La vertu de l'art est de nous livrer à la beauté.
La beauté est la première nourriture de l’âme qui voyage. (invisible mamelle, sustentation secrète, )
Devant la beauté, l’âme est devant un miroir : c'est elle-même qu'elle contemple. Elle se reconnaît rarement.
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La beauté suspend l’âme à son exigence la plus haute. ( rép la rencontre!)
La beauté n'est ni facile ni confortable. On l'a rayée du monde parce qu'elle gênait : elle est irrévocablement révolutionnaire.
Celui qui l'a rencontrée une fois ne peut que la craindre toujours.
L'homme de bien croit la rechercher, ou lui être fidèle, en réalité il la fuit comme une maîtresse trop exigeante. Ne jamais la quitter des yeux rend la vie de tous les jours impossible, l'honorer et n'honorer qu'elle décolle l’âme de ses attaches terrestres indispensables.
L’épouser à jamais est impossible. Elle convie plutôt le poète ou l’artiste à d'éternelles fiançailles, difficiles mais imparables. Ainsi la beauté nous impose une damnation, celle de mener une vie fascinante et insatisfaite dans les siècles.
La beauté nous tire hors du consentement quotidien pour nous conduire à la révolte, hors de l'assentiment civil pour nous mener à l'ultime, hors de l'acquiescement des plaines pour nous hisser aux sommets.
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Vie d'artiste : jour après jour peindre la même chose, sculpter la même forme, assiéger le même idéal. Sans y parvenir jamais. Une vie accomplie.
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Une fois pris à son piège, benêts, nous voulons la retrouver.
On ne la retrouve jamais : la rencontre est unique.
Elle peut être liée à la surprise. En tout cas elle n’apparaît que dans l'ouverture du cœur, dans l'attente humble, parfois dans la naïveté. Il n'existe aucune carte pour la retrouver à coup sûr. Car elle est de l'ordre du vivant, et cet ordre ne souffre aucun rangement.
Bien sûr elle ne reste pas où on l'a mise, renaît sans cesse aux endroits les moins attendus.
Peut-être nous appartient-elle au plus profond, mais totalement impalpable : l'essence de l'instant, à découvrir davantage dans le regard porté que dans l'objet regardé. Éphémère, incalculable, incapturable. Inévitable cependant.
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La beauté est à la fois de notre monde et de l'autre. Elle parle une langue dont nous ne connaissons ni les mots ni la grammaire. Et si peu le sens.
La beauté est le vrai visage du créé.
Elle nous attend.
Elle n'a aucun besoin de nous, nous ne sommes rien sans elle. Le siècle passé l'a ignoré, il en est mort.
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La beauté véritable n'est affaire ni d'esthétisme ni d'élégance, ni d'une quelconque compromission avec la réalité. Elle est affaire de cœur curieux et sincère.
Les humains auraient pu naître aveugles, comme les lombrics. Les yeux, quelle chance !
Commentaires bienvenus
Merci Magdala, merci Karen...
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