C'est ce que les Chinois nomment l'"Airpocalypse" : une épaisse chape de pollution a recouvert la ville d'Harbin, dans le nord de la Chine, en début de semaine précédente. Pour rendre compte de l’ampleur du phénomène, la NASA et la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ont publié une image satellite montrant l’immense nuage (en gris foncé) recouvrant le nord-est du pays. Le cliché a été pris le 22 octobre par le satellite météorologique Suomi Suomi NPP.
Une autre image, prise la veille par le satellite Aqua de la NASA, montre également l'ampleur de la pollution atmosphérique au-dessus d'Harbin. Le voile gris clair, parfois teinté de jaune, s'avère être du brouillard (fog) tandis que les zones plus sombres (smog) font disparaître la mégalopole de 11 millions d'habitants et ses environs.
Du 20 au 23 octobre, le smog a contraint Harbin à suspendre la majeure partie de ses activités : les écoles primaires et les collèges ont été fermés, le trafic routier a été bloqué – la visibilité a été réduite à dix mètres ! –, le service des transports en commun était très perturbé et l'aéroport a cessé ses activités.
Les relevés atmosphériques indiquaient le pic inégalé de 1 000 microgrammes par mètre cube (μg/m3 ) d'air pour les particules fines PM2,5 (particules dont le diamètre est de 2,5 micromètres et qui pénètrent donc plus profondément dans les poumons) présentes dans l'air. Pour un ordre de grandeur, c'est quarante fois le seuil de 25 μg/m3 recommandé par l'Organisation mondiale de la santé. Autre mesure, l'indice de la qualité de l'air de la ville avait pulvérisé des records en dépassant les 500, niveau maximal de l'échelle chinoise – sachant qu'un indice supérieur à 300 est considéré comme dangereux pour la santé.
En cause : l'arrivée de l'hiver avec l'utilisation du chauffage domestique (les centrales électriques fonctionnant majoritairement au charbon) et le manque de vent. La pollution provient également de l'industrie (mines, aciéries, etc.) et de la circulation automobile (il y a chaque année 250 000 nouvelles voitures rien qu'à Pékin).
Début septembre, Pékin a présenté un nouveau plan de lutte contre la pollution 2013-2017 : la Chine va s'efforcer de faire passer le recours au charbon sous les 65 % de sa consommation énergétique totale. Elle cessera également d'approuver la construction de centrales thermiques dans des régions industrielles de premier plan comme la zone Pékin-Tianjin-Hebei, dans le nord, et les régions du Yangzi Jiang et du delta de la rivière des perles, le Zhu Jiang, dans l'est et le sud-est du pays. Le gouvernement chinois souhaite en outre augmenter la part des énergies non fossiles, en la portant à 13 % en 2017. Reste à voir si ces mesures, qui laissent la population sceptique, seront suffisantes.
Le gouvernement fait en effet face à une vive résistance des tentaculaires sociétés d'Etat et des intérêts locaux, rapportait le Wall Street Journal en janvier. Conséquence de décennies de croissance effrénée, les profonds problèmes environnementaux de la Chine, depuis les préoccupations sur la qualité de l'air à la raréfaction de l'eau en passant par la consommation croissante de combustibles fossiles, sont aujourd'hui en effet considérés comme un obstacle potentiel à un fort développement économique du pays. Diminuer les émissions sur le long terme impliquera de coûteuses mises à niveau des installations industrielles et des raffineries de pétrole, des investissements auxquels résistent les entreprises étatiques, incapables de répercuter les coûts sur les consommateurs, ainsi que les gouvernements locaux, qui dépendent de la production industrielle pour leur trésorerie.
Audrey Garric
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