Je me souviens de mon excitation les quelques jours qui précédaient mes rentrées scolaires : les nouvelles tenues vestimentaires que ma mère nous achetait et que je gardais précieusement dans mon armoire pour le jour J; la distribution des crayons, des stylos et cahiers par mon père … tout un rituel pour marquer l'entrée bien officielle à une nouvelle année d'apprentissages. Depuis une dizaine jours, comme à cette période, j'ai le cerveau en ébullition.
Le rituel de la rentrée revient sous la forme de nouveaux projets, des sports ou des activités artistiques que nous souhaitons suivre … comme un nouveau départ. Quelle sont nos résolutions? Qu'est-ce que nous voulons apprendre ?
J'entends beaucoup dire qu'au vu des énergies incroyables qui nous traversent, nous n'avons plus besoin de maîtres, d'enseignants, d'initiateurs pour accéder à cette connaissance qui est en nous. C'est une réalité d'affirmer que nous possédons déjà un trésor impressionnant qui attend notre disponibilité pour s'ouvrir. Or, le plus souvent, c'est par l'intermédiaire de tiers que nous apprenons à lire, écrire, nager, chanter, dessiner, skier, peindre car l'apprentissage passe par l'altérité. C'est par le jeu avec des partenaires que nous avons préalablement choisis pour ce rôle dans notre vie, que allons accéder à notre propre interprétation, assimilation, intégration de savoir ou de savoir faire.
La vie est une univers-cité au sein de laquelle nous venons actualiser nos connaissances en les confrontant à l'altérité et aux nouvelles vibrations énergétiques de la matière pour les faire évoluer. Apprendre, c'est actualiser grâce à l'autre mes connaissances et les confronter à la réalité du relatif et de l'universel. Dans cette rencontre, je vais choisir ce que je sais m'être vrai pour affirmer ma propre source de savoir. Nos savoirs intuitifs ont besoin de se confronter à la nouvelle réalité, aux savoirs « en vigueur », et à se structurer en fonction de ceux-ci nous permettant de mettre à jour, d'innover nos connaissances et les qualités qui en découlent vers davantage d'affirmation, d'expansion, d'intégration.
L'enseignement pour se déployer a besoin d'une structure qui comprend des étapes, une progression, l'acquisition de prérequis qui garantissent la compréhension et l'assimilation optimale ainsi qu'un cadre de référence permettant à différentes pratiques de se comprendre, de se compléter, de se partager. Autrement dit le savoir intuitif ne suffit pas toujours; la discipline, la rigueur et la structure, provenant d'un maître expérimenté viennent compléter nos ressources intérieures pour leur donner un cadre de références, un ensemble de pratiques testées et validées par de nombreux tiers qui vont servir de socle et de base de partages avec nos cocréateurs. Les pratiques éprouvées et les enseignements validés constituent un égrégore sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour aller plus loin dans nos compréhensions et dans le développement de notre vérité individuelle puis collective. Les savoirs académiques, les sciences nous permettent de constituer un corpus théorique consensuel, un socle de nos vérités collectives.
Ce savoir académique, ces sciences (qui apparaissent parfois à juste titre, rébarbatifs, limitatifs, dogmatiques) doivent en réalité repasser au tamis et au crible de notre intuition pour en garder ce qui résonne et ce qui nous rapproche de notre source et notre vérité. L'intuition quant à elle a besoin de passer au filtre de la structuration et de la compréhension par l'autre. Comme les deux parties de notre cerveau, l'intuition et la science se complètent pour donner notre vision globale.
L'objectif de l'apprentissage n'est pas seulement de s'instruire, mais d'éveiller nos connaissances et de développer les qualités qui les sous tendent, qualités que nous venons expérimenter grâce à l'autre jusqu'à ce qu'elles nous révèlent et deviennent inaltérables. Il a des milliers de manière d'apprendre un art ou un savoir faire et c'est l'enseignant, le maître, le mentor qui va nous donner la saveur, la couleur, le son, le parfum dont nous avons besoin.
