A. L'origine de l'anxiété et de l'angoisse 


Pour bien comprendre la nature de l'anxiété et de l'angoisse, il faut savoir qu'il est normal pour un être humain d'avoir des préoccupations et des émotions. Dans la vie, il y a nécessairement des choses qui nous importent et naturellement, cela donne lieu à des préoccupations. Vais-je avoir un enfant? Devrais-je dire à mon patron que je croule sous la pression dans ce dossier? Comment faire pour que mon adolescent tienne compte un peu plus de ma réalité? Mon enfant réussit mal à l'école, je me fais du souci. Je pourrais perdre mon emploi à tout moment. Ma santé se détériore. Ma vie de couple n'est plus aussi nourrissante qu'elle n'a déjà été...

Dans la vie, nous sommes continuellement touchés par des choses qui se passent, cela donne lieu à des émotions. On me met les bois dans les roues, je suis en colère; je perds mon emploi, je suis triste, inquiète, révoltée; mon ami semble aimer les avances de ma voisine: je suis jalouse; mon enfant a encore des difficultés à l'école: je suis découragée; ma relation de couple laisse à désirer: je suis nostalgique des temps meilleurs; j'ai peur de ce nouveau défi au travail; je suis excitée par mes plans de vacances...

À certains moments mes émotions et mes préoccupations m'indiquent que j'ai des problèmes à régler (la vie est remplie de problèmes à régler). Pour régler ces problèmes d'une manière satisfaisante, il faut d'abord, bien sûr, que je les regarde en face. Cela n'est pas toujours facile. Cela est particulièrement difficile si je manque de confiance dans ma capacité de les résoudre ou si encore, les émotions qu'ils suscitent sont intenses et déplaisantes. Il n'en reste pas moins que cette manière de faire est incontournable: je dois faire face à la musique!

Quand au lieu de faire de la place à une préoccupation je la fuis, quelque chose en moi est contrarié. En effet, je ne peux pas décider rationnellement qu'une certaine chose n'a pas d'importance et simplement la négliger sans que mon organisme réagisse. L'anxiété est cette réaction. Imaginons que j'aie un examen à passer et que je ne sois pas prête. Si je m'arrête à y penser je suis très nerveuse car j'ai peur d'échouer. Supposons que je n'aime pas me sentir nerveuse et que je m'efforce de ne pas penser à cet examen, l'anxiété surviendra et grandira à mesure que le moment fatidique approchera.

L'anxiété me signale donc que quelque chose me tracasse. Dans l'exemple, elle me signale que cet examen est important pour moi et que je ne suis pas suffisamment prête. Si je m'entête à repousser cette préoccupation (parce qu'elle est trop inconfortable ou encore parce que elle m'énerve trop), l'anxiété ne pourra qu'augmenter car l'examen approche et je ne suis pas davantage prête. Si au contraire je regarde en face ma peur d'échouer, je pourrai identifier précisément mes faiblesses. Ce faisant, je pourrai mieux me préparer à l'examen.

L'angoisse est une expérience émotive de même nature que l'anxiété mais en plus intense. L'intensité plus forte est le signe que l'importance du sujet repoussé est plus grande et donc qu'il est plus urgent encore de l'aborder.

Imaginons que je me surprenne parfois à douter de mon amour pour mon mari. Cette pensée me trouble. À cause de cela, chaque fois, je la rejette sans y porter véritablement attention. Elle refait surface de nouveau. Je me dis que ça n'a pas de bon sens, que je ne peux pas faire vivre un divorce à mes enfants et je la repousse. Elle revient, au moment où je ne m'y attends pas, durant un moment d'intimité avec lui, alors qu'il est très chaud avec moi. Je la chasse: ce n'est pas le moment d'avoir une telle pensée. Cette préoccupation me revient donc, périodiquement, et systématiquement, je l'expulse. Bien que je ne veuille pas lui faire face, cette préoccupation est inscrite en moi et continue de m'affecter. Elle restera sous la forme d'une angoisse... une inquiétude mal définie. En fait, une inquiétude que je me garde de définir car le sujet m'effraie. Me voilà angoissée.


B. Manifestations 


L'anxiété s'apparente à une inquiétude sourde. Elles est accompagnée d'une certaine dose de fébrilité sous-tendue par des sensations de serrement au thorax ou d'une impression de noeud à l'estomac. C'est d'ailleurs dans cette région, communément appelée plexus solaire, que se logent les glandes surrénales. Lorsque j'éprouve de la peur, ces glandes sécrètent une quantité supplémentaire de cortisol et de catécholamine. C'est cet effort de l'organisme qui donne sans doute l'impression d'avoir l'estomac tordu dans les moments forts d'angoisse. La peur quant à elle, est un indicateur de danger. Pourquoi l'anxiété est-elle accompagnée de sensations semblables à celles qui accompagnent la peur? On peut dire que l'anxiété est une forme de peur. Être anxieux ou angoissé c'est à la fois une peur de faire face et une impression de me mettre en danger en négligeant de m'occuper d'un aspect de ma vie. C'est ce message que m'envoie mon organisme pour m'inviter à l'auto-régulation.

