Il y a évidemment un grand nombre de pratique en art-thérapie. Pourtant il semble que la cause de son succès soit du à des facteurs communs : les théories de soin sur lesquelles elle s'appuie, le média artistique et la relation patient/thérapeute.
Ma pratique s'appuie sur une grammaire Freudienne. S' y effectue ensuite une alchimie faite de plusieurs matières. Je nommerai évidemment l'apport de Lacan. L'identification du stade du miroir que Winicott a plus chaleureusement décrit avec le regard posé par la mère. Je m'appuie aussi sur la théorie du Nom du père. Cyrulnik en parle avec tant d'élégance et de simplicité dans "De la parole comme une molécule". La représentation de ce père dans le langage de la mère.
Le symbole et les mots, voilà avec quoi l'art-thérapeute va jongler AVEC son patient.J'insiste sur le AVEC. Car si l'art-thérapeute trempe sa plume dans la psychanalyse, il va y mouiller autrement sa chemise que le psychanalyste des vieilles écoles !
Pour que le travail s'effectue il va s'y poser le transfert , cher à nos théoriciens. Mais quid du contre transfert ?
L'art-thérapeute va l'utiliser comme outil. Et c'est dans l'analyse de son contre transfert qu'il va permettre au patient d'avancer sur son chemin de recherche. C'est à l'observation de la rencontre de ces inconscients que se niche des réponses. C'est a cet endroit que l'on parle d'inter subjectivité. Ce lien permanent qui unit le corps et l'esprit et qui va constituer a l'échange d'informations.
Parfois nous sommes confrontés à des personnes qui n'ont pas ou plus l'usage des mots. La motricité est parfois limitée. Et pourtant l'art-thérapeute va s'en accommoder. Sa connaissance des ressorts de la création artistique va lui permettre d'entrer en contact. L'accueil de ce qui émerge dans le ressenti est possible. Cette Daseinanalyse que HUYGENS décrit dans sa thèse « Être et Présence (Sein und Dasein)" est a proprement parler cette "méthode d'écoute" , cette manière d'entrer en relation, au delà du verbal.
Ce verbal qui peut tromper, ces mots qui sont capables d élaborer des défenses si efficaces à la construction que s'est bâtie le sujet dans sa recherche d'équilibre...
A cet endroit le média artistique qui semble le plus adapté à la personne va venir s'inscrire naturellement dans le jeu.C'est dans le jeu que va se poursuivre l'échange, la proposition, le dialogue. C'est par le jeu que l'art-thérapeute va accueillir le monde de l'autre. C'est par son regard qu'il va lui tendre ce miroir. C'est par la prise en compte des ses sensations propres que va émerger cette reconquête d'un passage qui aurait été tronqué.
Quelle est notre première création ? A quel endroit avons nous pour la première fois fait preuve d'imagination ? N'est pas pour combler cette angoisse première de la disparition de ce sein qui comble tout : appétit et contenance, sensation d'être ? Le doudou de Winnicott ! Voilà notre solution !
Retrouver devant l'angoisse absolue, la capacité d'inventer la survie, le remplacement, s'approprier une solution. La faire sienne pour toujours.
C'est comme ça que l'art-thérapie va venir faire émerger un outil oublié. C'est parce que nous l'abordons sous l'angle du jeu qu'elle permet d'accéder très rapidement au profond, à l'essentiel.
C'est parce que hors du langage nous accédons sans fard au "dire".
La création devient l'objet. Cet objet se donne à regarder. Il devient "de l'Autre".
Geneviève CHARLES
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