C'est un message de mon amie Véronique Gaspard qui m'a appris ce matin l'horreur de ce qui s'est passé hier soir à Nice : avoir appris cette amère nouvelle par elle, accompagnée par la douceur apaisante de son empathie, a quelque peu atténué le choc initial et je l'en remercie de tout mon cœur. Nice, ma ville natale, où j'ai vécu 42 ans...
La Promenade des Anglais, où j'ai tant de souvenirs... Le 14 juillet, dont je regardais le feu d'artifice avec mes parents, depuis toute petite... Mon cœur se brise en me reliant aux morts et aux blessés d'hier soir, hommes, femmes, enfants, fauchés en plein moment de détente, d'amusement, d'insouciance...
Mon cœur se brise en me reliant à leurs familles, à qui j'envoie toutes mes pensées d'amour et de soutien face à cet événement tragique qui changera à jamais le cours de leurs vies...
Mon cœur se brise également lorsque je vois que la réaction immédiate des autorités au pouvoir est de mettre en œuvre des moyens de répression dont je sais qu’ils vont alimenter à leur tour la spirale de la violence…
Mon cœur est triste en voyant que dans cette société, ceux qui ont été élu pour nous gouverner ont une vision duelle de la vie et font donc des choix qui ne sont pas éclairés par la connaissance des fondements réels de la violence, qui sont l’ignorance, la peur et la déconnexion du sentiment d’interdépendance entre êtres humains : un dirigeant ayant une vision non-duelle (voyant le monde et les êtres au-delà du bien et du mal, du juste et du faux) ne chercherait pas à réprimer la violence et à exercer une force punitive sur ceux qui l’exercent.
Il engagerait plutôt toutes ses forces et celles de ceux qui oeuvrent à ses côtés pour exercer dans un premier temps un usage protecteur de la force sur celles et ceux qui n’ont pas, à un instant donné, d’autres moyens que d’utiliser la violence pour obtenir ce à quoi ils aspirent
. Si vous avez l’élan d’en savoir plus sur la différence entre « usage punitif de la force » et « usage protecteur de la force », je vous invite à lire ce texte :
http://www.communification.info/pdf/Nonviolence_ne_signifie_pas_passivite.pdf *
Mon cœur est bien lourd en ce début de journée du 15 juillet, triste en se reliant aux victimes, aux familles des victimes, à tous mes collègues travaillant au C.H.U. de Nice, où j’ai travaillé pendant 15 ans, à tous mes amis niçois en état de choc que « Nissa la bella » soit ainsi endeuillée…
En ce matin, c’est depuis ce cœur triste, brisé, alourdi par ces nouvelles du jour, que je refais, une fois encore, le choix de consacrer tout mon temps, mon énergie, ma vie, à œuvrer au déracinement des racines de la violence en moi et autour de moi : je sais que chaque jugement sur autrui que je laisse passer sans le traduire en sentiments dont je prends la responsabilité et en besoins distincts des moyens pour les nourrir pourra finir un jour en camion tueur d’êtres humains innocents.
Je veux prendre le temps de traduire ainsi chacune de mes pensées jugeantes car je ne veux pas contribuer à la violence en ce monde.
Je rechoisis en ce jour de pratiquer sans relâche, encore et encore, la traduction de chacune de mes pensées coupées du vivant en moi, coupées du cœur et je rechoisis en ce jour de continuer à transmettre sans relâche le moyen le plus précieux que je connaisse pour faire cela : la Communication NonViolente.
Merci à toi, Marshall, de nous avoir transmis ce processus qui me permet chaque jour d’œuvrer concrètement dans le monde de paix dans lequel je veux vivre. J’ai commencé cet article en parlant de ma collègue et amie, Véronique Gaspard : je le conclurai en vous partageant une phrase d’elle que j’aime beaucoup… Un de ses repères pour le choix de ses paroles et actions est de se demander :
« Est-ce que cette parole ou action va permettre que je puisse vivre dans le monde dans lequel je rêve de vivre ? ».
J’aime la puissance de cette question : elle m’est un précieux soutien, chaque jour, pour ajuster mes paroles et mes actions à mon rêve de vie. Merci à Véronique de me l’avoir offerte.
Merci pour son amitié qui m’accompagne dans le cheminement vers ce monde de paix en lequel j’aspire à vivre, même si les écueils sont nombreux en chemin.
Je fais le vœu que l’horreur de la situation que nous traversons depuis un an, avec tous ces attentats, nous donne, une fois que nous aurons accueilli la tristesse de nos cœurs brisés, la force et le courage d’œuvrer au niveau des racines réelles de la violence, à une échelle individuelle et collective.
En ce chemin-là, je suis et je serai là, pour vous soutenir de mon mieux, de tout mon cœur et de tout mon amour pour chacune et chacun d’entre vous.
Isabelle Padovani
Liens* :
http://www.communification.info/pdf/Nonviolence_ne_signifie_pas_pas...
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