Certains de nos dons sont innés et nous demandant très peu d'efforts pour être déployés. D'autres au contraire nécessitent un complet et total apprentissage exigeant de nous une assiduité, une discipline et une concentration qui ne sont plus guère valorisés à l'heure d'internet et des moyens ultra rapides d'échanges et de partages. Cet engagement sur le moyen terme peut apparaitre tellement contraignant que nous abandonnons car nous attendons des résultats instantanés et spectaculaires sans prendre le temps de nous entrainer. Hors c'est l'engagement, la discipline et la patience qui nous permettent de parfaire nos savoir faire et nos dons, en les approfondissant, en nous spécialisant, nous permettant de trouver après un temps d'adaptation, ce qui nous convient.
Nos savoirs reçus et notre intuition, fonctionnant alors comme notre conscience indivisible, se mettent au service de nos expériences pour nous aider à nous confronter à la réalité et à en tirer des enseignements, source de notre sagesse. Ce que je sais et ce que j'ai appris, ce que je donne et ce que j'ai reçu s'harmonisent dans les mouvements entre l'intérieur et l'extérieur, l'individu et le collectif. L'expérience acquise dans un champ de connaissances, dans un domaine de compétences, dans des savoirs faire ou des arts créatifs vont constituer ensuite notre légitimité à les partager à partir du moment où nous sommes en mesure de les rendre intelligibles pour le plus grand nombre. Confrontées à la réalité, c'est à dire confrontées à de nombreuses expériences ; confrontées à l'intelligibilité dans l'altérité, nos connaissances individuelles deviennent légitimes, et peuvent s'élever, dans leur diffusion, comme une sagesse ou un savoir universels.
Au delà de l'aspect studieux de cette rentrée, ce que je voulais partager avec vous, c'est la joie, le plaisir que nous pouvons prendre à de nouveaux apprentissages car nous sommes des créatures passionnées par la découverte de nouveaux champs d'informations et d'espaces de création. Que nous dessinons comme un enfant de 3 ans ou que nous nous lançons dans la réalisation d'une oeuvre digne d'un Rembrandt, l'âme tire sa satisfaction de ses découvertes et de l'acquisition, l'actualisation de nouvelles compétences, qualités; et de leur portée profondément transformatrice. En d'autres mots, nos êtres supérieurs n'ont pas besoin de la reconnaissance de nos pairs mais davantage d'explorer, d'exprimer les différentes facettes de notre personnalité dans des activités de manière régulière et multiforme. Il n'y a pas de vains apprentissages, uniquement des occasions de nous maintenir curieux, de nous rapprocher chaque jour davantage de ce que ce que nous sommes, de ce que nous aimons.
La rentrée amène avec elle son lot de questions sur la répartition de notre temps entre les activités davantage intellectuelles et conceptuelles, les arts et les activités corporelles. Elle nous mets face à notre équilibre de vie et nous sensibilise à la manière dont nous nous nourrissons quotidiennement. Avons nous tendance à privilégier notre intellect au détriment de notre créativité? Et notre corps? A-t-'il reçu sa ration suffisante de mouvements pour que notre âme est envie de s'y épanouir ?
Alors que nous recevons des énergies de plus en plus subtiles, pour pouvoir les intégrer, le corps demande à gagner lui aussi en expansion, en flexibilité, en souplesse et en force. Le corps continue avec notre aide à ouvrir les espaces des possibles que nous apercevons au grès de nos compréhensions et évolutions de conscience. Les mouvements que nous lui faisons faire, vont le rendre de plus en plus ouvert, réceptif, et innovant dans sa relation au monde et à l'espace, manifestant dans notre chair, dans nos articulations, nos muscles, et nos cellules notre capacité à nous mouvoir, notre expansion, notre créativité, notre souplesse, notre assiduité... Chaque jour, nous pouvons observer ce que nous avons donné à notre corps, en terme de mouvement ou de nourriture, sans jugement, comme reflet de ce que nous nous offrons et de là où nous en sommes.
La rentrée nous rappelle parfois que notre soif d’apprendre est tellement grande que nous sommes écartelés entre la dispersion dans de nombreux et alléchants loisirs et la discipline qui convient à l'acquisition d'un perfectionnement ou d'une expertise. Nous pouvons nous intéresser à plusieurs domaines, arts, sports ... pour autant, nous n'avons pas de nombreuses activités qui nous passionnent et qui nous maintiennent concentrés pendant des heures. Remettre sa passion au centre permet de garder le cap et de nous focaliser sur notre choix véritable: si je n'avais qu'un seul choix possible pour m'épanouir lequel m'amène le plus intensément, délicieusement à ce que je suis? Quelle activité, art me fait vibrer au point d'en perdre la notion de l'espace et du temps? Qu'est-ce qui au milieu du chaos et au bord du gouffre, me tient encore dans l'envie?
