Les Cent mille chants de Milarepa -(extrait) :


Enfant perdu, j'ai divagué comme la conscience
Dans les villes illusoires des six mondes.
J'ai goûté aux visions fausses du karma.
Parfois j'ai éprouvé l'apparence trompeuse de la faim.
J'ai mangé des restes d'aumônes,
L'ascétisme m'a fait mordre les pierres.
D'autres fois je me suis nourri de shûnyatâ,
De temps en temps j'inventais la patience.

Parfois j'ai perçu l'appel illusoire de la soif.
Je me suis désaltéré à l'eau fraîche des roches,
J'ai compté aussi sur ma propre urine.
D'autres fois je me suis abreuvé au flot de la compassion,
De temps en temps je buvais le nectar des Dakinis.

Parfois j'ai subi l'emprise du froid.
L'habit que je portais étant de seul coton,
J'enflammais la bienfaisante chaleur mystique.
D'autres fois je créais l'endurance, ressource à la douleur.
Quelquefois se levait, chimérique, la vision des amis
Et je me reposais sur l'amitié de la sagesse ultime.

J'ai pratiqué les dix vertus,
Fait l'expérience d'une vue parfaitement pure,
Fouillé jusqu'aux racines l'esprit originel,
Je suis le lion des yogis.
Je développe la crinière turquoise de la contemplation
Et possède les crocs et les griffes de la méditation.
J'ai enquêté au sommet des montagnes enneigées,
Pour récolter, j'espère, le fruit du mérite.

Je suis le tigre des yogis.
Je perfectionne les trois agilités de la bodhicitta
Et possède le sourire où s'unissent méthode et sagesse.
J'ai résidé dans les forêts profondes de l'illumination,
Pour l'apparition, j'espère, de bons fruits pour autrui.

Je suis le vautour des yogis.
Je déploie les vastes ailes qui développent les étapes de création
Et possède les souples rémiges qui stabilisent les degrés d'accomplissement.
Je plane dans le ciel de la vraie réalité de l'union
Et je dors dans la grotte de la vérité suprême,
Avec l'espoir que s'accomplisse le but fructueux de chacun.

Je suis Milarépa, le meilleur des yogis.
Je suis celui qui pourchasse le visage des apparences,
Celui qui accueille tous les souhaits.
Je suis un yogi sans opinions,
Celui qui ne s'empresse jamais, quoi qu'il advienne.
Je suis le renonçant sans vivres,
Le mendiant sans possessions,
Le vagabond nu.
Je suis celui qui a vaincu toutes les pratiques,
Je demeure ici mais n'y réside pas,
Je suis un Fou, heureux de la mort,
Je ne possède rien, je n'ai besoin de rien.

Si vous deviez acquérir les choses nécessaires,
Vous en éprouveriez difficultés, troubles, douleurs,
Vous vous engageriez, bienfaiteur, dans l'adversité.
Quoi qu'il arrive, ne flattez pas le yogi !
En vertu d'une intime conviction,
Attachez-vous seulement à lui donner l'aumône.
Puissiez-vous vivre longtemps, valide en cette vie,
Avec abondance, joie et bénédictions !
Puissiez-vous être admis, plus tard, dans le pur territoire,
Et pratiquer la Doctrine pour le bien d'autrui !
Milarepa (1040-1123), saint bouddhiste, yogi et poète tibétain.

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