Tout endroit est bon pour prier; Dieu est partout. Il vaut mieux s'enfermer chez soi, parce qu'on n'est pas vu, et que l'attention est moins distraite; mais ne croyez pas, comme tant de dévots, qu'un lieu spécial soit indispensable pour parler au Père. L'Absolu est au-dessus, en dehors, en dedans de toutes les formes, inaccessible par les rites seuls, libre de toutes conditions d'espace et de temps.


Par contre, si ces rites sont inutiles, il n'en est pas de même du rayonnement vital de vos actes dont ces rites cherchent à utiliser l'essence. Si vous voulez que votre chambre soit pure, faites-en le temple du vrai culte, je veux dire exercez-y le bien; ne vous y mette pas en colère; n'en laissez pas les murs entendre des paroles inutiles ou malignes; il y a partout des yeux et des oreilles qui nous observent et nous écoutent; donnez le bon exemple, même aux êtres que l'on croit inanimés.


Psychiquement, il faut aussi s'enfermer dans la chambre du soi et faire le silence intérieur. Priez à haute voix, tant que personne ne peut vous entendre. Mais que vos soucis et vos passions se taisent. Dieu est toujours en nous, même quand nous ne Le sentons pas, surtout quand nous sommes dans la sécheresse. Comprenez-le bien, nous ne devons pas prier pour obtenir des consolations sensibles, ni des impressions psychiques plus ou moins agréables. Quand, en prière, vous ressentez de telles choses, je vous dirais presque de ne pas y faire attention, parce que s'en occuper distrait et amène à rechercher les douceurs spirituelles. Si le Ciel nous les donne, acceptons-les avec reconnaissance, mais ne courons pas après, d'autant plus qu'il est facile de se suggestionner et de provoquer, par une sorte d'autosuggestion ou de magie, telle manifestation psychique obscurément désirée et accueillie comme si elle nous venait de Dieu.


En priant tout haut, la demande est mieux vivante, parce que la voix donne un corps au désir, un corps, non plus artificiel, comme avec les parfums, les gestes, les schémas, les yantras, les mantrams et les psalmodies, mais un corps normal et naturel. Nous faisons ainsi collaborer à un peu de bien l'air, les organes de la parole, les centres du langage; nous donnons un exemple salutaire aux esprits des choses qui nous entourent et une nourriture à nos témoins invisibles. Pour les hommes, l'univers se divise en sphères, en hiérarchies; pour le Ciel, ces parties gardent bien leur existence séparée, mais Il les rassemble sans cesse dans l'Unité mobile de Sa Vie. Soyons un comme cela; étant donné un acte, que notre être entier, avec ses innombrables organe, y coopère et que l'intention pure amène tous ces courants, ces muscles, ces magnétismes, ces tensions mentales, ces feux du désir, ces esprits, ces fluides et ces souffles à l'harmonie centrale dont ils proviennent.


Le beau langage est inutile pour parler à Dieu. Il y a de par le monde beaucoup plus de païens qu'on ne le croit(Matthieu VI, 7). Je ne veux pas dire que le brahmanisme ou l'islamisme ou le catholicisme fassent mal en ordonnant des milliers d'invocations à leurs fidèles; mais ils ne les mènent pas directement vers le Centre. Il y a en l'homme deux parties : le coeur spirituel où brille la lumière divine et le reste où brillent des lumières naturelles. Quoi que fasse ce reste, si le coeur n'y coopère pas, ces énergies extérieures n'atteignent pas Dieu; et si le coeur agit, il n'est pas besoin du reste. Quand un dévot récite pendant une heure, il est presque impossible qu'il pense tout le temps à ce qu'il dit; ses paroles vont dans le plan invisible des sons, et y évertuent certaines ondes qui sont capables de produire des effets sur la matière psychique ou même physique; mais le Ciel n'a pas été atteint. Et si le dévot est un prodige de volonté et qu'il a pensé pendant toute l'heure, sans défaillance, à ce qu'il demandait, il a perdu cinquante-cinq minutes à refaire ce qu'il lui aurait suffi de cinq minutes pour mener à bien.

