Indignez-vous ! | ||||||||
Auteur | Stéphane Hessel | |||||||
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Genre | Essai | |||||||
Lieu de parution | Montpellier, France | |||||||
Éditeur | Indigène éditions | |||||||
Collection | Ceux qui marchent contre le vent | |||||||
Date de parution | 21 octobre 20101 | |||||||
Nombre de pages | 32 | |||||||
ISBN | 978-2-911939-76-1 | |||||||
Chronologie | ||||||||
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Indignez-vous ! est un essai de Stéphane Hessel publié en 2010. Cet opuscule, d'une trentaine de pages, qui défend l'idée selon laquelle l'indignation est le ferment de l'« esprit de résistance »2, est devenu un phénomène d'édition.
Dans cet essai, Stéphane Hessel appelle, en s'appuyant sur l'idée « sartrienne »3 d'engagement personnel, à ne pas accepter le creusement des inégalités de richesse, critique la politique d'immigration des gouvernements Fillon4, regrette le poids du monde financier dans les choix politiques et dénonce l'affaiblissement de l'héritage social du Conseil national de la Résistance(sécurité sociale et régime de retraite)5. Sous le titre « Mon indignation à propos de la Palestine », un développement est consacré à la situation imposée par l'État d'Israël à la Palestine, et notamment à la Bande de Gaza6.
La rédaction de l'ouvrage a été proposée à Stéphane Hessel par deux journalistes politiquement engagés7, fondateurs de la maison d'édition, après avoir entendu le discours que celui-ci avait prononcé sur le plateau des Glières8, lieu de mémoire de la Résistance, pour dénoncer la trahison des principes du Conseil national de la Résistance dont il accuse le chef de l'État Nicolas Sarkozy.
Le discours que celui-ci, alors candidat à l'élection présidentielle, avait prononcé entre les deux tours de cette élection le 4 mai 2007 au plateau des Glières avait en effet provoqué l'indignation de l'ancien déporté Walter Bassan9 et de ses amis, indignation partagée par un certain nombre d'autres résistants qui organisèrent une contre-commémoration annuelle aux Glières10. Ils se sont appuyés sur l'esprit de l'Appel à la commémoration du soixantième anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 194411 signé trois ans plus tôt, le 8 mars 2004, par les grandes figures survivantes de la Résistance, Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey12. Les amis de Walter Bassan se sont constitués en 2008 en une association, Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui13, association dont Stéphane Hessel était l'un des parrains, avec Raymond Aubrac et John Berger. L'appel du 8 mars 2004 (déjà lu lors du 1er rassemblement le 13 mai 2007) a été diffusé à nouveau le 17 mai 2009 aux Glières, et a été suivi par un discours14, prononcé en présence de Raymond Aubrac et de quatre mille sympathisants9, dans lequelStéphane Hessel appelait à un devoir d'indignation8.
Ce sont ces prises de positions, initiées par les mêmes anciens résistants à l'occasion de l'affaire des « sans papiers » de Saint-Ambroise et Saint-Bernard, réaffirmées15 depuis 2004 qui ont présidé à la rédaction de l'ouvrage. Le texte de l'ouvrage a été élaboré au cours de trois entretiens, durant le printemps 20108. Mis en forme par Sylvie Crossman, il a été approuvé par Stéphane Hessel16.
Publié par une petite maison d'édition de Montpellier – Indigène éditions – l'ouvrage ne dispose d'aucune promotion médiatique. Pourtant, rapidement, ce livre de 32 pages, vendu 3 euros, devient un phénomène d'édition en se vendant à plus de 300 000 exemplaires en 3 mois17 puis à 950 000 exemplaires en 10 semaines[Quoi ?][réf. nécessaire]. En un an, le livre est traduit en 34 langues et vendu à 4 millions d'exemplaires18.
Le succès tient en partie à la figure8 de son auteur, Stéphane Hessel, né en 1917 en Allemagne d'un père juif (quoique converti au christianisme), résistant contre le nazisme, déporté àBuchenwald, secrétaire de la Commission des Droits de l'Homme19 quand celle-ci rédigea la Déclaration universelle des droits de l'homme, puis diplomate proche de la gauche20. La forme également, un format court à un prix minime, a probablement facilité sa diffusion8.
Le succès tient notamment8 au rapprochement établi par Hessel entre les idées défendues par les auteurs du Programme du Conseil national de la Résistance (engagement politique de la société civile, primauté de l'intérêt général sur l'intérêt financier, syndicalisme, solidarité des générations, etc.), et ce qui indigne Hessel aujourd'hui : existence des sans-papiers, mauvais traitement réservé à la planète, écart des richesses dans le monde8. L'ouvrage, paru le jour où la réforme des retraites est votée, semble aussi rencontrer une vague de fond de mécontentement et de malaise des Français5. « Réveil public d'un peuple qui était jusqu'à présent très passif » selon Edgar Morin5, cet engouement littéraire concrétiserait un nouvel engagement des citoyens hors des partis politiques8.
