L'offrande du coeur vous est présenté ici dans le Magazine culturel de Frédéric Taddei. La petite histoire d'une oeuvre d'art !

Cette tapisserie illustre un des thèmes les plus fréquents de l'iconographie courtoise : le don du coeur. La scène se déroule dans un jardin. Les personnages portent les costumes à la mode au début du XVe siècle. Elle évoque l'atmosphère raffinée du style 1400.

Un thème de l'amour courtois.

Au milieu d'un décor végétal stylisé, une femme est assise, portant un faucon sur sa main gauche gantée. Il ne s'agit pas d'une scène de chasse mais d'une représentation conventionnelle soulignant l'appartenance au milieu aristocratique. Un homme marche vers elle en lui offrant un petit cœur : métaphore poétique évoquant une déclaration amoureuse qui marque le début d'une vie pleine d'aventures et d'exploits.

On retrouve "le don du cœur" dans les romans courtois comme le Roman de la Rose. Largement diffusé par Guillaume de Machaut et Christine de Pisan, ce thème a souvent été représenté sur les coffrets ou les valves de boîtes à miroir en ivoire. Les personnages sont vêtus à la mode du XVe siècle, avec de grands manteaux doublés d'hermine. L'homme porte un pourpoint ajusté et court, laissant voir ses jambes vêtues de chausses de deux couleurs différentes. Il est chaussé de poulaines à la mode depuis la fin du XIVe siècle. La dame est vêtue d'une robe large, à la taille haute. De part et d'autre de son front bombé, largement dégagé, ses cheveux dépassent d'une coiffe ornée de perles.

La tapisserie est un élément avant tout décoratif La composition est claire et équilibrée. L'aspect décoratif de la tapisserie est marqué par le fond abstrait bleu foncé et par la présence de bouquets de fleurs qui envahissent toute la surface de la scène. Cependant, la profondeur est rendue par des bandes claires horizontales semées de petites touffes d'herbes et de fleurs qui marquent la ligne du sol, au premier plan. Sur les côtés, la composition est limitée, par de petits arbustes aux troncs noueux et aux feuilles rondes et, au fond, par des arbres au feuillage hérissé et découpé. La scène est animée par la présence d'animaux sauvages et domestiques.

Une provenance inconnue. Il est toujours difficile de savoir l'origine du lieu de tissage d'une tapisserie. On cite traditionnellement la ville d'Arras, dans les Flandres, comme principal centre pour le tissage au début du XVe siècle mais il existait également des ateliers à Paris, et il semble que les cartons soient parisiens. Les tapisseries étaient très utilisées pour décorer les intérieurs seigneuriaux, séparer les espaces et conserver la chaleur. On n'hésitait pas à les déplacer, les couper, les froncer et on les emportait dans ses bagages : c'est pourquoi peu d'entre elles nous sont parvenues en bon état. Une tenture de cinq pièces avec des scènes courtoises, dans le même esprit, est conservée au musée des Arts décoratifs.

Source : Art d'Art via Louvre

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