Mon Dieu, tu es le Dieu du printemps,
celui qui fait fleurir, celui qui fait grandir.

Faut-il vraiment que nous soyons "tout petits"
Pour que tu sois tout-puissant ?
"Pauvres pécheurs" pour que tu sois miséricorde ?

Ne suffit-il pas que nous soyons nus pour que tu brilles,
que nous soyons vides pour que tu sois tout ?

Tu n'es pas un dieu qui se méfie des femmes,
qui canonise les saints et brûle les sorcières.

Tu es Beau et tu aimes la Beauté
Je t'ai souvent prié mon Dieu
de me délivrer des dieux qui accusent,
qui méprisent et qui fanatisent...

Et tu m'as envoyé le printemps : l'amandier a fleuri.
J'ai respiré le beau jour et la grande nuit,
J'ai reconnu ton souffle dans le jardin,
Ta brise au bord du lac,
Tu m'as appris que prier davantage,
C'est respirer mieux.

Je ne sais pas encore si tu es le Dieu des amants,
Si tu es celui qui aime en tous ceux qui s'aiment.
Je sais déjà que tu n'es pas l'indifférent,
Celui qui laisse pleurer le malade et l'enfant,
Car alors tu serais moins que la moindre des femmes.

Mon Dieu je ne sais pas qui tu es !
Parfois ce que nous disent de toi nos sages et nos prophètes
Ne me dit rien ;
Je ne te connais pas, Maître des saisons,
Mais toutes les saisons me parlent de toi

Tu es le Dieu du printemps,
La Vie qui fait fleurir,
la Vie qui fait grandir,

Tu es le Dieu de l'été,
La Vie qui nous éclaire et qui nous brûle.

Tu es le Dieu de l'automne,
La Vie qui nous fait mûrir,
Qui nous fait porter du fruit et danser
Au moment des vendanges.

Tu es aussi le Dieu de l'hiver,
La Vie qui fait mourir, qui nous ensevelit
Pour mieux renaître à la prochaine saison.

Tu es le Dieu des amandes,
L'écorce et le noyau de tout
Ce qui vit et respire.

Tu es la lumière qui illumine
Tout homme venant en ce monde,

Et comme la lumière, je ne t'ai jamais vu.
Le soleil est ton reflet,
Le vent ton écho.

Tu es le Dieu turquoise
Des eaux inviolées,
Le mouvement de ses vagues
Du levant au couchant.
Tu es la palpitation innombrable
Dont le cœur humain oublie ou vénère la trace.

Tu es ce que tu es !

Je t'aime sans te voir, sans te toucher,
Et pourtant je sais que tu m'as donné
Des yeux pour voir et des bras pour étreindre.

Un jour peut-être aux couleurs océanes,
Un homme viendra,
Pour te donner un visage
Et bénir la terre dans l'offrande
De mon corps.

Alors je t'aimerai mon Dieu
Comme les femmes aiment,
Comme les enfants,
Comme l'orage,
Et nous ferons l'Un. »
Extrait de Marie- Madeleine à la Sainte Baume Jean Yves Leloup
 http://lechantdesarbres.over-blog.com/2014/02/marie-madeleine-à-la-sainte-baume.html

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