23 octobre 1929
Extrait d’une lettre écrite à un disciple musulman qui s’était mis à avoir des revendications violentes,qu’il tentait de justifier en invoquant des motifs « religieux ».
Vous dites que vous ne demandez que la Vérité et pourtant vous parlez comme un fanatique étroit et ignorant qui refuse de croire à autre chose que la religion dans laquelle il est né. Tout fanatisme est une fausseté, parce qu’il contredit la nature même de Dieu et de la Vérité. On ne peut enfermer la Vérité dans un seul livre, Bible, Véda ou Coran, ni dans une seule religion.
L’Être Divin est éternel et universel et infini ; il ne peut être la seule propriété des musulmans ni des seules religions sémitiques — celles qui se trouvent descendre de la lignée biblique et avoir pour fondateurs des prophètes juifs ou arabes. Les hindous, les confucianistes, les taoïstes et tous les autres ont tout autant le droit d’entrer en relation avec Dieu et de trouver la Vérité à leur manière. Toutes les religions contiennent une part de vérité mais aucune ne détient la vérité totale ; toutes sont des créations du temps et finissent par décliner et périr. Mahomet lui-même n’a jamais prétendu que le Coran fût le dernier message de Dieu et qu’il n’y en aurait plus d’autre. Dieu et la Vérité survivent aux religions et se manifestent à nouveau de la manière et avec la forme que choisit la Sagesse Divine.
Vous ne pouvez pas enfermer Dieu dans les limites de votre cerveau borné, ni dicter à la Puissance Divine et à la Conscience Divine où, comment et à travers qui elles devront se manifester ; vous ne pouvez dresser vos barrières de nain contre la Toute-Puissance divine. Ce sont, une fois encore, de simples vérités, que l’on est en train de reconnaître partout dans le monde ; seuls les esprits enfantins ou ceux qui végètent dans les formules du passé refusent de les admettre.
Vous avez insisté pour que je vous écrive et vous avez demandé la Vérité, et j’ai répondu. Mais si vous voulez être musulman, personne ne vous en empêche. Si la Vérité que j’apporte est trop grande pour que vous la compreniez ou la supportiez, vous êtes libre d’aller vivre dans une demi-vérité ou dans votre propre ignorance. Je ne suis pas là pour convertir qui que ce soit ; je ne prêche pas au monde pour qu’il vienne à moi, et je n’appelle personne. Je suis là pour établir la vie divine et la conscience divine chez ceux — et ceux-là seuls — qui, d’eux-mêmes, sentent l’appel pour venir à moi et restent fidèles à cet appel.
Sri Aurobindo, Lettres sur le Yoga .
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