Face à l'engouement du public suivi d'une forte médiatisation presque unanimement favorable, les critiques naissent dans les médias en décembre 2010 et janvier 2011, dénonçant le statut d'icône inattaquable affecté à l'auteur21.
Le premier reproche fait à Stéphane Hessel concerne le passage de son texte consacré à la situation dans la bande de Gaza. Sur le site du Conseil représentatif des institutions juives de France, Marc Knobel écrit que « Stéphane Hessel tente de justifier, si ce n'est de légitimer le terrorisme »22.
D'autres lui reprochent de n'être pas aussi subversif que son titre, par sa proximité avec la démocratie sociale incarnée en France par Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry, une radicalité qu'il ne revendique pas21.
Pour Boris Cyrulnik, l'indignation aurait également un caractère épidermique et non rationnel, faiblesse de raisonnement que critique également Luc Ferry21 et qui s'inscrirait dans une politique de l'émotion plutôt que dans une « politique de justice »23.
Pierre Assouline voit pour sa part dans Indignez-vous un texte « dégoulinant de bons sentiments » qui s'arroge le droit de parler aux noms des idéaux de la Résistance, incite ses contemporains« à s'engager sous l’empire de l’émotion et non sous celui de la réflexion » et fait preuve d'une indignation à « géométrie variable », réservée à Israël, « pays honni »24.
L'avocat Gilles-William Goldnadel publie quant à lui en 2012 le pamphlet Le vieil homme m'indigne, dans lequel il dénonce le « vide » de la pensée de Stéphane Hessel, qu'il accuse de faire preuve dans son texte de « complaisance envers le terrorisme antisémite » et d'un esprit « pathologiquement anti-occidental »25.
Stéphane Hessel publie en mars 2011 Engagez-vous !, livre issu d'entretiens avec le jeune écrivain Gilles Vanderpooten. Cet ouvrage, plus complet, réalisé en septembre 2009 (donc avantIndignez-vous !), répond involontairement à un certain nombre des critiques adressées au premier volume.
Ce petit livre est l'un des rares ouvrages français à avoir connu en Allemagne un très grand succès médiatique avant même d'être traduit en allemand ; il est discuté dans la presse allemande26,27,28.
Les manifestations de mai 2011 en Espagne sont influencées par cet essai et les participants se sont eux-mêmes nommés les « indignés » (indignados29) en référence à l'ouvrage de Stéphane Hessel30. D'autres manifestations européennes (Athènes, Liège, Bruxelles, Paris, etc.) ou américaines (Occupy Wall Street) auraient aussi été influencées par cet ouvrage en prenant la suite des manifestations espagnoles31.
L'ouvrage a été détourné à plusieurs reprises, généralement avec le même format que l'original et avec également une trentaine de pages. Dès février 2011, sort J'y crois pas !, ouvrage écrit sous le pseudonyme d'Orimont Bolacre, publié par David Reinharc pour le compte du Parti de l'In-nocence et sous-titré « Réponse à Stéphane Hessel à la demande de Renaud Camus »32. En avril 2011, sort aux éditions 12 bis une parodie érotico-politique33 intitulée Enfilez-vous !, écrite sous le pseudonyme de Rafaël Borgia et illustrée par Luz32. Les éditions Dargaud publient Épilez-vous !, écrit sous le pseudonyme de Aristophane Aisselle33 et illustré par Pénélope Bagieu34. En octobre 2011, Oskar Freysinger, conseiller national suisse, publie avec Antifa une réponse pamphlétaire à Stéphane Hessel35.
D'autre part, Indignez-vous ! a relancé une mode du pamphlet sous forme de fascicule33. Aux éditions Buchet/Chastel, Daniel de Roulet s'indigne de la situation des centrales nucléaires dans un fascicule intitulé Tu n’as rien vu à Fukushima33.
Les Petits chanteurs d'Asnières ont enregistré en décembre 2011 un single également intitulé Indignez-vous !36, rendant hommage à Stéphane Hessel.
Tony Gatlif a réalisé un documentaire, Indignados (2012), « librement inspiré » de l'ouvrage de Stéphane Hessel.
HK & Les Saltimbanks, sur leur deuxième album Les Temps modernes (2012), chantent le titre Indignez-vous !37 en hommage à Stéphane Hessel, notamment dans le refrain : « Indignez-vous ! C'est un vieux monsieur qui vous parle, brandissant son étoile, entendez-vous ? »
Dans son album Tout tourne autour du soleil sorti en 2012, Keny Arkana a écrit une chanson intitulée Indignados, où elle fait référence aux événements des années précédentes ; le refrain dit« Indigné, lève-toi ».
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=YiDyU...
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