Le tremblement de terre au Népal a fait des milliers de victimes et des dizaines de milliers de blessés. Une enseignante indienne de yoga, Ruchika Wason, s'est rendue à Katmandou pour enseigner la pratique aux enfants traumatisés par le tremblement de terre dans un monastère, elle a découvert qu'il les aidait à récupérer.

Le texte qui suit est la traduction de son témoignage, un hymne à la vie.

Ce qui se vend le plus à Katmandou ces jours ci c'est le masque chirurgical. Tout le monde en porte un et cela pour deux raisons, l'une à cause de la puanteur des cadavres ensevelis sous les décombres et la seconde pour se prévenir des maladies aéroportées.

Plusieurs organismes de santé ont émis des avertissements sur des maladies comme le choléra, la dysenterie et l'hépatite à cause d'installations sanitaires endommagées et des sources d'eau contaminées. Mais au milieu de tout cela il y a de l'espoir et la volonté de reconstruire ce qui a été endommagé.

Je suis arrivée au monastère de Khawalung Tashi Choeling, à travers le "Innovative Social Centre" de Katmandou. A tout moment de l'année il y a environ 25 bénévoles, mais après le tremblement de terre le nombre a diminué. Je découvris que j'étais la seule là-bas. Les volontaires au Népal, ces jours-ci, sont pour la plupart des touristes internationaux qui ont choisi de rester en arrière pour les travaux de secours et certains sont comme moi arrivés après le tremblement de terre.

Comme enseignante de Yoga, mon but était de transmettre des connaissances de la pratique à autant de personnes que possible. Le monastère Tashi Choeling Khawalung a été fondée en 2005. Il dispense les enseignements bouddhistes généraux et abrite une école pour les jeunes moines qui viennent de régions reculées du Népal, le Bhoutan et le Tibet. Parallèlement à l'éducation spirituelle, ils bénéficient du gite et du couvert, des vêtements et des soins médicaux au monastère. Il y a environ 50 jeunes moines allant de 5 à 21 ans ici. Ils sont totalement dépendants de bénévoles pour l'enseignement de l'anglais, du sport, de l'art, mais après le tremblement de terre les bénévoles se font rares.

Quand je suis arrivé au monastère, se faire des amis a été facile car ces jeunes moines n'ont pas accès aux gadgets comme les téléphones ou les tablettes. Le lien a été établi en leur permettant de jouer avec mon téléphone. Et pourquoi pas, je suis ici pour gagner leurs cœurs, prendre soin d'eux, et leur enseigner le yoga et l'anglais. Le premier mot anglais que ces petits moines semblaient vouloir apprendre de moi était "tremblement de terre." "Quel est l'orthographe de tremblement de terre" m'a demandé l'un d'eux. Ils étaient sur YouTube à la recherche des vidéos sur le tremblement de terre au Népal. Cela m'a surpris, car on m'avait dit qu'ils avaient peur du tremblement de terre.

Le monastère avait deux tentes construites sur son porche pour eux, en effet leurs chambres étant au premier étage si un nouveau tremblement de terre survenait ils devraient sauter hors de leurs lits, descendre les escaliers et ensuite sortir de l'immeuble ... trop long pour quiconque pour survivre à un tremblement de terre. Il est triste de voir comment la peur peut agir sur le comportement des gens et affecter les plus jeunes enfants irrémédiablement. Et il n'y a pas que le monastère ou l'orphelinat, c'est partout. Même à Katmandou, je voyais beaucoup de gens vivant dans des tentes avec leurs enfants alors que leurs maisons étaient encore intactes.

Je suis déterminé à former les jeunes moines au Yoga et les aider à soulager leur stress, à renforcer leur endurance et leur amener une réelle différence dans un petit laps de temps.

Le premier matin, je faisais face à deux grands défis, le yoga était nouveau pour eux et ils ne comprenaient pas ma langue. Je devais inventer des moyens non conventionnels de travailler avec eux. J'enseigne principalement le Hatha yoga, qui est un ensemble d'exercices physiques et de postures visant à aligner les composantes du corps pour permettre une libre circulation de l'énergie. Je partageais les moines en deux lots - de 5 à 12 ans (Yoga pour enfants) et 13 ans et plus (Yoga pour ados). J'enseignais aux moines ados les asanas (postures) avec des mots anglais élémentaires et même des dessins sur papier. Avec les moines plus jeunes, je faisais des séances de yoga à thème, comme la forêt avec des poses animales et l'océan avec la vie aquatique.

Ces idées semblaient marcher, et pour aller plus loin avec eux je leur ai appris à travailler avec des techniques de relaxation basées sur l'histoire et la vision. Tous cela agrémentés de jeux et des défis yoga. Ils ont appris beaucoup plus rapidement que je ne l'avais prévu.

Lentement le quotidien du Yoga - relaxation initiale, pranayama (respiration pratique), asanas (postures) et relaxation finale était devenu une partie de leur pratique journalière, matin et soir. Le Yoga a travaillé comme par magie. En quelques jours, le bavardage à propos de tremblement de terre avait sensiblement réduit. Le Yoga est devenu leur nouvel intérêt commun et le sujet de discussion. Mon téléphone a été encore emprunté par les enfants, mais cette fois juste pour jouer à des jeux vidéo.

L'école de médecine et la Fondation Sonima, à but non lucratif pour le bien-être des enfants de l'Université de Stanford, mène une étude sur le même sujet. Ils tentent de déterminer si une pratique de yoga quotidienne dans une communauté peut aider les enfants traumatisés à mieux réguler leurs émotions.

J'ai également pris le temps d'enseigner le yoga à un groupe de femmes qui travaillent dans un atelier de tissage et de couture. Elles viennent de milieux défavorisés et travaillent au moins huit heures par jour, six jours par semaine. Depuis le tremblement de terre, elles ont vécu dans des tentes à l'extérieur de l'atelier. Travaillant un minimum de huit heures par jour et assistant également leurs familles dans la détresse elles avaient peu de temps disponible, mais elles étaient désireuses d'apprendre.

J'ai donc proposé un "Chair Yoga", une technique qui nécessite 15 minutes de leur temps et peut réduire considérablement les maux et les douleurs.

Dans des moments comme ceux-là, un tremblement de terre ou toute autre catastrophe, le yoga peut aider les gens à récupérer plus rapidement et redonner gout à la vie. Il permet de lutter contre les traumatismes et renforce l'immunité. Vous vous concentrez sur le présent. Cette expérience me la confirmer encore plus, j'ai vu les effets sous mes propres yeux. Je propose à tous les organismes de gestion des catastrophes d'envisager le yoga dans leurs stratégies de réhabilitation car il est plus facile de reconstruire les maisons et les ponts que de reconstruire la foi dans la nature humaine.

Traduction libre Rasayana Yoga Marseille

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