Au delà de nos passions, nous pouvons envisager une ou deux activités complémentaires qui vont sublimer les différentes facettes de notre être pour les magnifier. Au rythme que nous souhaitons, nous pouvons nous en nourrir, nous y épanouir nous permettant de toucher la complétude. Pourquoi nous morceler si nous sommes riches de tant de couleurs?
Je rencontre de plus en plus de personnes qui s'épanouissent à travers diverses activités. Au lieu de le voir comme un morcellement de l'être ou un écartèlement, je crois que ce nouvel aménagement de notre temps reflète la fin d'une époque et d'une relation au travail marquée par la dévotion aveugle au même employé et par l'appauvrissement du répertoire de l'individu à une seule activité. Pour ceux qui ont cette chance de déployer plusieurs occupations, nous donnons un exemple d'équilibre entre les différentes facettes de notre personnalité, qui ont de la valeur et qui sont donc valorisables (c'est à dire moyennables ou échangeables) et qui resplendissent la richesse du Soi. Pourquoi s'étiqueter à travers un seul métier alors que nous sommes tous aussi bien capables d'exercer une activité professionnelle (boulanger, coiffeur, guérisseur, pharmacien, maçon ... ) qu'une activité artistique (musicien, peintre, écrivain, sculpteur ....) qui peuvent aussi être source d'expression et/ou de revenus.
L'heure est à la complétude, à l'intégration de nos couleurs, saveurs, talents qui trouvent le chemin de la manifestation et du partage pour un épanouissement multidimensionnel de ce que nous sommes. Cette complétude se trouve dans notre équilibre et notre harmonie entre les nécessités matérielles et les non moins nécessaires afflux d'expressions personnelles et créatrices. Nous pouvons allier la compétence à la beauté; la discipline nécessaire à notre structuration et le chaos nécessaire à l'émergence de la nouveauté, la poésie et le discours rigoureux et didactique, le mouvement né de l'intuition vers l'extérieur et le mouvement des leçons reçues du monde vers l'intérieur. L'union de nos facettes, la reconnaissance de notre richesse intérieure multiplient nos sources d'abondance : créatives, financières ou d'enrichissement à tous points de vue dans des échanges et des partages.
En ce moment, nous sommes invités à voir plus grand, plus haut, plus loin et l'univers entier est à portée de nos doigts. Si nous avons 10 doigts, c'est justement pour refléter les nombreux dons que nous possédons. Les 10 doigts nous suggèrent qu'il a au moins autant de chemins possibles que de doigts de notre main aux projets que nous visons. Et plus nous avons de potentiel, plus nous avons de possibilités. Amusons nous à sortir des sentiers battus, à imaginer tous les scénarios possibles, à rester curieux au lieu de nous cantonner au prévisible, au routinier, à l'habituel, au connu.
Paradoxalement, alors que nous vivons par moment des accélérations vertigineuses du temps, avec des journées qui passent à la vitesse de l'éclair, nous sommes parfois après d'incroyables périodes d'ouverture, invités à nous recentrer sur une activité que nous hissons au rang de priorité, qu'elle le soit temporairement comme un prérequis à une activité de plus grande importance ou qu'elle constitue le cœur de notre passion. Ce qui nous oblige à un recentrage constant et à une réactivité et justesse de choix décisives. Comme si plus nos possibilités s'ouvraient suite à nos libérations, plus, paradoxalement, nous sommes de plus en plus aptes à choisir comme un absolu la voie royale qui nous mène à nous, au soi. Plus nous nous connaissons et plus nous expérimentons, plus nous sommes aptes à nous focaliser sur ce qui nous anime et nous magnifie, notre passion. Cette passion revient au cœur de notre être, au cœur de nos vies et se nourrit de toutes nos expériences annexes, nous engageant dans la voie de l'absolue : dans une découverte absolue de toutes nos facettes, une acceptation et une intégration absolue d'elles, une complétude absolue, une relation absolue avec nous-mêmes.
Nous vivons une période excitante et exaltante ! belle rentrée à nous tous, dans les allées inconnues de nos apprentissages et dans l'assurance de vivre au coeur notre passion !
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