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Les mêmes remarques s'appliquent exactement à tous les rites : depuis les gestes liturgiques auxquels nous sommes habitués dès l'enfance jusqu'aux déterminations astrologiques, jusqu'aux observances innombrables qu'on suit encore aujourd'hui dans l'Inde et en Chine. Tout cela, ce sont des supports à la faiblesse ou des excitants à la tiédeur; ils sont utiles; mais ce ne sont que des auxiliaires. Ne leur donnons pas le rôle essentiel.

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Comment se faire entendre de Dieu ? Je vais encore me répéter, mais les vérités essentielles sont si peu nombreuses qu'il faut revenir sans cesse des principes à leurs applications.


Le Père sait ce dont nous avons besoin sans que nous le Lui demandions (Matthieu VI, 8); parce qu'II sait tout, sans doute, mais d'abord parce que Lui seul est bon. Et cependant il faut prier; nous le devons, même si nous croyons ne faire que quelque chose d'inutile, parce que prier, c'est un acte, parce que prier, c'est obéir au voeu de la Nature et couronner l'effort universel.


Tout prie; la pierre qui mûrit dans les ténèbres de la mine, la plante qui cherche le soleil, l'animal qui en salue la course; tout acte est une demande; un résultat ne s'obtient pas à cause de notre volonté, mais parce qu'en travaillant à sa réalisation, nos énergies, les plus physiologiques même, désirent et espèrent le succès. Seul le coeur de l'homme, trop souvent, se croit maître du monde et rejette toute idée de secours. Et, comme notre esprit est la fleur suprême de la Nature entière, nous sommes obligés de parfaire le grand oeuvre de l'évolution et d'en relier l'effort au trône du Père.


Mais nous nous agitons aujourd'hui bien loin encore de cette prière vivante, apanage des esclaves de l'Amour et à la voix desquels obéissent les maux, les événements et les créatures. C'est pourquoi, tels que nous sommes, ce que nous pouvons faire de mieux, c'est de prier par l'exemple.


Ceci posé, recherchons les conditions indispensables pour que la prière soit entendue de Dieu. Dieu est partout cependant et, de tous les êtres, c'est Lui qui nous est le plus proche, parce qu'II est au centre de nous-mêmes; or nous pouvons être, et nous sommes trop souvent loin de Lui, car notre coeur est double; dans bien des cas notre voix n'arrive pas jusqu'à Lui parce que notre volonté ne parle pas le langage du Ciel. Il faut donc d'abord vivre selon la Loi avant que de vouloir prier.


Ensuite, il faut être humble. Dieu n'écoute pas les orgueilleux, ceux qui se croient forts ou savants ou adroits. Personne ne peut se croire tel, s'il a jamais jeté un coup d'oeil sur l'énormité des puissances qui nous écrasent et sur l'immensité des inconnus qui nous entourent. Cela, c'est le niveau raisonnable de l'humilité, c'est le plus simple. Il faut encore ne pas se croire meilleurs ou plus intelligents que ses camarades; c'est déjà plus difficile et nécessite une certaine connaissance de soi-même, avec pas mal d'expériences désagréables, car ceux-là seuls sont indulgents qui ont souffert.


Rares sont les disciples qui descendent à cette troisième espèce d'humilité, par laquelle on s'estime le dernier des hommes, le moins bon, le moins intelligent, le moins digne d'intérêt, par laquelle on entr'aperçoit que " nous n'avons rien que nous ne l'ayons reçu " , comme le dit l'Apôtre. D'ailleurs l'humilité est un abîme sans fond; on peut toujours y descendre davantage sans crainte de se perdre. C'est la plus sûre des retraites et rien ne nous devrait coûter pour la conquérir, parce que la porte n'en est jamais à la même place; il faut recommencer sans cesse le combat pour la passer.


