Alors qu'un ancien monde s'effondre, celui de la spiritualité émerge au grand jour. Mais comme toute mutation majeure, le passage d’un cycle à un autre génère des tensions et crée une forme de chaos en préfiguration au renouveau.

En ce moment même, nous vivons les dernières heures d’une époque vouée au souverain « matérialisme », une époque marquée au fer rouge par l’individualisme exacerbé et la lutte acharnée pour la captation des biens et des richesses (vus comme les seuls critères de réussite). Dans le même temps, nous entrons collectivement dans un nouveau cycle à caractère résolument spirituel, où la priorité n’est plus de réussir dans la vie, mais réussir sa vie, et de mettre l’accent tant sur son épanouissement personnel, que sur de justes pratiques et relations avec l’ensemble. Tout ceci génère une effervescence positive (l’espoir en un monde meilleur), mais une déferlante de désordres, où les acteurs de l’ancien monde s’empêtrent dans des discours et des schémas désuets, tandis que de l’autre côté, la scène spirituelle émergente tournée vers l’âme et l’amour, peine à donner une image claire et simple de la nouvelle voie à prendre, loin des clichés hippy ou mystique qui ont marqué ses premières heures. Néanmoins, de la « sobriété heureuse » jusqu’aux aux courants les plus new-age, une chose est certaine : L'humain ne peut plus faire l'économie des lois spirituelles.

La fin d'un monde matérialiste

 C'est terminé ! On ne croit plus en la politique, ni au mythe de la croissance et du développement infinis. Les trente dernières années n’ont été à peu de chose près qu’une sauvage et brutale destruction de toute forme d’éthique et de bon sens. Nous n'avons connu aucune aspiration à l'élévation (ou si peu), et avons vécu au lieu de cela une descente à marche forcée dans les turpitudes d’un monde beaucoup trop humain : déchainement des bas instincts, exacerbation des passions et des pulsions, culte éhonté du moi, égoïsme et narcissisme érigés en totem de liberté absolue, orgueil de petits chefs et finalement, cynisme et mensonges à tous les étages, nous menant à une décadence manifeste.

Le côté sordide du portrait est certes un peu appuyé ! Mais la réalité est là : notre civilisation du matérialisme, de la jouissance insatiable, est à bout de souffle. Nos systèmes politique, économique, médiatique comme toutes nos machines de consommation et du divertissement, nous ont laissés exsangues d'espoir et d'aspiration. La vie dite « moderne » (technologie, individualisme, société du désir) nous a conduits à l’épuisement, à l’écœurement de nous-mêmes, car cette longue période à laquelle nous tournons progressivement le dos (période « matérialiste », où seule l'identification à la vie physique et temporelle compte), nous avait plongés dans l'aveuglement des biens et des richesses matérielles.

Les pieds sur terre, la tête… dans la matière !

Sans retracer toute la trajectoire humaine (asservir, se servir, avant de servir), on constate globalement qu’il a fallu tracer son sillon dans une existence terrestre absurde, depuis un point de départ (naissance) jusqu'à une ligne d'arrivée fatale (mort). Entre deux, nous a-t-on appris, c'était le western sans foi ni loi, hormis celle du plus fort. Pour nous aider, quelques vagues idées des règles du jeu, entre dogmes religieux et théorie darwinienne venue blanchir et réhabiliter nos tendances à asservir et éliminer les plus petits (seuls les plus forts survivent).
Bref, nous avons cru qu’être humain, c’était tirer son épingle du jeu, réussir « dans » la vie, comme si la vie n'avait rien d'autre à offrir qu'un bref passage sur terre pour se servir à gogo (et avant les autres, s’il vous plaît, merci !) et jouir « à mort » des plaisirs physiques avant de retourner de là où l’on venait, qu’il s’agisse d’un néant angoissant, ou d’un paradis fantasmé.

Et puis, lorsque les appétits de la chair n’ont plus suffi à la rassasier, l’espèce humaine a découvert qu’elle pouvait aussi se procurer sa dose d’endorphines en vivant à travers les émotions. Vivre à tout prix la passion ! Éprouver le grand frisson, l’exaltation, l’excitation, l’euphorie… Actuellement, les industries du divertissement et de la pub l’ont parfaitement compris, si bien qu’elles créent des générations de drogués aux émotions en nourrissant l’idée perverse qu’il faut entretenir les désirs pour s’épanouir (vouloir plus, jouir de tout, sans retenue).

Mais les émotions présentent un inconvénient de taille, celui de nous faire monter très haut, puis de nous faire plonger très bas (les vertiges de l’amour). Elles sont instables et l’humain, pour mieux contrôler sa destinée, a déployé des trésors d’imaginaire pour fabriquer de toute pièce des pensées, des systèmes grâce auxquels la vie toute entière devint mesurable, rationnelle et finalement maitrisée, comme un produit sorti d’un chaîne de montage taylorien. L'humain a érigé en dieu tout-puissant son intellect (le mental, la machine à tout faire) ayant pour effet d'entrainer l'homme dans un cycle de perfectionnement extrême de son mental, intensifiant de ce fait la vie de sa personnalité. Notre côté « moi, je, centre du monde » est devenu roi, si bien que nous avons développé les tendances au pouvoir individualiste les plus élevées. Regardez l’état du monde et regardez les dirigeants : tout ce petit monde « se prend la tête » et s’y croit !

