«L’humilité est le fondement de toutes les autres vertus. Ainsi, dans l’âme dans laquelle il n’existe pas cette vertu, il ne peut y avoir d’autres vertus que la simple apparence. »
Saint Augustin
Citations spirituelles, chamanisme, humilité.
L’humilité est au centre de tout chemin spirituel sincère et de toute pratique véritable. Elle est biblique et présente dans le nouveau testament, elle est à la racine du zen, du bouddhisme et de bien d’autres pratiques spirituelles authentiques, et elle est, bien sûr, avec la compassion, au coeur du chamanisme authentique.
Aujourd’hui, je me suis souvenu d’une phrase de Stephane Kosen Thibaut, ce maître zen au caractère bien trempé et plein l’humour qui a crée sa propre famille spirituelle en France et sa sangha, aprés avoir hérité de la transmission postume de Taisen Deshimaru, lui même un être spirituel exceptionnel venu implanter la graine du Zen en Europe dans les années soixante-dix.
J’étais alors en retraite dans le temple du sud de la France et nous méditions de manière intensive balançant entre travail sur l’ego, douleurs de jambes et les moments de grâce merveilleux qui venaient émaillés la tranquillité silencieuse de nos lotus dans la poésie de l’instant. Pendant un Kusen (les enseignement parlés durant la méditation), ceux de Stéphane Kosen Thibaut sont très profonds et souvent aussi très drôles, il avait alors mentionné qu’après l’ouverture du temple et à l’occasion de la construction du Dojo quelques années auparavant, que « même bouger une pierre et prendre le risque de déranger une fourmilière » l’avait questionné à plus d’une reprise. Au fond qui était-il pour décider de se placer entre les lois cosmiques et la création, et pour déplacer ce que le dharma lui-même avait mis là?
Cette anecdote résume pour moi ce que l’on appelle l’humilité dans la voie spirituelle et en donne la définition essentielle. L’humilité interroge en premier lieu notre relation avec Dieu, à l’univers, aux lois cosmiques et la conscience que l’on a de n’occuper qu’une petite place dans le monde du vivant et dans la création qui si elle reste merveilleuse, n’en reste pas moins qu’une petite place. L’humilité est l’action de ne pas s’élever au dessus des autres, ni de s’en croire supérieur, mais dans la pratique spirituelle elle prend sa source dans une connexion régulière à la grandeur de l’univers, au créateur et elle est égale en face de chaque phénomène du vivant et ne concerne pas seulement la relation entre les hommes.
« L’humilité semble-t-il ne sait rien et tout à la fois. L’arrogance de l’autre côté semble tout savoir et en fait ne sait rien »
Auteur inconnu.
Citations spirituelles, chamanisme, humilité.
Dans le chamanisme, c’est la même conscience de la grandeur des lois cosmiques et de notre appartenance au monde du vivant qui nous guide et tout est d’égale importance dans ce monde du vivant dont nous faisons partie. Nous magnifions, remercions, sacralisons le brin d’herbe, la pierre, l’insecte, et toutes les créatures qui partagent avec nous cette aventure du vivant. La sacralisation est une clef importante pour comprendre l’humilité véritable dans le monde des pratiques spirituelles.
Comment pourrait-on prétendre s’élever au dessus des autres créatures et des hommes face à la conscience de l’immensité de la création, face à sa nature sacrée et face à la vie sous toutes ces formes ? Et plus loin comment pourrait-on se gargariser de sa propre prétendue perfection face à la conscience que nous avons du travail à faire sur nos propres imperfections? La voie spirituelle et sa pratique nous apprennent chaque jour le chemin immense restant à faire pour se purifier, rester humble, s’ouvrir au coeur et à la compassion en regardant le monde et la vie avec les yeux du Dharma, de l’Esprit et du jugement non égoïste.
Bien sûr, le pouvoir de l’Ego est immense, à peine traversé une expérience que déjà il la cristallise et la fige, à peine accompli un miracle que déjà le doute s’immisce et vient la soif d’un autre miracle. Le zen commande d’oublier le Satori et l’éveil pour ne plus avoir à le chercher avec l’esprit et le laisser s’écouler en nous. Celui qui se gargarise d’être éveillé ne l’est déjà plus et son Ego a déjà repris le pouvoir. De la même façon, le chamane ne se glorifie pas de ses succès ou ne s’attriste de ses insuccès et cultive précieusement son humilité. Comment au coeur d’une pratique sincère pourrait-on se prétendre au dessus des autres, étant nous-même apprenti en chemin, conscient de l’ampleur de la tâche et de ce travail à faire sur nous-même dont chaque jour nous permet de sonder la profondeur? Comment prétendre savoir quand l’on est soi-même apprenti conscient d’avoir tout à apprendre? Pourquoi vouloir s’élever au dessus des autres si cela nous rabaisse et nous fait tomber dans les pièges de l’Ego?