La troisième condition nécessaire pour que la demande soit entendue, c'est d'être sur le chemin de la Paix; le Ciel est le monde de la paix. Il faut pardonner à ceux qui nous ont fait du mal, non seulement aux hommes, mais à toute créature, aux événements, aux invisibles, aux idées, aux sentiments, aux choses. Nous ne pouvons jouir de cette mansuétude que si nous avons confiance que le Père ne donne pas d'épreuve injuste. Quand nous voulons Lui parler, oublions un instant nos ennuis; nous pourrons ensuite les soutenir avec plus de calme et mieux les combattre. Et le pardon est le meilleur anesthésique pour apaiser nos souffrances d'amour-propre.


En quatrième lieu, il faut s'adresser au Ciel dans un sentiment de reconnaissance et pour les bonheurs et pour les malheurs; si les uns sont des moments de repos, les autres sont les uniques moyens de notre avancement, puisque nous craignons encore l'épreuve.


Cinquièmement, il faut être attentif à ce que l'on dit; il faut l'être parfaitement, non seulement d'intelligence, mais de coeur et de corps. Cette condition est difficile à réaliser; nous sommes essentiellement distraits, parce que nous perdons beaucoup de temps et que nous disons beaucoup de paroles inutiles. Vous vous souvenez que nous avons déjà traité de ceci. L'attention sert donc d'abord pour que la demande porte et ensuite pour l'instruction des auditeurs et des spectateurs invisibles qui nous entourent; s'ils nous voient occupés d'autre chose que de ce que nous-demandons, ils ne peuvent pas nous prendre au sérieux, ils s'en vont, et nous devenons responsable du scandale et des erreurs qui s'ensuivent.


Tout en étant persévérants dans vos demandes, n'oubliez pas de dire : Que la volonté de Dieu soit faite. Un désir trop enthousiaste ou trop avide d'être exaucé introduirait dans la prière un ferment de volonté propre.


Cet ensemble de conditions doit finir par vous paraître passablement difficile, compliqué. Ce n'est qu'une apparence. Dans le spirituel, bien plus encore que dans le matériel, tout se tient, tout est un, partout; attelez-vous à la réalisation d'une seule règle et ne prenez la suivante qu'après vous en être rendus maîtres dans toutes les applications de la première. Votre effort pour celle-ci vous allègera singulièrement l'effort nécessaire au contrôle des autres. Et puis, surtout, ne croyez pas devoir à vous-mêmes les résultats acquis; dans nos ascensions vers le mieux, c'est du Ciel que viennent la force, la réussite et les fruits; nous, quelque grande que soit notre énergie personnelle, ne fournissons rien que notre adhésion au secours divin. Je ne puis vous donner de preuves générales de ceci; mais l'observation vous en fournira certainement à chacun, et de très convaincants, parce qu'elles seront expérimentales.

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En outre il y a une tenue intérieure habituelle qu'il faut prendre et garder, et qui rend tous nos gestes plus aisés. Dieu est simple; Il est avec les simples; Il les écoute plus volontiers. Il Se penche vers les humbles, vers les petits, vers les pauvres; c'est pourquoi les mystiques affirment que l'Absolu, l'Incréé se déversent en nous dans la mesure où nous laissons s'écouler de notre coeur le relatif et les créatures.


Il suffit donc de s'adresser au Père, dans cette même candeur avec laquelle, lorsque nous étions petits, nous demandions à nos parents ce qui nous faisait envie; la forme de la demande importe peu; nous sommes si jeunes encore que la plus sublime esthétique est gauche et malhabile au regard de l'éternelle Beauté.


Les légendes qui montrent les Anges recueillant les prières des saints pour les porter, de hiérarchie en hiérarchie, jusqu'au trône de Dieu, sont vraies. Ce ne sont pas toujours des anges, au sens théologique du mot, qui remplissent cet office; il n'importe; tout cela est prévu et ordonné, chaque chose retourne à sa mère : les lumières vont à la Lumière; les ténèbres vont au Néant. Et les unes et les autres montent ou descendent suivant leur densité. La demande s'élève ainsi aussi haut que la pureté du demandeur donne de force à ses ailes. Les prières des hommes n'arrivent donc pas toutes aux pieds du Père; mais, quand la sphère où elles touchent est trop ardente pour elles, il se peut, en effet, que des êtres de compassion les recueillent, les fassent leurs, et les présentent à Dieu, comme pour leur propre compte. C'est ainsi que nous sommes plus souvent exaucés qu'il ne devrait.


