"Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous découvrirez que l’argent ne se mange pas." (Proverbe des Indiens Cree du Canada)
Il est connu que du point de vue de la consommation en énergie fossile, les pays développés polluent pour plus de 70%. Ils ne représentent que 20 % de la population. De plus, la pollution se partage globalement en trois secteurs, l’automobile (35%), le résidentiel (30%) et l’industrie-agriculture (35%). Ainsi, à titre d’exemple, 35 millions de voitures sont construites chaque année qui s’ajoutent au stock des 700 millions de voitures dont 250 millions pour les seuls Etats-Unis (deux voitures pour trois personnes) et à peine 30 millions de voitures pour la Chine (une voiture pour 60 personnes). Chaque année plus de 25 milliards de tonnes de CO2 sont envoyées dans l’atmosphère, ce qui a pour conséquence l’augmentation de la température par effet de serre. D’après les rapports du Giec (organisme spécialisé dans le climat), si on ne fait rien d’ici 2050, l’augmentation de température dépassera les 2°C.
Les simulations de climat sur ordinateur nous montrent qu’il ne faut pas dépasser une teneur de 450 ppm (partie par million) de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Or, nous en sommes déjà à 382, contre 280 avant la révolution industrielle. Le rythme actuel de plus 2 ppm par an résulte de l’émission annuelle de 7 gigatonnes de carbone. Le recours aux énergies renouvelables s’avère comme une nécessité qu’il faut mettre en oeuvre sans plus tarder, car les changements climatiques sont à nos portes et ce sont les pays les plus vulnérables qui vont le plus en pâtir du fait qu’ils n’ont pas les moyens de lutter contre les effets dévastateurs des ouragans, des inondations, de la sécheresse et des maladies qui vont nécessairement se développer.
Le jour du dépassement
La planète est surexploitée et chaque année ce qu’elle met à notre disposition est épuisé bien avant la fin de l’année. «Mardi 23 septembre 2008, ce fut «le jour du dépassement», le earth overshoot day de l’année. La date où la population humaine a épuisé les ressources produites en un an par le mince manteau vivant qui enveloppe la Terre, la biosphère ou écosphère. Depuis, nous allons au-delà de ce que la planète nous offre, de sa biocapacité. Comment identifions-nous ce mardi fatal si précisément? Pour le calculer, Global Footprint Network compare le rythme auquel, chaque année, la nature produit des ressources - aliments, combustibles, etc. - et assimile les déchets, et le rythme auquel l’humanité consomme ces ressources et produit des déchets. Quand nous excédons les possibilités terrestres, nous atteignons «le jour du dépassement». Le premier, selon l’ONG, est tombé le 31 décembre 1986. En 1996, il se situait début novembre. En 2007, le 6 octobre. Aujourd’hui, le 23 septembre. Et dans dix ans? Notre crédit terrestre s’épuise - après le crédit bancaire.».(1)
On l’aura compris : le malheur viendra des modes de vie dépensiers occidentaux, des politiques industrielles, des égoïsmes nationaux, de comportements que nous pourrions changer. Selon le rapport 2008 de l’Agence internationale de l’énergie (World Energy Outlook 2008), nous passerons de 700 millions de voitures à 1400 millions qui rouleront encore au pétrole en 2030, émettant plus de 10 milliards de tonnes de C02 qui vont stationner dans l’atmosphère et mettront 120 ans pour disparaître. Cette détérioration de plus en plus accélérée du mode de vie n’a pas jailli du néant. Elle a été consacrée par la nouvelle forme de colonisation du monde appelée indifféremment néocolonialisme ou postcolonialisme(.2)
Au moment où l’Allemagne annonce le démantèlement de ses centrales nucléaires d’ici à 2021, le réchauffement de la planète pourrait plaider paradoxalement en faveur de l’atome. Il ne fait aucun doute que l’uranium consommé par les centrales nucléaires dégage beaucoup moins de CO2 que le charbon, le pétrole ou le gaz. La plupart des écologistes reconnaissent que l’énergie nucléaire répond au moins à l’un des deux critères du MDP, définis par le Protocole de Kyoto de 1997, en ceci qu’elle pourrait effectivement aider les pays industrialisés à réduire de 5% leurs émissions de dioxyde de carbone d’ici à 2010. Ils soulignent toutefois, qu’elle ne saurait répondre au deuxième objectif déclaré du MDP : aider les PED à parvenir à un développement durable. Les dix pays dont la part d’électricité venant du nucléaire est la plus élevée sont : la France (75%), la Lituanie (73,1%), la Belgique (57,7%), la Bulgarie (47,1%), la Slovaquie (47%), la Suède (46,8%), l’Ukraine (43,8%), la Corée du Sud (42,8%), la Hongrie (38,3%) et l’Arménie (36,4%).
Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, se montre extrêmement pessimiste quant à l’issue des négociations de Copenhague sur le climat, en décembre. «Nous avons le pied collé sur l’accélérateur et nous fonçons vers l’abîme», a-t-il déclaré, jeudi 3 septembre, lors de la troisième conférence de l’ONU sur le climat, réunie à Genève. M.Ban, qui revient de l’Arctique, a souligné que la région «pourrait être libre de glace vers 2030» en raison de l’extrême rapidité du réchauffement du pôle Nord.(3)
«Quatre-vingt-dix jours! C’est le temps qu’il nous reste pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre et éviter l’emballement climatique. La communauté scientifique est claire : il faut réduire d’au moins 25% à 40% les émissions d’ici à 2020 dans les pays industriels. Les chefs d’Etat ne contestent plus cette réalité. Les négociations engagées en amont de Copenhague et les déclarations du G8/G20 sont très en dessous du minimum vital. Les premières déboucheraient sur un niveau de réduction des émissions d’ici à 2020 d’au mieux 15% et des engagements financiers très aléatoires en faveur des pays du Sud, les moins responsables mais les plus touchés par les changements climatiques. Les secondes ne s’accordent que sur le seuil de 2°C d’ici à 2050! Trois mois, c’est le temps qu’il reste pour obtenir un accord responsable à Copenhague avec des échéances à court terme pour contraindre les signataires à l’action immédiate, des financements pour les pays du Sud à hauteur de notre responsabilité et de leurs besoins et des transferts de technologies propres. Trois mois pour faire rimer protection du climat avec économies d’énergie, énergies renouvelables et solidarité internationale.(4)
Les systèmes naturels et humains sont vulnérables à l’évolution du climat en raison de leur capacité d’adaptation limitée. Certains phénomènes météorologiques extrêmes devraient augmenter en fréquence et/ou en intensité ; leurs conséquences (pertes en vies humaines, dommages matériels...) suivront la même tendance. Du point de vue humain, il faut s’attendre à des pertes économiques importantes (récoltes moins abondantes...), surtout dans les régions les plus pauvres.
Les grands perdants
Une étude publiée le 2 septembre par Maplecroft, un cabinet britannique d’expertise des risques globaux, montre que les pays les plus exposés à un «risque extrême» du fait du réchauffement global, sont la Somalie, Haïti, l’Afghanistan et la Sierra Leone. Des vingt-huit pays exposés à un «risque extrême», vingt-deux sont situés en Afrique subsaharienne. A Manille, le 2 septembre, la Banque asiatique de développement a, de son côté donné les résultats d’une enquête concluant que la fonte des glaciers de l’Himalaya du fait du réchauffement menace la sécurité alimentaire et la disponibilité en eau des 1,6 milliard d’habitants d’Asie du Sud. La moitié des personnes en situation de «pauvreté absolue» dans le monde vivent dans cette région. Prenant la parole à l’ONU au nom des petits Etats insulaires, le président de la République des Maldives Mohamed Nasheed, a dénoncé les promesses non tenues. «Nous continuerons de jouer notre rôle de canari dans la mine» mais aussi «de montrer le chemin vers la sortie», a-t-il dit.
