La réussite.
Posons d’emblée la question à la manière de Socrate, qu’est ce que la réussite ? Y a-t-il une essence de la réussite ?
Elle est à première vue le résultat d’un processus, ce processus étant mise en mouvement par le sujet. En effet, il suffit que je veuille ouvrir la fenêtre car il fait froid et que je fasse quelques pas, saisisse la poignée et ouvre la fenêtre pour qu’on puisse dire que j’ai réussi à ouvrir la fenêtre. L’exemple est trivial, mais dit quelque chose de simple : est réussi ce qui est l’aboutissement, l’achèvement d’un processus engagé par le désir ou la volonté. Cela suffit il à dire qu’en dehors de l’espèce humaine il n’y est pas de réussite ? Non, on concèdera aux organismes vivants, particulièrement aux animaux, la possibilité de réussir. Pensons à un prédateur qui « réussit » à attraper sa proie. A la différence de l’humain, l’animal ne veut pas réussir, il en a le besoin instinctif, question de survie… mais dans les faits la perspective est la même, son instinct pose un but à atteindre (la proie).
Le problème de la réussite, a pris dans nos sociétés capitalistes, où l’argent est le moteur essentiel de la vie, une importance considérable. Etant presque une exigence de société, une norme sur laquelle les jeunes doivent se situer, la réussite est devenue insidieusement une valeur. Elle a toujours été là, à partir du moment où l’homme a posé des buts pour sa survie. Seulement aujourd’hui, elle est presque sacralisée, devenant par là même un devoir. Si bien que beaucoup sans le savoir sont acculés par l’exigence de réussite. Le danger est patent : la réussite devient une fin en elle-même. On doit réussir pour réussir. Or il ne faut pas s’y tromper, la réussite ne doit être en aucun cas vécue comme une fin. Elle ne prend sens que si elle est un moyen. Réussir c’est pouvoir se donner le moyen de faire autre chose, par exemple ce que l’on aime. Bien sur, il y a des moments, où l’on n’a pas d’autre choix que de réussir, car il en va de notre avenir, de notre confort matériel etc… mais cela ne doit pas nous empêcher de nous positionner intérieurement. Le danger de ceux qui veulent réussir pour réussir, qui tentent (malgré eux souvent) de tout faire pour réussir, est qu’ils deviennent prêts à tout pour parvenir à leur fin, n’hésitant pas à limiter la liberté des autres, voire à leur faire du mal. Il ne faut pas le cacher, c’est un des maux de notre société, et l’argent matérialise en quelque sorte ce que l’on nome réussite. L’autre danger est que celui qui ne jure que par la réussite, est l’esclave de ses désirs, il ne connaît pas la liberté de pouvoir accepter l’échec par exemple.
Je suis de ceux qui sont pour encourager la réussite, la valoriser, à la seule condition qu’elle soit vécue comme un moyen permettant d’ouvrir sur autre chose, et qu’elle ne soit pas érigée en principe finalisant de notre vie moderne.
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