Favoriser la confiance en soi, l’autonomie, tout en permettant à l’enfant d’évoluer à son propre rythme et en toute liberté. Telles sont les promesses de la pédagogie Montessori, que certains jugent trop débonnaire et permissive. En quoi consiste ce mode d’éducation qui se veut placer l’enfant au centre de la pédagogie ? Eléments de réponses avec Charlotte Poussin, éducatrice et directrice d’une école Montessori.
Sommaire
En savoir plus sur Maria Montessori.
« L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit, mais une source que l’on laisse jaillir. » Telle est la philosophie de l’éducation de Maria Montessori, première femme médecin d’Italie, dévouée à la cause des enfants. « Éduquer, ce n’est pas dresser » prône celle qui, en janvier 1907 ouvre la première Maison des enfants (Casa dei Bambini en italien). Sa révolution ? Mettre à la disposition des écoliers un matériel adapté, mais surtout, les laisser libres de choisir eux-mêmes les activités qu’ils souhaitent faire, pendant le temps qu’ils le désirent. Elle constate alors, avec surprise, que les tout-petits (dès trois ans), sont capables de faire preuve d’une concentration et d’une autodiscipline inattendues. C’est ainsi que nait la pédagogie Montessori : dès lors que l’enfant se trouve dans un environnement propice, accompagné par un éducateur qui s’adapte à lui et le stimule, l’enfant apprend par lui-même, à son rythme. Un siècle plus tard, cette méthode a fait de nombreux adeptes à travers le monde et plus de 20 000 écoles ont ouvert leurs portes. Mais pour les montessoriens, la France et ses quelques cent écoles reste à la traîne. À ce jour, l’Education nationale refuse de valider une telle pédagogie, contraignant les établissements à se développer en marge du système public.
La liberté
C’est une notion fondamentale de la pédagogie Montessori. En classe, les enfants sont libres de choisir l’activité qu’ils souhaitent faire parmi celles qui leur sont proposées, à la seule condition d’avoir déjà « vu » cette activité avec l’éducateur(trice), et peuvent y passer le temps qu’ils veulent. Ils ont aussi le droit de parler (à voix basse) et de se déplacer comme ils l’entendent dans la classe, tant que l’ambiance de travail est respectée.
L’autodiscipline
Elle va de pair avec la notion de liberté et s’applique tout autant pour l’attitude que pour les corrections. Plutôt que d’attendre passivement les corrections d’un tiers, l’enfant est invité à repérer lui-même ses erreurs. D’autant que, selon la méthode Montessori, il ne s’agit pas tant d’avoir « juste » ou « faux » que de s’exercer à faire mieux, de se perfectionner dans l’activité.
L’action en périphérie
Selon Maria Montessori, il est plus profitable d’agir sur son environnement plutôt que sur l’enfant lui-même. En pratique, il s’agit par exemple de parler moins fort pour l’inciter à en faire autant, plutôt que de lui ordonner de le faire. Ou encore, de mettre à sa portée un meuble à chaussures et à chaussons, plutôt que de lui demander d’aller les ranger ou les chercher dans un placard.
Le respect du rythme de chacun
Peu importe que l’enfant soit rapide ou lent, tant qu’il est concentré. La pédagogie Montessori met l’accent sur le respect du rythme de chaque enfant, et préconise de ne pas mettre d’étiquettes aux enfants (« tu es lent », « tu es rapide »), au risque de l’enfermer dans ce qualificatif. Et Maria Montessori d’ajouter que le rythme de chacun peut varier en fonction des moments de la journée, de l’activité, des différentes périodes de son développement, et que les apprentissages des enfants se font par à-coups.
L’apprentissage par l’expérience
L’abstraction ne se transmet pas. Tel est le postulat à partir duquel se base la réflexion montessorienne. Pour s’approprier les concepts, l’enfant doit manipuler, de façon tangible et concrète, avec ses cinq sens. Là encore, cela passe par l’utilisation de matériel adapté. Il s’agit par exemple, pour expérimenter l’unité, la dizaine, la centaine etc. d’utiliser des perles. Les enfants peuvent les soupeser, les comparer, et intégrer, par la vue et le toucher, leurs différences ou leurs proportionnalités.
L’activité individuelle
Si quelques activités sont présentées en petits groupes, la plupart se font plutôt en individuel, afin que les enfants s’approprient les concepts de façon personnelle.
L’éducation, une aide à la vie
Selon Maria Montessori, l’enfant est potentiellement bon, et il suffit de le respecter pour qu’il le reste. Le respecter, c’est l’inviter à respecter les autres, et donc, le préparer à une vie sociale harmonieuse. Le but de l’éducation montessorienne est d’aider l’enfant à acquérir une discipline intérieure.
Une pédagogie de l’enfance
La pédagogie Montessori, à proprement parler, ne s’applique que pour les enfants de 3 à 12 ans, c’est à dire au primaire (écoles maternelles et élémentaires). Mais il existe aussi des collèges et des lycées d’inspiration montessorienne. Les professeurs y sont familiers avec la pédagogie Montessori et en gardent les valeurs de respect et de valorisation de l’enfant. Pour les moins de 3 ans, certains établissements proposent des ambiances « Nido ». Ce sont en quelque sorte des crèches montessoriennes.
