Miséricorde
Hébreu : (rahamîm) Grec : (eleos) Latin : misericordia
La notion de « miséricorde » a connu un développement, dans notre culture, qui voile la richesse qu’elle possède dans la tradition biblique. En effet, pour nous, la miséricorde signifie la sensibilité à la misère d’autrui ou la pitié par laquelle on pardonne au coupable.
La notion biblique de « miséricorde » est beaucoup plus vaste.
Le mot hébreux rahamim est un pluriel qui signifie « entrailles ». Les hébreux considéraient que les entrailles, en tant que siège de tous les sentiments, pouvaient s’émouvoir sous le coup de la douleur ou d’une peine. C’est peut-être en ressentant des « papillons dans le ventre », comme on dit, qu’ils en étaient arrivés à considérer la miséricorde, comme un sentiment qui a son origine au sein même de la personne. La miséricorde apparaît alors comme l’attachement d’un être à un autre. Mais le terme rahamim désigne surtout l’attachement qui unit Dieu à l’être humain, comme si les « entrailles de Dieu » frémissaient en pensant à l’homme. Ainsi Dieu s’émeut avec tendresse comme un père ou une mère à l’égard de leurs enfants.
Un autre terme accompagne souvent la « miséricorde » : c’est hesed. Il s’agit de la relation qui unit deux personnes et implique la fidélité et l’obligation de venir en aide. La miséricorde unie à la fidélité devient une bonté consciente et voulue qui répond à un devoir intérieur. La personne qui agit avec miséricorde témoigne alors d’une grande fidélité à la relation qui l’unit à quelqu’un d’autre. Il en est ainsi de la miséricorde de Dieu.
Dieu manifeste sa miséricorde chaque fois qu’il vient en aide à son peuple ou à un individu. Il a alors une prédilection pour le pauvre, la veuve, l’orphelin. Ces personnes vivent habituellement dans la plus grande indigence, puisqu’elles ont perdu le soutien qui d’un mari, qui d’un père.
Pour Israël, la manifestation par excellence de la miséricorde de Dieu fut l’exode. La libération de la servitude en Égypte est le modèle de toutes les autres manifestations de la miséricorde de Dieu.
Il n’y a pas que la misère ou les malheurs de l’homme qui bouleversent Dieu. Il y a surtout la condition de l’homme pécheur. La miséricorde dans ce cas, n’ignore pas la gravité de la rupture due au péché, mais elle se traduit par la patience, la volonté ferme d’amener les humains à la conversion* et de leur accorder son pardon. En Israël, on en vient à penser que la miséricorde est un acte proprement divin. Elle est le signe de la toute-puissance de l’amour de Dieu. Seul le coeur endurci et rebelle peut limiter l’exercice de la miséricorde de Dieu.
perso
* entendons conversion comme notre retournement intérieur qui nous amène à aimer d'amour gratuit –agapè- plutôt que de juger s'il est "utile" ou "à propos" d'aimer telle ou telle personne
Les prophètes enseignent que la pratique de la miséricorde et de la tendresse entre les membres du peuple est préférable à tous les sacrifices où le coeur est absent. En raison des liens créés par l’Alliance, personne ne peut se dérober à son devoir d’amour envers le prochain.
Jésus reprendra cet enseignement des prophètes, en affirmant qu’il n’est pas venu pour les justes qui ne sentent aucun besoin de conversion, mais pour les pécheurs qui ont besoin de connaître la miséricorde de Dieu. Il ira cependant plus loin en invitant ses disciples à agir avec miséricorde à l’égard de tout être humain, même l’ennemi. Il faut être miséricordieux comme notre Père du ciel est miséricordieux. Comme lui, il faut que nos entrailles frémissent devant autrui.
C’est par la pratique de la miséricorde que les disciples de Jésus révèlent qu’ils sont en communion avec Dieu. C’est la condition essentielle pour entrer dans le Royaume.
Yves Guillemette, ptre
http://www.mere-de-misericorde-france.org/spip.php?rubrique157
Pour d'autres articles permettant de mieux définir notre relation et notre responsabilité
vis à vis de la Source, Dieu , ....
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je me permets d'ajouter à ce commentaire, cette interprétation personnelle qui découle du fait que "entrailles" correspond plus à la matrice qu'aux intestins....
ce qui me fait penser , croire et ressentir le fait que nous sommes matricés en "Dieu" , la source, le tout autre,..-appellation non controlée,..- Notre vie terrestre est une gestation une (autre) qui nous conduit au travers de différents stades - tout comme existent ceux de l'embryologie- à une autre naissance ... et que d'autre part notre mission propre -qui serait notre état au stade de notre "accomplissement" - est de devenir "matriçant" pour autrui ... Une fonction qui est déjà inscrite et fonctionnelle au niveau biologique , en devenir au niveau familial social mental....
càd être emetteur de l'énergie tendresse qui fera grandir l'Autre dans son propre accomplissement
tel le rayon de soleil par lequel se mobilisent et se déploient chacun des pétals d'une fleur.
Ceci est mon ... ressenti
mais comme chacun sait les perce-neige ne perçoivent pas les mêmes fréquences lumineuses que les tournesols et c'est ce qui fait notre richesse !
L'article est très intéressant et j'adhère à la plupart des idées, où l'on comprend "le mot miséricorde" comme un haut pardon au sens divin( comme le dit Patrick Giani ), et par évidence la plus belle forme d'amour que l'on peut manifester envers son prochain...donc petite méditation sur nos entrailles... ou au coeur de soi même.... ;-)!
Merci Pierre
Jésus a dit : "je veux la miséricorde, et non pas le sacrifice", Mt 9.13 - Le pardon à son niveau le plus élevé, celui de la Divinité, est ce que je ressens de la miséricorde. Il faut effectivement beaucoup d'humilité pour la recevoir, mais Jésus ne nous a pas demandé de nous sacrifier comme Il l'a fait.
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