Dans le cas de l'angoisse, les sensations physiques sont les mêmes, mais amplifiées. J'ai non seulement ce noeud dans l'estomac, mais encore de la difficulté à respirer. Je puis également avoir des sueurs, me sentir faible, avoir la vision brouillée, l'ouie perturbée...


C. L'angoisse constante 


Comment expliquer que je puisse être angoissée presque constamment? Il y a une seule réponse à cette question: il m'arrive souvent d'ignorer des choses qui m'affectent. Comment expliquer que je sois angoissée quasi sans arrêt depuis longtemps? La réponse: c'est que je repousse depuis longtemps un sujet important qui me tracasse. Mon organisme m'envoie alors un signal constant pour m'informer du danger que j'encours à négliger ainsi des sujets importants de ma vie. Je suis donc, perpétuellement angoissée et je le resterai tant que je ne ferai pas face à la préoccupation.


D. Qui est susceptible de vivre de l'anxiété et de l'angoisse? 


On a tous des moments d'anxiété ou d'angoisse. Certains types de personnes, toutefois, sont davantage susceptibles d'en vivre souvent ou sur une longue période. Ce sont les personnes qui ont tendance à mettre leurs problèmes de côté. C'est bien connu, ce n'est pas parce qu'on tente d'oublier un problème qu'il disparaît; au contraire, il amplifie généralement (on connaît le drame de l'autruche!). Chez ces personnes, l'anxiété ou l'angoisse croît à mesure que les préoccupations s'empilent. C'est peut-être pour cela qu'on a l'impression que les personnes anxieuses et angoissées marchent continuellement sur la pointe des pieds, comme pour éviter de marcher sur des oeufs. C'est qu'il y a plein d'oeufs qui parsèment leur chemin! De plus, comme les problèmes non réglés en engendrent d'autres, elles donnent l'impression de déambuler dans un cercle étouffant dans lequel elles finissent par avoir de la peine à respirer.


E. Quoi ne pas faire avec l'anxiété et l'angoisse 


Ne pas chercher à les enrayer.

Lorsque je suis en proie à l'angoisse, de fait, je ne connais pas clairement le sujet que j'ai occulté. La plupart du temps, je considère que c'est l'angoisse elle-même qui constitue mon problème. Je cherche donc à éliminer l'angoisse. On entrevoit déjà le cercle vicieux, dans lequel je vais ainsi m'engager: je chercherai à éliminer l'angoisse laquelle me signale que j'occulte quelque chose d'important. Ce faisant, je tenterai indirectement d'étouffer le sujet en question, lequel va chercher, en retour, davantage à se manifester, provoquant une plus forte angoisse que je devrai combattre encore plus fortement, etc...

Pour enrayer mes malaises j'aurai peut-être recours à la médication pour soulager ma souffrance. Dans ce cas, il est probable que la médication doive être augmentée périodiquement car négligeant toujours de m'occuper du problème, l'angoisse augmentera. De fait, mon organisme voudra toujours me signaler que je laisse de côté un sujet crucial de ma vie. Et je puis compter sur le fait que mon organisme ne se taira pas facilement. Il y a en effet une force en moi, une force de vie qu'Abraham Maslow appelle la tendance actualisante, qui m'entraîne dans la recherche d'un mieux être. Paradoxalement, c'est cette force de vie qui me gardera animée devant les préoccupations que je fuis en attisant mon angoisse. À cause de cela, j'aime bien considérer l'angoisse comme la Vigile de l'équilibre mental.

La médication endort cette Vigile. Il est possible que je perde totalement sa trace, d'ailleurs, si la dose d'anxiolytique est suffisante pour anéantir mon signal d'alerte. Sans le savoir donc, tout simplement en cherchant le confort et la paix d'esprit, je puis me faire un tort considérable. Ce n'est pas le but, soit la recherche du confort, qui est un problème, c'est le moyen. Pour retrouver mon équilibre et un mieux être réel, je dois, non pas éliminer l'angoisse, mais régler le problème qu'elle me signale.

Il est important toutefois de mentionner que la médication constitue parfois une solution appropriée. Dans certains cas elle peut m'aider à affronter ce qui me fait peur en diminuant légèrement l'angoisse. Dans d'autres cas, elle me permet de prendre un repos nécessaire et de refaire ainsi mes forces avant d'affronter le sujet qui m'importe. Dans le cas où la médication veut me permettre d'affronter ma réalité il est de toute première importance toutefois qu'elle soit dosée de façon à me garder suffisamment alerte. Si elle endort totalement l'angoisse, elle anéantira aussi ma motivation à m'attaquer au problème.

Ne pas chercher à la ressentir.

Ressentir mes émotions m'amène à mieux cerner ce qui m'atteint et combien je suis atteinte. Ressentir l'angoisse est un non sens. Comme l'angoisse n'est pas une émotion à proprement parler, elle ne conduit pas à l'information comme le fait l'émotion. S'attarder à la ressentir ne fera qu'augmenter son intensité en la gardant tout aussi stérile.


