‘’MUTATIS-MUTANDIS’’
De la domination-possession à la coévolution en coresponsabilité
1- le constat
2- les valeurs
3- la mutation
(Ce texte n’engage que l’auteur, citoyen quelconque)
Crise économique, politique, morale, sociétale, environnementale…
Beaucoup de citoyens n’accordent plus leur confiance aux responsables politiques, économiques et religieux. Sans vouloir noircir le tableau, la perte de confiance conduit à la méfiance, c’est-à-dire à la peur (de l’autre) et la peur peut conduire à la colère, puis à la violence, qui provoquent souffrances et tristesse. L’isolement est aussi une conséquence de la méfiance qui établit une rupture du lien sociétal, comme est installée une rupture avec la sauvegarde de l’environnement.
Et les peurs constituent un solide prétexte à la lutte contre l’insécurité, qui elle-même fait peur.
Même si les causes peuvent se décliner en nombre, il semble que leurs racines résident dans la nature même de l’être humain. Bien qu’ayant évolué vers l’établissement de civilisations, l’essentiel de notre histoire en tant qu’espèce s’est déroulée selon le mode tribal (plusieurs millions d’années par rapport à cinq mille ans de civilisations). Ce mode tribal est avant tout caractérisé par des pulsions et pratiques de domination et possession.
Sous des formes ‘’civilisées’’ elles sont plus que jamais actives et peuvent être considérées comme des fondations comportementales. Par les savoirs, par l’argent, par les pouvoirs de pression et de manipulation, les individus restent animés du besoin dedominer-posséder, ou en subissent les effets.
D’une certaine façon, il est possible de considérer qu’elles ont eu des effets positifs ; par exemple elles ont permis de poursuivre un des objectifs sacrés proposé à l’humanité :
« Tu domineras les plantes et les animaux sur toute la planète. »
Cependant, cet objectif peut être considéré comme atteint, alors que les comportements pour le poursuivre se perpétuent. C’est une sorte de pathologie globale qui se serait installée : chercher à avoir ce que j’ai déjà… et : tu dois gagner ta vie ( !!?) suis-je mort ?
Dominer-posséder a comme conséquence aussi les formatages des citoyens de deux manières : des producteurs, par l’argent, les savoirs, les techniques, d’une part, et des consommateurs d’autre part (qui sont les mêmes, coupés en deux !) pour le ‘’paraître’’ des objets possédés, principalement. Cette course effrénée de production-consommation conduit aussi à compromettre gravement l’environnement, à verrouiller un sentiment d’injustice, une accumulation de ressentiments et à compromettre la dignité au travail au point d’en arriver à des suicides.
Le constat peut être présenté de la manière suivante :
- La production est permise principalement par les savoirs et les techniques, gérés par notre néocortex (connaissances, réflexion), ‘’système tête’’.
- Quant à la consommation d’objets, elle s’effectue par nos sens physiques, ‘’systèmecorps’’, géré par notre archéo-cortex (cerveau ‘’reptilien’’).
Il serait possible de considérer qu’ainsi tout va bien et que ce système à deux composantes serait logique et efficace. Et même d’espérer que les progrès techniques permettront de sauver la planète.
- A ceci près qu’un être humain complet ça n’est pas seulement une tête productive et un corps consommateur, c’est aussi une capacité d’éprouver des émotions, des sentiments par un ‘’système cœur’’ principalement géré par notre cerveau limbique.
Pour le bien-être de l’individu, c’est l’interaction harmonisée et congruente de ces trois entités qui est nécessaire. L’absence d’une des trois est une dissociation, une division, une séparation interne qui instaure une société de plus en plus divisée et impitoyable. Elle accompagne d’autres séparations : les familles, les générations, les ethnies, les religions, et dans la matière la fission atomique, dans les sciences de la vie la biologie moléculaire, le génie génétique, les nanotechnologies, vis à vis de la planète les activités spatiales (séparation d’avec la planète-mère, Gaïa) mais aussi environnement saccagé.
DIVISION-SEPARATION !!!
Qui établissent aussi des situations dominants-dominés, c’est-à-dire gagnants-perdants et perdants-gagnants qui produisent des situations perdants-perdants.
La plupart des sciences admettent que l’existence de l’univers résulte d’une interaction évolutive entre un principe séparateur et un principe unificateur. Pour qu’elle reste évolutive, il semble nécessaire que leurs interactions préserve un certain équilibre.
L’équilibre est rompu ; le principe séparateur domine nettement.
L’union et l’unité sont compromises. Le sens, le devenir et l’espérance aussi.
Néanmoins et jusqu’à présent, depuis la création de l’univers et de la vie il y a eu évolutions. Cependant il paraît déraisonnable de penser que le néocortex va connaître une mutation adaptative importante. Il en est de même dans la supposition d’une modification adaptative sur le plan physiologique.
C’est le cœur Qui manque ; il est ce qui nous caractérise le plus et il ouvre des opportunités ; par exemple développer la fraternité ; en deçà de notre fonction d’ETRE cela conduit à reconsidérer les valeurs.
Morales, religieuses ou politiques, elles peuvent être sources de séparations violentes et ignobles, ou sources des plus belles unions.
Quelques heures dans une crèche permettent de constater qu’un bébé qui commence à marcher et qui n’a ni langage ni conscience intellectuelle, est cependant capable de compassion ; y aurait-t-il une conscience morale fondamentale qui précéderait le langage? Si c’était le cas, le droit serait assujetti à la loi morale la plus élémentaire : aime ton prochain. A considérer les religions, principales organisations pour définir les règles morales, force est de constater qu’elles ont perdu – autant que les partis politiques – une large part de leur crédibilité. Probablement parce qu’elles se sont séparées de leurs sources.