Ces êtres intermédiaires, dont il est inutile de chercher le nom ou l'essence, n'entendent que ce qui porte le sceau de l'Unité; et vous les prieriez, eux, qu'ils comprendraient moins bien vos désirs que si vous vous adressiez directement à Dieu.


Nous ne pouvons penser sans que quelque chose de notre esprit (magnétisme, astral, mental, etc.) ne sorte vers l'objet de notre pensée. Dans cette recherche se font des rencontres imprévues; et c'est ainsi qu'en travaillant une question, nous pouvons en résoudre incidemment une autre. Or la prière vraie est une sortie totale de l'être, qui s'obtient par un calme parfait, une attention profonde; il est donc tout naturel que nous éprouvions pendant qu'elle monte des sensations spéciales, des émotions psychiques, spirituelles et mêmes physiques . Ces émotions constituent un écueil, car notre nature nous portera vers celles de ces touches qui nous seront les plus douces, nous les fera considérer, peut-être à tort, comme le signe de la faveur divine, et nous en arriverons vite à oublier l'objet de la prière, qui est Dieu, pour tendre, par notre propre volonté, vers un accident phénoménique. De là on retombe dans les illusions, dans ce que les hermétistes appellent l'astral.


Tandis que vous priez, ne vous arrêtez pas à noter, goûter, à analyser les sensations particulières que vous pourrez percevoir; ne quittez pas le but; si ce sont des êtres mixtes ou mauvais qui vous envoient ces manifestations subjectives ou objectives, vous gagnez à ne pas vous y laisser prendre; si ce sont des êtres de Lumière, ils ne peuvent se formaliser de ce que vous ne voulez vous en tenir qu'à Dieu seul.


Nous sommes terriblement loin de l'Absolu; avant d'y arriver, que de déserts, de précipices, de tempêtes ! Ne vous inquiétez donc pas des distractions, des sécheresses, des tentations que vous subirez en priant : ce sont les incidents du voyage. Tenez ferme du fond du coeur; c'est dans ce centre le plus intime de vous-mêmes que, si votre voix est entendue, la réponse se fera connaître. Vous n'en saisirez que très rarement les mots; mais vous en goûterez toujours l'exquise fraîcheur, le charme, l'action vivifiante et régénératrice. Ne cherchons rien d'autre; remercions quand cette faveur nous est accordée; remercions encore quand elle nous est refusée, parce que c'est ainsi que notre foi grandira.


Je ne vous dis pas de mépriser toutes manifestations de l'Invisible, d'où qu'elles viennent; je vous dis de ne pas les rechercher, de ne pas vous y attacher. Notez-les comme le savant note les réactions du laboratoire. Tout comporte un enseignement : visions, voix, souffles, déplacements d'objets, tremblements; ce sont bien des plans qui se déplacent, qui viennent à nous, ou c'est peut-être nous qui allons chez eux. Ne bâtissez pas de systèmes. Si vous agissez selon la Loi, le Ciel fera tout le nécessaire pour que vous connaissiez le vrai, même si vos devoirs et vos charges ne vous laissent pas le temps d'étudier ou de réfléchir.


La prière est un acte immense; c'est le plus surhumain des efforts. Derrière chacun de nous se pressent des peuples qui attendent avec angoisse que nous leur ouvrions les portes du temple où ils pourront prier; il en est qui meurent de ce désir. Nous sommes responsables de ces souffrances que nous ne soupçonnons pas cependant, parce que nous savons tous que la prière est un devoir. Nous en sommes encore plus responsables dès ce moment. Et, quand nous nous rendons inconsciemment aux voeux de ces êtres, notre voix est pour eux une harmonie, une lumière et une rosée.


