de la comète 2008 ED69 viennent heurter la Terre avec un radiant dans la constellation du Cygne. Et d’autres semblent venir de la constellation du Dragon.
Avec un ciel bien noir dû à l’absence de Lune — qui se lève en fin croissant vers 5 h 30 —, le spectacle promet d’être grandiose. Il se peut même que nous assistions à l’apparition de "bolides", des morceaux de roches assez gros pour que leur traversée atmosphérique dure quelques secondes avec une luminosité rivalisant avec celle de Vénus. Certains d’entre eux, les météorites, atteignent même le sol comme ce fut le cas avec un corps de quelques milliers de tonnes qui explosa au-dessus de Tchéliabinsk (Russie) en février 2013.
Les astronomes professionnels s’intéressent aussi à ces rayures lumineuses. Leur comptage renseigne en effet sur la densité des nuages de poussières traversés par la Terre. Grâce aux radars, à des caméras au sol ou embarquées dans des avions, ils enregistrent les positions et les vitesses des différentes particules. Ils cartographient ainsi les différents essaims qui parsèment le système solaire. Et les spectromètres analysent leur composition riche en silicates. Cela permet de remonter à la nature des comètes ou des astéroïdes dont elles sont issues. Mais une partie de ces études peut aussi être menée par des amateurs.
Des conseils de prise de vue
Leur travail : enregistrer les traces des étoiles filantes. La manière la plus pratique de le faire est de disposer d’un appareil photo reflex ou d’un compact réglable et de le fixer sur un pied. "Comme on ne se sait pas de quelle partie exacte du ciel vont zébrer les étoiles filantes, il faut choisir la plus petite focale pour avoir un champ maximal, par exemple 60° avec un 28 mm ou 90° avec un 20 mm, et faire le point sur l’infini", conseille François Colas. Si l’appareil dispose d’une fonction d’intervallomètre, il faut le programmer pour qu’il prenne toutes les minutes une image d’une minute de pose. Pendant une séance de cinq heures, on obtient 300 images que l’on peut assembler en un film de 12 secondes et voir ainsi le ciel tourner de 75°. Si une étoile filante a traversé le champ, elle apparaît lors du dépouillement des images. Si c’est le cas, il suffit de se connecter sur le site de l’International Meteor Organization (IMO), une association fondée par des Belges et des Néerlandais, pour transmettre le document et renseigner ainsi les scientifiques sur cette observation.
Les smartphones jouent aussi désormais un grand rôle. Les chercheurs australiens du Desert Fireball Network ont mis au point Fireballs-in-the-sky, une application qui permet de repérer la région d’où les étoiles filantes semblent provenir, la constellation de Persée, puis de reproduire avec son téléphone le mouvement de celle que l’on a observée, et d’en décrire ensuite les caractéristiques (couleur, forme…). "Le but de ces renseignements est non seulement de préciser les propriétés de l’essaim de poussières cométaires, mais aussi de repérer où chercher une météorite quand elle arrive au sol, déclare François Colas. Nous le faisons professionnellement en France avec Fripon, un réseau de 100 caméras “fish-eyes” dont la moitié est déjà installée sur les hauteurs métropolitaines, mais les amateurs nous apportent une aide importante."
Pour les plus vaillants, une autre observation est à effectuer un peu plus tard. Le 13 août, la comète Tchouri et son atterrisseur Philae seront au plus près du Soleil. Peu lumineuse (magnitude 11 ou 12), elle sera invisible à l’œil nu mais observable à travers un petit télescope. Elle apparaîtra comme une tache floue à côté de l’étoile Epsilon des Gémeaux après son lever vers 4 heures. Restera ensuite à regarder le Soleil émerger, à 6 h 37 en région parisienne, à 6 h 47 vers Rodez (Aveyron) ou à 7 h 02 vers Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), puis à aller se coucher. Une bonne façon de commencer une belle journée d’été.
Pour aller plus loin, lire en images : EN IMAGES. La météorite de la catastrophe de l'Oural et La chasse aux météorites est ouverte
Source : Jacques-Olivier Baruch Sciences et avenir
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