Je voudrais vous raconter l’étrange expérience que j’ai vécu il y a maintenant plusieurs année, et que jamais je n’ai pu oublier.

Quelques mois au paravent, j’avais rencontré un garçon dont j’étais tombé amoureuse. Ce garçon était Juif, et ne connaissant rien à ses traditions, je me mis en tête, pour mieux le comprendre, de lire l’ancien testament afin de connaitre les raisons des différentes règles qu’il suivait.

J’ai été élevé dans la religion protestante, mais dès mon enfance je n’ai jamais adhéré car j’avais beaucoup de mal à me représenter le Christ comme fils de Dieu. En grandissant, j’ai rejeté toutes les religions tout en croyant fortement en quelque chose qui pourrait être Dieu mais qu’il m’était impossible de définir.

Je me mis donc à lire l’Ancien Testament de manière très assidu, me servant de deux traductions différentes car ayant commencé par la grande bible de Tours que je trouvais très orienté, j’y ajoutais une traduction laïc. Dès le début, je me passionnais pour cette lecture et très vite, j’en vins à penser que je lisais un livre qui n’était pas pour le commun des mortels, mais un livre pour des initiés.

Je m’arrêtais sur chaque passage et y réfléchissais et j’avais l’impression qu’il se passait réellement quelque chose derrière le texte. Mon étude dura plus de deux mois à raison de plusieurs heures par jours. Je partageais souvent mes découvertes ou plutôt mes conclusions avec une jeune fille de mes amies.

Un vendredi soir, jour de Shabbat, je me retrouvais seule dans mon appartement et vers neuf heure trente, comme à mon habitude, j’allais me coucher. J’étais et je suis toujours quelqu’un qui s’endort très rapidement. Ce soir-là, le sommeil ne fut pas au rendez-vous. Je me tournais et me retournais dans tous les sens, pas la moindre envie de dormir et une impression désagréable commençais à m’envahir tant et si bien que l’idée d’une douche me parût être la solution.

Je pris donc une douche qui me comblât de plaisir et fit disparaitre ce malaise qui m’avait envahi. Au sortir de la douche, j’allais dans ma chambre pour me vêtir car je n’avais plus du tout envie de dormir. Je me retrouvais devant ma penderie ne sachant pas quoi me mettre car tous mes vêtements me paraissait dérisoires et je recommençais à me sentir très mal jusqu’au moment où je me rappelais que j’avais un peignoir de bain blanc. Je revêtis ce peignoir et aussitôt le malaise disparut. J’allais m’installer sur un coussin à même le sol, ou j’avais l’habitude de lire mes bibles depuis quelques temps. 

A peine assise, cette impression vraiment  très désagréable me reprit et je cherchais ce qui pourrait la faire disparaitre. J'eus l’idée de mettre un bâton d’encens dont j’usais régulièrement pour parfumer ma maison. Le malaise disparut aussitôt, pour être remplacé aussitôt par une étrange sensation de bien-être, effacé à nouveau quelques minutes plus tard. Je mis de la musique, du Brahms, concerto pour violon. Bien-être et malaise ce succédaient et chaque fois il fallait que je fasse quelque chose, c’était impératif. Après la musique, j’allumais une bougie, je pris un verre d’eau et enfin, je me sentie merveilleusement bien.

J’étais donc sur mon coussin, assise en tailleur, la Bible près de moi et j’étais envahi d’une impression de paix profonde. Je pris la Bible pour la lire, mais au lieu de l’ouvrir, je la posais sur mes genoux et me mis à penser à l’infiniment grand et l’infiniment petit.

Combien de temps suis-je restée ainsi, je ne saurais le dire mais tout d’un coup, je me suis retrouvée, grain de sable errant d’un l’immensité du cosmos. Je n’étais plus rien que ce minuscule grain de sable au milieu de milliers d’étoiles resplendissantes et j’étais merveilleusement heureuse de n’être plus que cela, et j’avais le sentiment de tout comprendre et de tout voir, comme si un grand secret m’était révélé.

 Je ne peux absolument pas dire la durée de cette vision mais je repris pied avec la réalité, le regard rivé à la lumière de ma bougie. A peine en avais-je pris conscience que je vis la flamme de la bougie enflée démesurément, pour atteindre la grosseur d’une assiette à dessert et se transformer en un cœur flamboyant. Je sautais sur mes pieds en renversant ma Bible et me retrouvais debout.

Le cœur flamboyant se détacha de la bougie et décrivit tranquillement un arc de cercle dans la pièce, pour se rapprocher tout doucement de moi. J’étais pétrifié. Quand il ne fut plus qu’à cinquante centimètres de moi, à la hauteur de mon propre cœur, je sus qu’il allait me pénétrer car mes bras c’était écarté pour le recevoir. A cet instant, je ne sais pas pour quel raison j’ai dit tout haut : pardonnez-moi, je vous ai imploré en vain mais je ne suis pas prête, je ne suis pas assez pure. La vision a disparu aussitôt, mais la peur ne m’a pas quitter et il m’a fallu plusieurs jours pour m’apaiser, d’autant plus qu’il me semblait interdit d’en parler à qui que ce soit. Je devais d’ailleurs attendre plusieurs années avant d’oser le raconter.

Je n’ai jamais compris ce que j’avais déclenché. Je n’ai plus jamais lu la Bible sauf pour y chercher parfois une référence mais j’essaie toujours de comprendre le phénomène inconscient qui a pu m’amener à réunir les éléments magiques qui ont provoqués les évènements de cette soirée.

Peut-être que quelqu’un parmi vous pourra m’éclairer ?

En faisant des recherches, j’ai pu assimiler l’expérience du cosmos à l’expérience mystique des athées mais sur le reste je n’ai rien trouvé.