Dans le milieu nouvel-âgeux-zen-o-pop-spirituel, la marchandisation du cœur comme concept évolutif est un must. Bonheur, joie, allégresse, alléluia, tout y a sa place.

 
Il n’y aurait pas de possible harmonie en chacun de nous en raison de ce manque d’ouverture. Mais de quoi parle-t-on lorsqu’il est question d’ouverture du cœur? De nobles idéaux, bien entendu. Quel que soit l’acte que l’on pose dans sa vie, nous le faisons dans l’objectif de trouver un certain équilibre ou de permettre qu’il ne se rompt pas. Le paradoxe d’une telle affirmation apparaît dès lors que l’on peut supposer qu’il en est également ainsi à travers des gestes dits immoraux.

Par exemple, les gens se droguant, commettant des vols, des fraudes, des meurtres le font pour rétablir un faux déséquilibre ou accéder à un équilibre qu’ils jugent  avoir perdu. Que pourrions-nous dire de ces actes, qu’ils sont le fruit d’une fermeture ou d’une ouverture du cœur? Les deux.



Vous avez hâte de savoir la suite parce que vous sentez monter en vous un bouillonnement? Vous êtes irrités que l’ouverture du cœur puisse conduire à une certaine barbarie sur les autres et soi-même? Vous vous dites que moi-même je dois être sous influence de psychotropes quelconques? Bref, peu importe où j’en suis. Pour le moment revenez à ce que vous ressentez. Est-ce de la colère, de la frustration, de l’impatience ou autre? Ensuite, prenez quelques secondes et demandez-vous si, dans cet état qui vous fait réagir, s’il s’agit d’ouverture ou de fermeture. Ne laissez pas la place à votre mental, lui qui voudra commencer à échafauder des théories, des jugements. C’est sa façon de vous ramener dans la tête plutôt que de vous laisser dans votre corps avec les sensations qui vous animent. Comme il craint de perdre sa place, il tente de se justifier en présentant à votre conscience une réaction spontanée. Pour bien saisir cet aspect, revoyez votre première sensation/réaction à la lecture du premier paragraphe.

Le mental a pris le dessus afin de « geler » le ressenti dans le corps. Et voilà qu’il est prêt à contre-attaquer face à une telle ineptie, que l’ouverture du cœur serait sans morale, pour certains. Bonté humaine mais qu’est-ce qui me permet d’énoncer une telle chose alors que d’autres affirmeront le contraire? Nos divergentes conceptions. Les uns prétendant que le siège de l’amour est le cœur ou son chakra alors que pour ma part j’y vois une confusion des termes. Je pars du fait que nous sommes constitués de trois corps vibrants à une fréquence différente pour chacun d’entre eux et pourtant tous reliés. À commencer par la plus basse vibration, celle du corps physique, suivi par le corps vital ou émotionnel et terminant avec le corps mental le tout chapeauté par la grande boss, l’âme. L’ouverture du cœur est confondue à cet effet avec le corps émotionnel et l’amour qui devrait en théorie en émaner. Nous jugeons  de cette manière que l’expansion d’une émotion serait due à l’amour et qu’une contraction serait son absence. Dans les deux cas ça demeure de l’émotion. Ce qui explique que sur le coup d’une émotion tout est possible, tendresse, affection, vol, meurtre...



Donc le meurtre, comme cas extrême, serait possible pour trouver un équilibre? Effectivement. La personne assassinée perturbait l’assassin. En la supprimant, l’acte donne une satisfaction à l’émotion et vice versa. Or, pour que le processus soit complet, le mental et sa boîte idéologique  censure la morale ou l’éthique du geste. La personne qui se commet trouve par cette offense, raison à son agir. C’est dire qu’une telle action offre un sentiment de libération. Faux, bien entendu. Ces agissements peuvent être transposés dans le monde dit spirituel. Excepté le meurtre, et encore, de beaux discours cachent de beaux mensonges, de belles tricheries, d’énormes peurs. Ce ne sont les bavardages de (dé)croissance personnelle qui font avancer mais bien les actes. La spiritualité n’échappe pas  à cet univers émotionnel qu’elle caresse sans gêne pour se donner bonne conscience. Elle fait appel à l’ouverture du cœur pour solliciter  le don d’amour, la volonté d’aimer. Le hic c’est qu’en s’ouvrant au vital/émotionnel nous versons directement dans une sélection, dans un monde binaire de bien/mal, contraction/expansion.

En postulant que notre univers et tous nos corps sont vibratoires, l’amour ne serait pas un acte de volonté où nous pourrions donner et recevoir cette énergie des autres. Cette forme d’échange rejoint plus précisément le vampirisme et correspond parfaitement aux corps émotionnel et mental. Combien d’entre nous, après en être sortis blessés ce sont refermés sur eux-mêmes suite à une ouverture du cœur? La confiance nous y avait pourtant porté. La claque. Tant que ces deux corps ne sont pas au neutre, notre vie ressemble à des montagnes russes, joie/déprime en continuité. La neutralité ne signifiant nullement une vie sans émotions mais une vie où il n’y a plus de sentiments de victime. Impératif donc de se savoir créateur de sa vie dans tout ce qui nous arrive au quotidien. Que chaque expérience vécue ne se manifeste jamais contre nous. Il n’y a pas une marche d’escalier au-dessus ou au-dessous  d’une autre qui a pour fonction de nuire à la suivante ou à la précédente. Nous pourrions  dire que chacune représente un niveau de transformation utile et nécessaire à l’ensemble de celles-ci en tant qu’expérience de changement.



Si l’amour était un acte de volonté, à savoir que nous pourrions décider de ce qui est aimable ou non, personne ou objet – à ne pas confondre avec les besoins à combler ou les nécessités de base – nous aurions tôt fait d’en promulguer la recette à grande échelle. Parce que l’amour est une vibration inhérente à chaque humain mais non conscientisé  et non manifesté dans nos vies, nous le cherchons encore et toujours à l’extérieur de soi. Nous serions comme des ampoules qui souhaitent par notre mental pouvoir offrir de la lumière à une autre ampoule, triste de la voir éteinte. Nous pouvons éclairer une pièce sombre sans pour autant allumer les autres ampoules. L’amour/âme pourrait se comparer à l’électricité qui aliment un corps, le rend vivant. Sans corps, sans ampoule, la vibration amour/électricité existe tout de même. Lorsque branchée à l’électricité dans un socle, l’ampoule s’ouvre à ce qui est. Elle n’est pas branchée sur son émotion de lumière qui éclaire ou pas. Elle est branchée à l’amour, l’électricité, son âme et c’est seulement et uniquement à elle qu’elle peut s’ouvrir.

Cette étape est l’ultime ouverture, abandon total, vulnérabilité et acceptation (sans résignation)  de s’ouvrir à soi-même, à son âme. C’est donc le lâcher prise, le sans attente des résultats puisque tout est parfait pour la réalisation de soi. S’il y a une ouverture à faire c’est bien celle de donner carte blanche à son âme en accueillant chaque moment dans la gratitude. L’âme ne permettra jamais d’aller  à l’encontre de sa propre nature et ainsi tout ce qui se rapporte à l’égo–émotion-mental, actes et gestes de mensonges, vols, meurtres n’auront pas d’énergie pour leur concrétisation.

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