Ainsi, notre époque connait une proportion remarquable d'individus de tout horizon ayant développé l’hyper-mental, soit la tendance non maitrisée à penser à outrance, à produire des raisonnements, des jugements qui ne sont que des élucubrations du mental (syndrome de la Tourette en version cérébrale). C’est plus fort que nous : on brasse de l’air avec nos pensées compulsives, sans pouvoir s’en empêcher. Cette focalisation dans notre mental a été encouragée en retour par ces mêmes systèmes séparatistes que l'homme a mis en place (division du travail, séparation des tâches, rationalisation des gestes, hiérarchies, groupes politiques, etc.) mais qui ont fini par le prendre en tenaille. La parabole du monstre du Dr Frankenstein fait écho à notre civilisation d’orgueil : une créature échappant au contrôle de son maitre, celle-ci se retournant fatalement contre son créateur…

Les compromis -ou quand le négatif nous prend la main

Du plus petit arrangement de conscience avec nous-même, jusqu’aux plus grosses arnaques, nous commettons toujours la même erreur : croire que nous pourrons nous en tirer à bon compte. Ce sont là tous les compromis avec le négatif que nous passons par facilité, par refus de fournir un effort.

Se compromettre, c’est laisser la possibilité au négatif de mettre un pied dans la porte de notre demeure sacrée (la conscience) et le laisser y pénétrer jusqu’à ce qu’il prenne possession de notre âme. L’expression faustienne « vendre son âme au diable » devrait nous renvoyer chacun aux moindres accommodements quotidiens, dès lors qu’on sacrifie l’éthique, que l’on cède à la facilité (« oh, ce n’est rien. Personne ne le verra… »), que l’on masque la vérité, même partiellement, où que l’on agit par esprit revanchard (« tu ne paies rien pour attendre… »).


Partout où l’on reste dans sa zone de confort pour ne pas avoir à prendre sur soi (à se dépasser, aller au-delà de notre petit moi), à faire ce qui nous coûte, parce qu’il faudrait se montrer sévère, exigeant et dur avec soi-même, tous ces moments de suffisance sont de l’autosatisfaction et autant des défaites pour notre âme. Là est notre pierre d’achoppement. Le compromis avec le négatif est la défaite de la conscience, car accepter le compromis, c’est préférer le confort des habitudes, et rejeter l’effort de la marche en avant. Partout où le compromis règne, c’est le mal qui l’emporte. Car ne nous y trompons pas : un moindre mal reste un mal quand même.

« Un pour tous, tous pourris ! »

Le compromis s’est infiltré partout et gâte toutes les couches de nos sociétés. L’image la plus flagrante que nous en avons aujourd’hui est bien sûr celle de la politique. Il faut dire qu’ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère –comme au temps de tonton : « plus c’est gros, et mieux ça passe ! »
Mais, ce qu’un Fillon a fait pour sa famille et ses enfants, nous le faisons également à notre échelle (à montant variable, car nous n’avons pas tous les mêmes moyens). Nous passons des compromis pour notre famille, pour nos amis, pour nos connaissances et intérêts privés. « Pas vu, pas pris ! »

Les politiciens ne sont que le reflet grossi de ce qui se trame dans nos civilisations depuis des centaines d’années, avec toujours la même soif de pouvoir et de confort à la racine. La facilité règne en maitre et la règle du « chacun pour moi » triomphe : « Puisque tout le monde le fait, pourquoi pas moi ? »

Évidemment, pratiquée au niveau des plus hautes sphères de l’état, la compromission n’en est que plus grossière et plus vile, car elle ternit l’image de tout un pays : parachutes dorés, footballeurs payés des millions, emplois fictifs, salaires à vie, abus de bien sociaux, détournement de fonds, etc. Le négatif nous tacle toujours sur la facilité, nous faisant chuter dans un engrenage vicieux, à partir d’un petit arrangement de rien du tout, entre amis. Quand le négatif vous prend la main…

 

Résultat en demi-teinte

Bilan de cette prise de conscience : les peuples rejettent massivement les élites (voir l’exemple roumain sur la législation anti-corruption) qui empestent la duperie et qui de surcroit, ont complètement raté le virage de la communication 2.0, creusant davantage le fossé qui les séparait du peuple, en affichant un véritable mépris à l’égard des demandes populaires pour la transparence et le service.

(voir à ce sujet les démarches qui se multiplient pour interpeller les députés sur l’éthique et la transparence : http://www.transparency-france.org/observatoire-ethique/2017/02/14/...

http://lelab.europe1.fr/video-50-secondes-deric-woerth-refusant-de-repondre-a-toute-question-sur-la-transparence-et-dexpliquer-pourquoi-2980418)

Pour autant, nous ne reconnaissons actuellement aucun modèle suffisamment fort auquel adhérer spontanément et entièrement –quelques pistes porteuses d’espoir au mieux, comme l’éconologie, ou la sobriété heureuse de Pierre Rabhi. Mais cela ne suffit pas. Il est clair que nos sociétés en crise ne se relèveront plus comme par le passé, grâce aux relances économiques et aux perfusions de la finance. La décadence morale et l'enlisement de nos machines ont poussé l'humanité au fond de ses retranchements. Mais paradoxalement, c’était une descente au plus bas de la matière nécessaire pour qu'une nouvelle lumière apparaisse. Faible, certes ! Mais une lumière quand même, qui pousse le genre humain à sortir de son conformisme et de ses habitudes...

À suivre: LE DIAPASON SPIRITUEL _partie 2

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