De 3 à 12 ans : 3 classes
La pédagogie Montessori décompose le primaire en trois classes. La première, appelée la Maison des enfants, correspond à la maternelle et s’adresse aux 3-6 ans. La seconde, appelée école élémentaire, se décompose en deux classes : l’une pour les 6-9 ans, l’autre pour les 9-11 ans. Mais dans certains établissements, ces deux classes fusionnent, formant ainsi une classe unique pour les 6-11 ans. Les passages d’une classe à l’autre sont souples, et peuvent se faire en cours d’année, de façon, selon les montessoriens, a être au plus proche du rythme de l’enfant et à ne pas freiner ou accélérer son développement.
Bilinguisme
Beaucoup d’écoles montessoriennes en France sont des écoles bilingues (et ce, dès la maternelle), avec, dans chaque classe, un éducateur francophone et un éducateur anglophone. Pour certaines, cela peut aller jusqu’à mettre les enfants en immersion complète, pendant 3 heures par jour, dans une langue puis dans l’autre (par exemple, le matin en français, et l’après-midi en anglais).
Le programme
Les activités proposées aux enfants dépendent chacune d’un domaine facilement identifiable : vie pratique, sensoriel, mathématiques, langage, sciences, histoire et géographie, musique et art. Si l’enfant est libre de choisir lui-même ses activités, il n’en n’est pas moins guidé par l’éducteur(trice) montessorien, dont le rôle n’est pas d’enseigner un savoir, mais un « savoir-apprendre ». Aussi, il est de son ressort d’inciter les enfants à s’intéresser à tous les domaines, à multiplier les nouveautés et les envies de découvrir. Les écoles Montessori affirment couvrir très largement le programme de l’Education Nationale.
L’adaptation
Avant 6 ans, les enfants semblent ne pas avoir de mal à s’adapter à la pédagogie Montessori, mais pour les enfants plus grands, qui ont expérimenté le système classique, il se peut que cela soit plus compliqué. Moins passifs, mais aussi moins cadrés, ils peuvent avoir des difficultés à gérer la liberté qui leur est soudain accordée et à s’approprier les principes de l’autodiscipline. Et inversement pour un enfant qui passerait de la pédagogie Montessori à l’école publique.
Charlotte Poussin est l’auteure de Apprends-moi à faire seul, la pédagogie Montessori expliquée aux Parents (Editions Eyrolles, 16,90 €).
Maman de quatre enfants et éducatrice Montessori. En septembre 2011, elle a ouvert, avec un groupe de parents et son équipe, une école Montessori aux Clayes-sous-Bois (78). Plus d'infos sur : montessori-school.fr
Combien existe-t-il actuellement d’écoles Montessori en France ?
Charlotte Poussin : Difficile à dire. Aujourd’hui, Montessori n’est malheureusement pas un nom protégé, pour la simple raison que Maria Montessori ne l’a pas fait de son vivant. Résultat, certaines écoles se disent Montessori, alors qu’en réalité, elles n’appliquent pas forcément la pédagogie Montessori. Une certification se met en place depuis deux ans, mais elle est extrêmement exigeante et c'est un long processus. Néanmoins, dans le milieu, nous savons quels établissements sont sérieux, et lesquels ne le sont pas. Ceux qui sont reconnus sont pour la plupart sur le site de l’Association Montessori de France, qui en recense une cinquantaine.
On entend souvent dire qu’obtenir une place dans une école Montessori relève du parcours du combattant. Etes-vous d’accord avec ce constat ?
Charlotte Poussin : C’est en effet le cas à Paris et en proche banlieue, où il y a beaucoup plus de demandes que de places, et où les listes d’attente sont parfois importantes. Mais ce n'est pas le cas partout. Chez nous, par exemple, comme nous ouvrons, il y a de la place ! Sauf dans les classes 3-6 ans, qui sont quasiment complètes. Et les inscriptions en cours d’année sont d’ailleurs tout à fait possibles !
Quel est le coût de la scolarité dans une école Montessori ?
Charlotte Poussin : Il varie d’une école à l’autre, les écoles parisiennes étant plus chères, puisque les loyers y sont très élevés. À titre d’exemple, dans mon établissement, elle est de l’ordre de 490 euros par mois en maternelle (soit 4 900 euros l’année), et de 540 euros chez les 6-11 ans (soit 5 400 euros l’année). C’est un budget conséquent, et à mon grand regret, c’est même un luxe en France. La raison, c’est que tous les frais sont à la charge des parents. En effet, l’état n’accorde aucune subvention aux écoles Montessori car l’Éducation Nationale ne valide pas le fait de regrouper des classes d’âge tel que nous le faisons. Nous sommes donc forcés d’être des écoles hors-contrat. Mais il faut savoir que la scolarité d’un enfant dans le système public coûte entre 7 000 et 9 000 euros par an à l’état. Dans l’absolu, nous sommes donc plus économes.
http://www.psychologies.com/Famille/Education/Scolarite/Articles-et...
Novembre 2011
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