Le Tao: Les 12 Points Essentiels pour Le Comprendre.
{Par Marie Favre}

1) Le Tao est un mouvement de pensée spécifiquement chinois vieux de plus de dix-huit siècles, puisqu'il est apparu sous le règne de Shundi (125_144) des Han de l'Est.

2) Les génies que vénère le Tao sont nombreux et les Taoïstes croient aussi aux Immortels. Lao Ze, qui aurait vécu entre 570 et 490 l'a initié ,puis Yang Chu, Lie Yu-K'eou, et Zhuang Zi.

3) Avec le "Tao Tê Jing", Lao Ze conçoit une sorte de mystique qui cherche à accéder à l'immortalité dans le "hic et nunc".

4) Le Tao prône les valeurs et la vertu de l'homme seul face à lui-même ayant au plus profond de lui toutes les réponses aux questions qu'il se pose pour parvenir à l'illumination et à l'harmonie.

5) Le Tao témoigne de la solidarité incontournable entre l'homme et la nature, entre le microcosme et le macrocosme, entre l’homme et le cosmos tout entier, lui-même conçu comme un organisme unique tandis que l’homme est un élément de la nature : Ils sont totalement semblables. Cette solidarité seule peut donner la paix intérieure. Vivre, symbolisé par le bambou qui plie tout en étant fort et reste toujours vert malgré sa vieillesse ou l'eau qui ne lutte pas de front, constitue le premier enseignement du Tao.

6) Par le Tao se crée et se développe, selon Mircea Eliade, l'alchimie, avant celle des arabes, bien que le mot soit arabe. En fait, une des ethymologies possibles de ce terme est le mot en chinois ancien « jinye »que l’on prononçait, à l’époque’ « kiem-yak », signifiant l’elixir d’or auquel on aurait, en raison des nombreux contacts avec le monde arabe, dès la première moitié de la dynastie T’ang, ajouté le radical arabe « al ». Désir déjà de transformer le mercure en Cinabre, ou sulfure rouge, en vif-argent.

7) Les Taoïstes ne cherchent pas tant à trouver la pierre philosophale, mais à découvrir l'élément ultime et fondamental, la séminale essence du monde qui , une fois absorbée par le corps, confert l'immortalité, tout comme la volonté alchimique soufie de pénétrer le mystère séminal des etres qui transcendent le temps,atteindre ainsi le « zhenren », l’homme authentique , en raison des analogies entre le micro et le macrocosme, le corps taoiste n’étant que l’analogie du cosmos et de l’univers; Ainsi Jabir Ibn Hayyan déclare-t-il : « l’argent est déjà de l’or, il n’a pas à le devenir. ». Ibn Arabi lui-même n'a -t-il pas été à la quête du souffre rouge, pour reprendre le titre de l'ouvrage de Claude Addas.
Dans le Qi Gong, travail sur le souffle, le cinabre est le Diantan, trois pouces en dessous du nombril , quatre de circonférence, lieu où s'accomplit la fusion des souffles et où naît l'embryon de l'immortalité, homme réel, cinabre du Nadir qui réunit le Ying et le Yang.

9) Le Tao , pensée non intellectuelle , s'enseigne sans mots; C'est un chemin qui se fait en cheminant, implique une perfection morale, faite d'impartialité, d'élévation et donnant la quiétude. L'immortel taoïste ressemble à l'homme de lumière soufi pour qui la mort est celle de l'esprit: "les hommes dorment" dit-on en Islam .Jaber, encore lui, écrit : »Comprends ce que je dis et réveille-toi O toi qui dors ». L’ignorant, dans les deux pensées mystiques, est celui que les voiles des ténèbres empêchent de voir l’Etre, car la connaissance est une qualité d’être, l’homme étant d’abord ce qu’il connaît.

10) Le Taoisme apparaît à la même époque que le confucianisme, vers le VI siècle avant Jésus-Christ. Il met en exergue l’importance des montagnes sacrées, lieux des immortels et fait l’éloge de l’individu, plus que celui de la société. C’est lui qui codifie les notions du Yin et du Yang.Le Tao est toujours d’actualité par la pratique quotidienne ,dans les parcs, du Qi Gong, gymnastique spirituelle qui aide à la méditation et fait circuler l’énergie dans le corps.

11) Le Taoïsme, qui regroupait la société dans des guildes, avait de nombreux temples dans la Chine entière et particulièrement à Pékin : Celui des" nuages blancs", à cinq cours et jardin traditionnel "Jie Tai" avec sa rocaille et un petit pavillon qui servait de chaire à un ancien dont on venait écouter l'enseignement. On peut actuellement croiser lors d'une visite une quarantaine de moines taoïstes qui y résident, reconnaissables à leur chignon rond haut sur la tête et à leurs guêtres blanches. Ce temple fut transformé pendant la révolution de 49 en institut de redressement pour les prostituées, et en usine sous la révolution culturelle. Il se trouve non loin du quartier musulman . Celui de "DongYue" à Chao Yang, éloigné alors de la DaDu des Yuan, époque à laquelle il fut construit vers 1319, est maintenant en plein cœur de Pékin. Avec ses 376 pièces, il était alors le plus grand temple taoïste du nord. Incendié en 1698, il est reconstruit, mais à nouveau détruit presque totalement en 1900.Au début du siècle Albert khan en avait fait faire des photos, estimant qu'il était l’une des oeuvres les plus marquantes du monde. Après avoir abrité une école et l'armée, il est, en 1995,ouvert comme musée des arts traditionnels. Grâce, entre autres, au professeur Schipper on l'a restauré et inscrit au patrimoine national.

12) Chaque quartier pékinois possédait ses temples ( temples proprement dits, mosquées ou églises) ; Sous la révolution culturelle, en fait dès 1949, ils furent occupés par des familles qui envahirent aussi les cours en y construisant des baraques--il fallait bien loger les gens! --, intégrés dans des usines, comme la mosquée de Kun Ming, ou abandonnés. Quand on lit des récits de souvenirs d'avant la révolution, on a beaucoup de mal à localiser certains temples pékinois évoqués car, souvent ils n'existent plus. Tout au long de son expansion, Pékin a subi la destruction de temples. Parfois, au cours de promenade, du côté de l'ambassade russe, on aperçoit le toit de tuiles vernissées bleues caractéristiques d'un temple. On ne peut le visiter, enclos à l'intérieur d'une usine. Mais ce détour permet de découvrir un temple de nonnettes taoïstes tout près.