Alors restent les principes républicains de base : Liberté, Égalité, Fraternité.
La liberté, en particulier financière et économique compromet absolument l’égalité et dans l’inégalité, ne peut apparaître une authentique fraternité.
Il semble que ces trois portes de notre République ne peuvent s’ouvrir simultanément ; elles doivent être réordonnées et s’envisager successivement : C’est l’égalité qui ouvre la fraternité, qui ouvre la liberté. En effet dans une relation ou un individu se sent supérieur ou inférieur à l’autre, les différences ne pourront être exprimées donc les choix seront limités et la liberté compromise, comme la fraternité.
Cependant il est communément admis que l’égalité est au mieux une illusion, une utopie, au pire un mensonge. Il convient donc de préciser la notion d’égalité : l’interprétation habituelle est qu’elle serait réductrice voir suppressive des différences ; c’est le contraire ;elle permet l’expression du maximum de différences, dans la tolérance. Cependant elle apparaît et se maintient à la condition que chacun se ressente ni inférieur, ni supérieur à l’autre. Cette condition suggère en partage ici une valeur compromise actuellement : ‘’tout être humain a une égale valeur et importance potentielles par rapport à tout autre humain’’. Et ceci ne remet pas en cause les hiérarchies, les fonctions et responsabilités. Cette disposition de respect mutuel ouvre à la fraternité, et par la multiplication des choix exprimés, développe la liberté et aussi la créativité, l’imagination, devenues si nécessaires actuellement. Elle fonde aussi l’intégrité.
1 : égalité à 2 : fraternité à 3 : liberté.
La réalisation de cet ordonnancement pour des groupes en formation a conduit des individus à l’émergence spontanée d’une autre valeur : l’élévation. Non pas la recherche d’une supériorité, d’un pouvoir sur d’autres, ni la recherche d’accumulation d’argent ou de biens, mais un désir d’humanisme, une quête philosophique et souvent une aspiration spirituelle. Dans cette disposition, il ne s’agit pas de gagner sur les autres, mais degagner sur soi ; devenir plus et mieux. Et ceci ressenti comme les plus belles victoires sur le chemin du paraître à l’Etre*.
Ainsi, sans vouloir casser les frontons de nos mairies, il paraît adapté et souhaitable de suggérer une autre valeur à la suite de celles déjà évoquées et en tant que droit légitime pour tout citoyen.
D’Égalité, à fraternité, à liberté, à élévation qui établit l’égalité dans la connaissance acquise que toute vie humaine est unique et donc infiniment précieuse. Comme établi précédemment, les relations gagnants- perdants, c’est-à-dire dominants-dominés ne peuvent être pérennes. Là aussi, la suggestion d’une valeur nouvelle est pertinente :
‘’Devenir plus et agir, sans imposer ni subir’’
Cette disposition rejette autant l’autoritarisme que le laxisme. Elle ne remet nullement en cause les hiérarchies, les fonctions, les responsabilités, ni les autorités de compétences.
3 – la mutation :
Depuis toujours les organismes vivants ont été contraints de s’adapter pour survivre dans les modifications environnementales naturelles, c’est-à-dire non provoquées par eux-mêmes. Ceux qui n’ont pas réussi à s’adapter ont disparus. Aujourd’hui, les modifications environnementales pour l’humain sont provoquées par l’humain. Les mutations pour s’adapter ne peuvent être naturelles.
Elles doivent être volontaires, conscientes, délibérées, décidées.
D’un monde qui meurt à un monde qui naît :
« Transformer les pulsions de domination et possession en comportements decoévolution dans la coresponsabilité. »
Ceci n’est ni une illusion ni une hypothèse ; un programme de formation permet cette évolution pour les individus qui le désirent. Il propose principalement de développer la qualité d’écoute, la qualité d’expression et la capacité de négociation pour chaque individu, et d’en être heureux. Au-delà de ces dispositions concrètes, il permet aussi une évolution‘’du paraître à l’Être’’. Il restitue le sens, le devenir et l’espérance.
Il y a urgence. Les changements qui nécessitent des adaptations sont de plus en plus importants et nombreux. Ils impliquent donc de développer les facultés d’adaptation et d’anticipation. Cependant, il semble qu’il soit trop tard pour une mutation globale. Il est temps d’introduire ces dispositions dès l’âge de 15-18 ans. En effet, ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui sont appelés à construire un devenir fait de fraternité et d’espérance. Ils sont capables d’édifier un ‘’corpus-humanitatis’’ voué au bonheur et à l’accomplissement de chaque individu. Cet idéal contient la satisfaction mutuelle avec les autres, avec l’environnement et avec soi-même. Un effet systémique permettra peut-être de précipiter la mutation nécessaire…
En conclusion, et maintenant que j’entre dans l’automne de ma vie, je vois que j’ai toujours porté l’amour fidèle de mon pays, transmis par mes chers instituteurs. France bien aimée, je ne te reconnais plus. Il t’appartient de redevenir cette voix (voie) spirituelle qui inspire et guide humblement les peuples de la terre.
Le 21 décembre 2012,
Merci de votre consultation.
(prochain article : « la fraternité est sacrée » – partie 1- 21/01/13)
*‘’Du paraître à l’être’’ 1999 ed. Chronique sociale, Lyon – Christian Hyerlé,
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