Lorsque tu es apparu, j’ai senti un courant me traversé. Sans comprendre ce qui m’arrivait, j’ai eu cette phrase qui a résonné dans ma tête « C’est lui »!. Que voulait-elle dire?
Je ne savais pas sur l’instant, puis des suppositions ont envahi mon esprit m’abrutissant de croyances infondées.

Puis il y a eu ces échanges qui ont ouvert la porte du coeur à cette attraction amoureuse. Que se passait il entre nous? Quelque chose de fort et d’incompréhensible. C’est une évidence. La naissance d’un amour? Tout semblait à le croire. Mais cet amour qui nous envahissait, semblait compromis parce qu’il était conditionné par tant de peurs, de mémoires et d’émotions trop intenses. Il ne pouvait se vivre parce qu’il n’était pas voué à cela et je ne l’ai réalisé que bien plus tard.

Durant ces mois ou tout mon être voulait se fondre en toi, te toucher, te gouter et fusionner, mais seule la frustration de cette distance que rien ne pouvait dissoudre gagnait du terrain. Dans ce désir de fusion, je ressentais la répulsion à la fois que tu venais faire émerger de moi. Essayant de rester maitre à bord de mes émotions et sentiments, le rebel mental ne voulait pas lâcher le contrôle qu’il savait tant maitriser. Rien ne voulais céder, à cet appel du corps de se fondre en toi, dans cette distance que nous avons créé ensemble.

Dans cette attirance et répulsion à la fois, il y a eu cette fracture ou tu disais ne pas être prêt pour l’aventure. Je me suis sentie blessée, mortifiée, rejetée et incomprise. Durant des mois, j’ai essayé d’accepter cela, mais je ne pouvais pas. Je n’y arrivais pas. Je t’en ai tellement voulu de m’avoir ouvert le coeur puis trahi. Alors tel l’animal blessé, je me suis recroquevillée sur moi-même pour panser cette souffrance née de cette expérience.

En essayant de me remettre en selle, pour continuer à vivre, je me suis effondrée dans cette fragilité que tu as laissé en te fermant dans le silence. J’ai longtemps lutté contre cet état à essayer de ne plus penser à toi et à cette fêlure trop vive, plongeant dans une nuit noire ou toute lumière semblait impénétrable. J’ai lutté des jours et des nuits durant, à essayer de me raccrocher désespérément à la Vie, alors que j’avais juste à me laisser absorber par le vide du grand Tout qui me tendait généreusement les bras.

Dans cette errance de la nuit noire de mon âme, j’ai réalisé que j’ai essayé, durant tout ce temps, de me saisir de toi, de m’accrocher à cette bouée qu’est cet amour conditionné que tu me proposais, que je ne connaissais que trop au travers de mon histoire et celle de mon monde. Tu ne m’as pas laissé faire, parce que cette expérience devait se vivre ainsi.

C’est durant, un de ces moments de désespoir quotidien, que m’est apparu ce personnage que j’ai condensé de toutes mes croyances. J’ai réalisé que j’étais impuissante à ce qui a été vécu et à cette absence d’amour que tu m’offrais. Doucement, dans la résignation qui s’installait, je me glissais dans cette mort qui m’envahissait, cette mort structurelle du personnage, qui avait toujours guidé mes pas. C’est à ce moment là que j’ai senti la vie inondée chacune des cellules.

L’aube pointait enfin à l’horizon, laissant la lumière reprendre doucement sa place au sein de ce corps.

L’amour que je recherchais en Toi m’avait permis de maintenir une existence factice d’un monde illusoire. Lorsque cet amour m’ a été retiré, j’ai eu cette sensation de mourir parce qu’il n’y avait personne pour le nourrir parce que mon monde tel que je le concevais était rempli d’histoires à dormir debout. J’avais besoin de me nourrir de toi, mais j’ai découvert comment me sevrer de ce conditionnel, m’appropriant ce nouvel amour dénué de toute condition.

Alors Merci! Cher Ami, d’avoir répondu à l’appel de cet amour, il a été le révélateur de la conscience qui m’habite maintenant. Cette conscience que nous sommes tous. Cette conscience que je cherchais désespérément en toi, elle s’est enfin déployée dans cette absence, ce manque que tu as généré en moi.

Décrocher, de ce que je pensais être l’amour au travers de toi, pour me saisir de moi-même, a enclenché une distance avec tout ce que je croyais être. Tout ce qui a été jugé comme négatif s’est effacé pour ne laisser la place qu’à l’unité soufflant enfin un vent de liberté. Comment décrire cette sensation indescriptible? Elle ne peut que se vivre et se respirer…

Mais tu n’as rien fait sinon répondre à l’appel de cette vie qui nous a guidé mutuellement l’un vers l’autre en réponse au jeu de la conscience. Nous ne sommes finalement que des vecteurs d’expérience en ce monde. Lorsqu’elle se révèle, la vie devient si douce et nous comble tant que nous finissons par nous y abandonner totalement sans compromis dans cette Evidence même. Alors cesse cette quête de l’amour en l’autre, puisque l’autre n’est que Soi. Lorsque qu’il a été réalisé cela, il y a eu un retournement vers moi-même découvrant que je Suis Tout Cela.

Alors ami, je ne peux que t’aimer encore plus pour Etre l’outil de cette révélation. Ou que tu sois en ce monde qu’Est notre merveilleuse planète, tu n’auras jamais été aussi proche de mon coeur, que maintenant, puisqu’il n’y a ni distance, ni temps, ni séparation. La paix et la joie ne peuvent que rayonner puisque je te reconnais dans ton expression.

Et peu importe ou tu te trouves, nous savons ce que nous sommes. Nous avons été juste projetés ici pour le gouter et savourer chaque moment qui en émerge. Alors faisons le en chaque instant parce que au-delà de tout cela, il y a l’insondable et l’immuable qui se Vit et s’exprime en chacun.

Samia Aïssaoui

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