« Comment pourrais tu être fier si tu n’es pas éveillé?
Comment pourrais-tu être fier si même ceux qui sont éveillés ne le sont pas? »
Auteur inconnu
Citations spirituelles, chamanisme, humilité.
Le monde est pourtant rempli de prêcheurs qui ne pratiquent que la prêche et de tant de marchants du temple qui rêvent de s’élever pour guider, être suivis ou écoutés, faisant si peu de travail véritable sur eux-même et pratiquant si peu ce qu’ils prêchent… Tant de narcissisme, de recherche de reconnaissance, de soif de flatteries quand ce n’est pas seulement d’argent et de réussite sociale, se cachent sous le visage de la fausse sagesse ou de la fausse humilité. Et même ceux qui sont en recherche sincère finissent souvent par manquer de discernement face à ceux qui n’ont d’êtres spirituels que la pâle apparence. Si rien n’est pire que son usurpation, la véritable humilité se juge aux actes plus qu’aux paroles et c’est dans l’ombre qu’on la trouve. Un peu comme le don véritable ne se claironne pas et intéresse la relation de l’homme à Dieu, l’humilité ne se prostitue pas sous les projecteurs. Dans le même esprit, l’arrogance; les signes extérieurs de richesse ou l’absence de coeur coexistent assez mal avec l’humilité véritable et eux-même se jugent aussi aux actes et sont souvent plus faciles à voir.
En réalité, tout au long de l’histoire du zen, la transmission, le « Shiho » est presque toujours « tombé » sur les moines qui s’y attendaient le moins et qui souvent n’en voulaient pas.* Ils furent même de nombreuses fois obligés de fuir les temples parce que les plus anciens moines pris dans les rouages de la hiérarchie et jaloux de l’infortuné élu qui n’avait rien demandé auraient pu mettre jusqu’à sa vie en danger. La dernière leçon que leur maître leur aura apprise est qu’il est des profondeurs spirituelles qui ne viennent ni avec le temps, ni avec l’ancienneté ou le statut, mais simplement de la pratique véritable dans l’humilité et dans la sincérité du coeur. C’est toujours la voie suivie par le shiho ou en tout cas cela devrait l’être.
Le moine « choisi » pour devenir maître et recevoir la transmission (le Shiho) est donc souvent le premier surpris même s’il lui faut en accepter la charge. La raison en est simple et elle nous donne une grande leçon sur l’humilité des êtres spirituels élevés. Profondément ancré dans l’expérience spirituelle la plus haute , l’humilité du moine élu est toujours grande (ce pour quoi d’ailleurs le maître l’a aussi reconnu) et sa soif est étanchée. Il ne veut pas du pouvoir et ne le convoite jamais, il est aussi conscient de la grande difficulté qu’il y a à éveiller parce que c’est impalpable mais il sait aussi qu’il y a toujours un risque à être élevé au dessus des autres. Sa voie de moine zen jusque là a justement consisté à arpenter la voie dans la direction opposée à cette élévation. Il sait que le risque véritable de devenir maître est de perdre cette humilité.
L’élévation spirituelle juste est quelque chose d’immensément fragile et elle est plus facile à pratiquer hors des jeux de pouvoir. Le maître spirituel ne doit céder ni aux pressions, ni aux attaques, ni aux flatteries auquel il est toujours en proie et sur la longueur lui-même n’est pas à l’abri de retomber dans les pièges de l’Ego. Le chemin spirituel est étroit et si l’humilité n’est pas au centre, le narcissisme toujours guette. Seule la pratique véritable et profonde et la voie du coeur peuvent le sauver. Dans le même esprit,après son éveil le Bouddha lui-même ne voulait pas enseigner mais le fit, ayant compris qu’il devait s’y sacrifier pour les autres et sachant l’étroitesse du chemin qui mène à la vérité profonde et la difficulté de s’y tenir.
Pour le chamane, comme pour le moine zen, l’humilité et le travail nécessaire sur l’Ego font de lui un réceptacle, un miroir poli dans lequel peut se refléter l’Esprit. Il est d’abord tourné vers l’intérieur de lui-même et se nourrit de cette connexion et c’est cette connexion qui lui enseigne l’amour, la compassion et l’humilité. S’élever aux yeux des autres serait se rabaisser aux yeux de l’esprit, ce n’est pas seulement une erreur de parcours c’est une dégringolade hors du sentier étroit. Pour conclure je vais laisser la parole à Saint Augustin à nouveau.
« C’est la fierté qui change les anges en diables, c’est l’humilité qui changent les hommes en anges »
Saint Augustin
SITE MEDECINE MAN
Commentaires bienvenus
Merci pour ce rappel, l'humilité est la Vertu de base...
Merci Equinorev et TDC pour ce partage
Merci Equinorev pour ce partage.
Merci Euqui....l'humilité est une telle douceur dans le cœur
Un très bel article
Merci Equinorev pour ce partage
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