F. Quoi faire avec l'anxiété et l'angoisse? 


L'anxiété et l'angoisse sont un signal. À ce titre, elles sont très précieuses. Je dois m'en servir pour me mener au problème que je fuis. Je dois ensuite faire face au problème pour le régler. C'est le fait de régler le problème et non d'éliminer l'angoisse qui me donnera le bien-être recherché.

 



G. Comment faire? 


L'anxiété et l'angoisse ne sont pas des émotions à proprement parler. Elles ne sont pas porteuses d'information comme le sont les émotions (la tristesse, la colère, par exemple). Au contraire, elles masquent des émotions et des préoccupations. Contrairement aux émotions donc, je ne dois pas les ressentir mais plutôt me demander ce qu'elles camouflent. Si je me pose sincèrement cette question, j'aurai une réponse fiable. Si j'écoute attentivement ma réponse et ne la conteste pas je serai en contact avec un sujet probablement brûlant, mais crucial.

Il est plus facile d'avoir accès à la réponse dans le cas de l'anxiété que dans celui de l'angoisse car ma peur d'affronter la question est moins grande. À cause de cette peur, il est possible que ma recherche soit difficile. Le sujet apparaîtra probablement, mais je le discarterai, je le banaliserai. Imaginons par exemple que je soupçonne que mon travail ne m'intéresse plus. Lorsque cette idée me passe par la tête je trouve une multitude de raisons pour n'avoir pas à me pencher sur cette question épineuse. L'idée de devoir changer d'orientation me plonge en effet dans l'insécurité la plus complète... je ne sais vraiment pas ce que je pourrais faire d'autre. Je ne vois absolument pas comment je pourrais changer de travail avec toutes les responsabilités que j'ai! On imagine facilement comment ce sujet pourrait se retrouver dans un ordre du jour de la semaine des quatre jeudis tellement il est dérangeant! Pour arriver à regarder un tel sujet en face je dois éviter d'imaginer ses solutions immédiatement et prendre la peine et le temps de considérer le problème. C'est seulement après avoir bien examiné le problème que je vis et l'avoir compris que je trouverai les solutions qui me conviennent le mieux.


H. Comment affronter ce que cache l'anxiété ou l'angoisse? 


  1. Prendre pour acquis qu'il y a quelque chose qui me tracasse.
  2. Être ouverte à toute possibilité. (Oui c'est nécessaire.)
  3. Me demander qu'est-ce que je ne veux pas regarder en face.
  4. Accepter la réponse telle qu'elle. (Comme on dit en Québécois: prendre ce que je trouve pour du "cash".)
  5. Prendre soin de cerner ce qui précisément m'angoisse dans le sujet que j'évacue.
  6. Reconnaître que ce que je repoussais de ma conscience est un problème pour moi.
  7. M'attaquer à examiner cette question pour y trouver ma solution.

I. Exemple: 


  1. Je constate que je suis anxieuse et je me dis qu'il y a certainement quelque chose qui m'inquiète.
  2. Je veux vraiment savoir ce que c'est, je suis prête, malgré que cela m'effraie, à quelle que réponse que ce soit.
  3. En m'interrogeant, je découvre que les gens que nous avons invités ce soir ne m'intéressent pas beaucoup. Ce sont des collègues de mon mari et je ne suis pas très à l'aise avec eux. J'appréhende le repas et la longue période de temps que nous aurons à passer ensemble.
  4. J'arrive à cerner ce qui me cause le plus de problème: c'est de recevoir ces gens dans notre intimité. Je suis timide et de plus, je n'ai pas une relation intime ni même amicale avec ces gens.
  5. Je voulais beaucoup faire plaisir à mon mari en acceptant de les inviter mais je me rends compte que ça ne me convient pas vraiment.
  6. J'examinerai mon problème pour y trouver une solution qui me convienne. Je choisirai peut-être de les inviter au restaurant par exemple plutôt que dans mon intimité.
Dans le cas de l'angoisse, étant donné que la préoccupation repoussée est plus troublante, je dois m'attendre à avoir plus de difficulté à trouver. Mes résistances se manifesteront de toutes sortes de façons, notamment par une augmentation de l'angoisse. Évidemment, l'augmentation de l'angoisse m'incitera à tenter de diminuer l'angoisse elle-même... Mais je trouverai. Je suis au centre de moi. Je suis la personne la mieux placée pour avoir accès à moi.

J. La peur qui m'empêche de regarder un problème en face 


C'est souvent le fait d'anticiper l'action à poser pour régler le problème qui suscite la peur de faire face au problème. Si je pense en effet que je dois quitter mon mari, annuler mon invitation, laisser mon travail lorsque j'identifie mon problème, il est possible que je m'affole. Je ne suis pas prête à cela, immédiatement et je ne sais probablement pas encore si c'est la solution à choisir. Je devrai me pencher sur le problème et bien l'examiner avant de considérer la solution.

Par expérience, je puis dire, qu'il est toujours possible de trouver une solution qui tienne compte de ce que je suis prête ou capable de faire. Je dois cependant, pour trouver cette solution, être disposée à consacrer le temps et l'énergie nécessaires. Au total, il est parfois plus facile de régler chacun de mes problèmes que de vivre anxieuse ou angoissée.

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