L’enjeu est de prendre du plaisir. Or, nombre de femmes l’attendent. Corinne Del Aguila-Berthelot pointe «la déresponsabilisation des filles» qui «croient toujours que le Prince charmant va arriver et tout leur apporter».
Pour certaines, la fusion romantique avec «le mythe de l’orgasme simultané, (ce gâchis)» (Pierre Desvaux), crée des inhibitions. Pour d’autres, le plaisir de l’homme est une fin en soi, comme en témoigne l’essor de la nymphoplastie*: «Le souci des femmes, ce n’est pas leur plaisir, c’est d’abord d’être conformes», déplore Bernard-Jean Paniel*. L’accès à la jouissance suppose une forme d’égoïsme et aussi de s’affranchir de tabous solidement ancrés et, parfois, cela vient sur le tard:
«Ma vie de femme a commencé à 50 ans. Je me suis réappropriée ma sexualité qui était jusque-là non seulement calquée sur les désirs et les attentes de l’autre, mais qui était carrément devenue son objet (...). Etre femme, c’est assumer toute sa sensualité, sans que cela vous transforme en putain ou en salope.»
Savoir également que le coït n’est pas toujours synonyme de plaisir, que le pénis ne peut pas tout, suppose un difficile travail sur soi.
«Les magazines féminins sont les pires pourvoyeurs de complexes, tempête Françoise Simpère. Vous faites l’amour en amazone ?... Mettez-vous de dos qu’il ne voie pas ballotter vos seins. C’est criminel, des conditionnements pareils !»
Et un non moins difficile dialogue avec le partenaire. Ainsi, pour qu’une femme jouisse pendant un coït, «le plus efficace, c’est qu’elle se stimule elle-même pendant la pénétration, estime le gynécologue Sylvain Mimoun. Mais là on touche à ce qui est souvent un énorme tabou pour les femmes : la masturbation devant l’autre. Elles ne savent pas le faire, ou même si elles le font, elles ne sentent plus rien.»
Malheureusement, dans le couple (mais quid des couples lesbiens ?), le dialogue est rare alors qu’il est primordial. D’abord parce que l’homme pense généralement tout savoir d’emblée et que la femme lui en fait crédit –orgasme ou non-.
Si le corps est libéré, la parole l’est rarement. D’autant plus que le sexe à l’occidentale, dans le noir, se prête mal à de tels échanges. Comme si la sexualité consistait «parfois à se masturber l’un avec l’autre, deux solitudes ensemble qui n’osent pas se regarder –surtout, éteignons les lumières-» *
*Le tantrisme ouvre cette autre question: peut-on rencontrer l’autre par le corps uniquement ? La «sexualité sans lien» (la pratique du sexe avec des inconnus) est à l’opposé d’une culture occidentale «qui a compacté ensemble : la sexualité, le rapport, le lien, l’amour».
Métaphore musicale encore, pour Béatrice Cuzin:
«Apprendre à faire l’amour, c’est comme apprendre à jouer du violon. Il faut vouloir se perfectionner.»
Les silences, les non-dits appauvrissent la vie sexuelle. On s’abstient de parler «pour finir dans une vie tout abstenue».
Certaines franchissent le pas, osent. C’est sans doute ce qui frappe en refermant le livre : la résolution, voire le courage qui anime ces femmes lorsqu’elles vont voir un médecin, un chirurgien, un gigolo, se rendent dans un club échangiste, tentent le BDSM, ou osent tout simplement assumer leurs désirs.
Car, si le plaisir emprunte des chemins de traverses, plus ou moins tortueux, il n’est jamais donné. Une telle a découvert l’orgasme à 30 ans, telle autre à 45 ans, d’autres encore à 65 ans ou 70 ans.
Si la sexualité des aînés est souvent cachée (on dit pourtant que dans les maisons de retraite, ça baise à tout-va), c’est à tort. Comme le constate le gynécologue Serge Rozenberg, «une femme qui atteint la ménopause se trouve seulement à la moitié de sa vie sexuelle». La mécanique est moins réactive (une femme de 20 ans a besoin de «15 secondes pour lubrifier complètement son vagin», ménopausée, il lui faudra «3 à 4 minutes») mais le corps éprouve toujours des désirs.