A New York, le 1er septembre, Rob Vos, directeur du département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a jugé que «si l’on ne réduit pas les émissions de GES de façon significative, les dommages causés à l’économie des pays pauvres seront dix fois supérieurs à ceux enregistrés dans les pays développés». Selon lui, il faudrait investir chaque année dans l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, de l’ordre de 1% du produit intérieur brut (PIB) mondial, soit plus de 500 milliards de dollars. Ces constats conduisent les pays les plus pauvres, notamment africains, à demander une contribution forte des pays industrialisés. Pierre Radanne, consultant en énergie et ancien président de l’Ademe en France constate: «Pour l’instant nous sommes dans l’impasse. Au départ, il y avait cinq voies d’entrée possibles. La première voie consistait à suivre quelques grands engagements - pas d’augmentation de plus de 2°C, division par deux des émissions et réduction des émissions de 80 à 85% pour les pays industrialisés d’ici à 2050. Cette voie avait le soutien des scientifiques, des grandes ONG, de l’UE. Mais son échec était prévisible. On ne peut pas appeler à diviser les émissions de gaz à effet de serre sans garantir aux pays du Sud une aide au développement. A Rio [Sommet de la Terre qui s’est tenu en 92], on leur avait fait des promesses qui n’ont pas été tenues. Les transferts de technologie par exemple n’ont pas eu lieu. (...)»(5)
«La menace représentée par le changement climatique est grave, elle est urgente, et elle grandit», a déclaré le président américain, mardi 22 septembre, devant des dizaines de dirigeants du monde entier réunis à l’ONU à New York pour tenter de sortir de l’ornière les discussions sur le réchauffement climatique. Les générations futures vont à une «catastrophe irréversible» si la communauté internationale n’agit pas «audacieusement, rapidement et ensemble», a-t-il prévenu. «Nous comprenons la gravité de la menace climatique. Nous sommes déterminés à agir. Et nous honorerons nos responsabilités à l’égard des générations futures.» «Mais les pays à la croissance rapide, qui seront à l’origine de quasiment la totalité de l’augmentation des émissions mondiales de gaz carbonique dans les décennies à venir, doivent également faire leur part du travail.» Le président chinois Hu Jintao s’est engagé à réduire «notablement» la croissance des émissions de gaz à effet de serre de son pays d’ici à 2020 - comparativement à 2005. «Nous allons vigoureusement développer les énergies renouvelables et l’énergie nucléaire», a-t-il ajouté dans une intervention très attendue. «Nous allons accroître la part des énergies non fossiles dans la consommation du pays à environ 15% d’ici à 2020.» La Chine est devenue globalement le premier émetteur de CO2. Par habitant, l’Américain pollue 7 fois plus que le Chinois Ces deux pays comptent ensemble pour 40% des émissions mondiales (6)
Cela n’a pas empêché que chacun essaie de trouver la parade en jouant à un poker menteur où chacun attend que l’autre dévoile ses cartes. Malgré les envolées lyriques à l’ONU inexorablement, l’Europe à travers ses directives est en train de verrouiller ses frontières par des taxes énergétiques qui s’apparentent à un protectionnisme déguisé. La menace vise les pays émergents, notamment la Chine et l’Inde. Il est vrai que l’Union européenne s’est engagée à réduire de 20% ses émissions de CO2 d’ici à 2020, voire de 30% s’il existe un accord global à Copenhague. «Il ne serait pas acceptable que les efforts des pays les plus ambitieux soient compromis par les fuites de carbone qui résulteraient de l’absence ou de l’insuffisance d’actions de certains», indique la lettre franco-allemande. «Pour cette raison, il doit être possible de mettre en place des mesures d’ajustement appropriées visant les pays qui ne respecteraient pas cet accord ou n’en feraient pas partie.» (7)
Deux études montrent que le Sahara peut contribuer à sauver la planète. D’abord l’initiative allemande «Desertec» à laquelle s’est associé le groupe Cevital, ambitionne de réaliser une série de centrales solaires pour produire de l’électricité. Une autre étude faite aux Etats-Unis sur le Sahara montre qu’il peut reverdir, avec une pluviométrie de 750 à 1500 mmHg avec en prime une contribution à la diminution de la température du globe qui peut atteindre 6°C. Pour cela, il est nécessaire de ramener de l’eau douce en surface ou dessaler de l’eau de mer grâce à l’énergie solaire. En son temps, l’idée d’El Gueddafi de créer une mer intérieure n’était pas, une fois n’est pas coutume, aussi loufoque que l’on pensait. L’Algérie devrait étudier sérieusement ces options. Il serait dangereux pour le pays de ne miser que sur le gaz naturel pour produire de l’électricité.
Jacques Chirac s’inquiétait à juste titre de l’inertie des nations développées face à l’imminence des changements climatiques: «La maison brûle et on regarde ailleurs.» C’était il y a dix ans. Depuis, 200 milliards de tonnes ont été envoyées dans l’atmosphère et seront encore là dans un siècle. On aurait pensé que devant la réelle menace climatique qu’avec l’avènement de Barack Obama, la planète allait enfin respirer ; cruelle désillusion, les calculs bassement matériels de chacun des grand pollueurs et l’intransigeance d’un Congrès bushien ont fait que nous sommes plus que jamais loin d’un développement. Est-ce le début de l’Apocalypse pour les damnés de la Terre?
En savoir plus: http://www.notre-planete.info/actualites/lireactus.php?id=2131
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