Permettez-moi de vous le dire, je vous apprends ces choses, ou plutôt je vous en fais ressouvenir; mais vous n'aviez pas besoin de les savoir pour agir avec rectitude. Car dès le commencement Dieu a fait connaître l'homme tout le nécessaire. Maintenant vous aurez en même temps moins de mérite à faire votre devoir, puisque la science aura crû en vous au détriment de la foi, et plus de responsabilité si vous ne le faites pas, puisque vous en connaissez à peu près quelques-unes des raisons. Croyez-le bien, pour faire la volonté du Ciel, pour retourner au Ciel, il n'est pas indispensable de comprendre tout; l'intelligence est un encouragement que Dieu donne, mais non pas une méthode de travail irremplaçable. Il suffit d'avoir confiance en notre Jésus-Christ. Les efforts méditatifs et volontaires servent mal à porter nos demandes aux pieds de Dieu; les actes bons et la purification du coeur sont les vrais véhicules.

* * * *

Après tout ce que nous venons de dire, vous comprendrez que le langage dans lequel on prie est indifférent. Ceux qui sont imbus des théories de l'occultisme croient que les langues savantes, le sanscrit, l'hébreu, le grec, le latin possèdent une force plus grande pour agir dans l'atmosphère fluidique. Ce qu'ils oublient, c'est que tout a sa croissance, sa maturité, sa décrépitude. Les anciens idiomes furent vivants autrefois; aujourd'hui, ce sont les langues modernes qui ont la vie; c'est elles qu'il faut employer, dynamiser et spiritualiser. Nous naissons dans le sein de telle ou telle nation parce que notre travail actuel est dans cette société. Il ne faut pas s'hypnotiser sur les anciens; la Nature ne recule pas, elle avance sans cesse. Ce que nous avons à faire, c'est de mettre la Lumière intérieure en contact avec toutes les formes présentés de la vie créaturelle; il est inutile de s'occuper de l'astral, de l'éther, des fluides secrets; c'est le plan dont nous possédons la conscience innée qui doit recevoir nos soins; nous travaillerons plus tard les autres plans. Ne cherchons pas les choses lointaines et abstruses; contentons-nous de l'immense devoir quotidien, du terre à terre, du tangible; il y a là beaucoup plus d'ouvrage certainement que nous n'en ferons.


Qui se ressemble s'assemble, dit le proverbe; et en effet tout homme qui répète les actes d'un autre homme s'unit à son protagoniste, dans le plan de ses actes. Ceux donc qui renouvellent les paroles et les actes du Christ, même dans la minime mesure de leurs capacités, s'ils le font de tout coeur, s'unissent à Lui.


Car Sa vie forme une prière ininterrompue; Lui-même Il est l'incarnation vivante de la prière; Il fut le pionnier qui fraya le chemin par où nos appels peuvent monter jusqu'au Père; Il est le médiateur, l'intercesseur, le prêtre, la victime et le sacrifice.


Rien de ce que Notre Seigneur Jésus-Christ a pensé, agi ou dit, ne vient d'ailleurs que du Ciel. C'est pour cela qu'II est philosophiquement incompréhensible; le mental ne peut même pas regarder cette infusion de l'Absolu dans le relatif ni cette effusion du relatif vers l'Absolu, dont la double courbe est la vie propre du Sauveur. C'est la réalisation de l'impossible, la matérialisation de l'invisible, l'existence de l'inconcevable.


Ainsi la prière modèle qu'Il a donnée à Ses disciples n'est pas que l'expression des besoins de l'Univers; c'est aussi l'énoncé des choses que le Père juge utiles à notre béatitude personnelle comme à la béatitude de la Nature tout entière. C'est le tableau du mouvement cosmique; elle en indique les composantes, les points de départ, les buts, les modes. Elle représente l'armée des créatures dans son ascension collective, et la loi de perfectionnement du composé humain. Elle est, en un mot, l'image de la Vie.


C'est donc avec juste raison que certains mystiques y ont découvert la règle des stases extraordinaires de la conscience individuelle et que d'autres y ont retrouvé les arcanes de la création du monde.

 SEDIR ( La prière - bibliothèque des Amitiés Spirituelles )

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