Outre les témoignages, le livre relate les dernières découvertes de la science, avec une forme d’érudition, qui confine parfois à l’abstraction pour qui croit tout savoir, à force d’avoir joué au docteur. En fait, on ne sait rien.
«Le clitoris possède une tête, un coude, un tronc, une fourche, deux jambes et deux bulbes.»
Euh !… tout ça ?
Et la suite est à l’avenant. Les érections féminines ? On se gausse !...
«Pour être internes, (les érections) elles n’en sont pas moins glorieuses (...): les tissus érectiles engorgés d’une femme excitée ont le même volume qu’un pénis en érection.»
Hein ?... La virilité des hommes en prend un coup et pourtant, on aurait pu s’en douter, puisque «le pénis se retrouve alors engagé dans un conduit entouré de coussins rembourrés».
Et si l’on commence à savoir que le sexe d’une femme est une «pelote de nerfs», (8.000 terminaisons nerveuses, c’est épatant, le gland n’en a pas tant), qui les connaît dans le détail ? Ce nerf pelvien, ce nerf hypogastrique, ce nerf vague et ce nerf pudendal* qui dessine un voile arachnéen, comme un bas résille, surnommé le voile d’Aphrodite.
*Le nerf pudendal, qui commande l’orgasme, ne consiste pas en un simple câble reliant la colonne vertébrale aux organes génitaux. Il se déploie en réticule comme un bas résille qui aurait été tissé par une araignée minuscule… On l’appelle le «voile d’Aphrodite» et il reste à ce point invisible au regard que les chirurgiens en déchirent forcément une partie lorsqu’ils passent le bistouri dans la région pelvienne.
Beaucoup de vecteurs prennent part aux plaisirs féminin, mais les études restent rares, lacunaires. (Vous trouverez un article connexe détaillant le point G à : ==> http://epanews.fr/profiles/blogs/le-point-g-en-compl-ment-de-l-article-sur-l-panouissement-sexuel#.Vq06GObZI53
Ainsi du point G, très médiatisé mais qui reste pour une large part méconnu. Ce n’est d’ailleurs pas un point, explique Helen O’Connell, mais un ensemble formé par le plafond du vagin intérieur (près de l’entrée), le clitoris et l’éponge para-urétrale (dit point G). Le point G, c’est «une zone 3D (qu’on devrait) appelée unité clito-urétro-vaginale». Et si le point G reste souvent dormant, c’est qu’il est ignoré, à la fois lors des découvertes masturbatoires, et lors des coïts qui ne visent pas spécifiquement à éveiller cette zone.
L’étudier reste une gageure ; Odile Buisson, gynécologue obstétricienne, narre les difficultés rencontrées à la fois pour financer de telles recherches et en obtenir l’autorisation (il faut souscrire une assurance pour étudier un couple faisant l’amour !).
Il a fallu attendre 2009 pour que soit réalisée la première échographie du clitoris. Il n’y a aucune étude scientifique sur le rapport entre la tonicité du périnée et le plaisir. L’orgasme vaginal, déclenché par le nerf vague derrière le col, concernerait 2% des femmes. Il «vient quand on le cherche pas». C’est le mot: on ne cherche pas !
L’anatomie féminine demeure peu explorée par la médecine et le plaisir des femmes tabou dans l’université française
Connaître les nombreuses spécificités du plaisir féminin vous aidera si vous êtes une femme à y accéder plus facilement ; et si vous êtes un homme, vous saurez beaucoup mieux aider votre partenaire à s'épanouir sexuellement.
Parce que si la bonne volonté est essentielle, un peu de culture sexuelle est un atout indéniable.
Suite: ==> http://epanews.fr/profiles/blogs/l-panouissement-sexuel-de-la-femme...
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